Pas de pot face à Pippo-Kaka

A mi-chemin des poules de la poule aux £ufs d’or qu’est la Ligue des Champions, deux mots sur les deux matches que mon divan et moi avons regardé sans son et comme deux coqs en pâte : Anderlecht-Milan le mardi, en mangeant de la stracciatella et en écoutant Masaaki Suzuki (rien à voir avec le flop de Genk) jouer Bach au clavecin ; Chelsea-Barça le mercredi en écoutant un vieux CD de Marc Moulin ( Sam Suffy), et toujours en bouffant de cette stracciatella qui hurlait dans le congélateur pour que je vienne la délivrer. Je ne suis pas gros pour rien.

D’abord m’opposer à ceux qui râlent sur Frankie Vercauteren : faut pas confondre  » devoir défendre  » et  » jouer défensivement  » ! Le onze aligné au départ n’était pas scandaleusement composé de joueurs à vocation défensive, les offensifs mauves étaient bien là et ils ont fait ce qu’ils ont pu… Ils ont hélas moins pu que les défensifs de Milan, that’s all foot ! Après coup évidemment, vu qu’ Ahmed Hassan est bien entré, tu te dis que dès après que Daniele Bonera ait été éjecté du ground (à la suite d’une couillonnade qui nous eût fait hurler s’il eût été mauve !), on aurait pu faire entrer l’Egyptien plus tôt, pour disposer d’un second ouvre-boîtes du niveau de Mbark Boussoufa. Mouais. Faut aussi savoir que plus tu mises sur tes ouvre-boîtes (lesquels sont là pour tenter dribble sur dribble), plus les risques se multiplient de te faire flinguer en contre… surtout quand le tandem d’en face se nomme Pippo-Kaka !

C’est d’ailleurs en voulant jouer l’ouvre-boîte sans en avoir les moyens (parce qu’il manque de coup de rein), que Lucas Biglia, le petit clone mauve d’ Andrea Pirlo, fut à l’origine du contre fatal. Attention, je n’incite pas pour autant à une fatwa sur Biglia : car ils sont cinq Mauves ensuite qui laissent des boulevards à trois Milanais, et un boulevard de frappe à Ricardo Izecson Santos Leite, dont le surnom sent désormais la poudre ! La frappe est belle, laisser frapper fut ridicule.

Et, au-delà d’une défaite méritée, deux choses m’ont paru inquiétantes dans le chef mauve. D’abord qu’ Olivier Deschacht, que je trouve pourtant fort sous-estimé comme back gauche, se fasse à ce point couillonner quand il se retrouve en marquage régulier sur un attaquant axial du top : il s’en est fallu de six cheveux en première mi-temps pour que Pippo Inzaghi plante six buts ! Ensuite que parmi tous ces offensifs anderlechtois qui doivent batailler pour être dans le onze, ne se trouve finalement que Bart Goor comme vrai gaucher,… ce n’est pas René Vandereycken qui négligerait pareil paramètre !

Chelsea, maintenant. Pour dire que je ne saute toujours pas de joie depuis que José Mourinho s’est fait offrir Michael Ballack et Andriy Shevchenko par Roman Abramovic ! Au contraire de beaucoup, les deux saisons précédentes j’ai adoré le 4-3-3 de Chelsea : une défense de fer de chez fer, mais aussi une rapidité de reconversion offensive éblouissante, avec le plus souvent deux extérieurs ( Joe Cole, Arjen Robben, ou jadis Damien Duff, ou parfois Shaun Wright-Phillips) écartant pour entourer la pointe ( Didier Drogba, parfois Hernan Crespo). Aujourd’hui, pour caser les deux stars d’Ukraine et de Germanie, les deux ailiers ont disparu : de Frank Lampard à Michael Essien en passant par Ballack, tous les médians semblent se faire prier pour occuper parfois les flancs, et le 4-4-2 de Chelsea m’ennuie. Sans compter qu’à droite de la défense, Khaled Boulahrouz me semble viril exagérément…

Je termine de jaser foot et match sur la réflexion d’un septuagénaire de mes connaissances, avec lequel je jasais encore voici peu, en regagnant nos bagnoles à l’issue d’une rencontre dans mon coin. Roger, jadis footballeur et encore un peu tennisman, logorrhéique à ses heures et qui tenait le crachoir, s’est tout à coup arrêté de parler, et de marcher, pour fixer le terrain B devant lequel nous passions. Deux très longues secondes se sont écoulées avant qu’il me dise :  » Eeeh oui, Ben ! Quand tu deviens vieux, les terrains, tu dois apprendre à les regarder… « . C’était beau et triste. Il voulait me faire chialer, ou quoi ?

par bernard jeunejean

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