Pas de cinéma !

Déçu que des promesses ne soient pas tenues, Glen a quitté VVV-Venlo. Après un brillant départ, la seconde carrière de l’ancien Diable Rouge stagne. Bilan.

Glen De Boeck (40 ans) est prêt à retravailler. Si son renvoi du Beerschot l’a rendu malade pendant deux mois, c’est un homme différent qui revient de Venlo. Un homme soulagé. S’il a jeté l’éponge, ce n’est pas à cause des résultats mais parce que la structure ne fonctionnait pas.

Vous regrettez d’avoir travaillé aux Pays-Bas ?

Glen De Boeck : Non. J’en attendais davantage mais je suis heureux d’être sorti de Belgique, ce que je n’avais jamais fait comme joueur. J’ai vécu une belle expérience. Les matches sont mieux organisés, on a plus d’obligations et la vision du football est différente. Gagner 5-4 est chouette aux Pays-Bas.

Pourquoi être parti ?

Venlo a accepté certaines de mes idées mais après six mois, rien n’avait changé. La structure du VVV posait problème. Le directeur technique partageait mon avis mais le club n’était pas prêt. Il affirme vouloir retravailler avec moi plus tard.

Il y avait des disputes entre les joueurs ?

La différence de salaire entre les Néerlandais d’une part, les Asiatiques et les Africains de l’autre, était énorme et suscitait la polémique.

Des politiciens belges veulent imposer un salaire minimum plus élevé afin de limiter le nombre d’étrangers. Qu’en pensez-vous ?

Chaque système a ses avantages, ses inconvénients et ses portes dérobées. C’est une question de vision, de scouting, d’organisation. Si tout se déroule selon les règles, il n’est pas nécessaire d’introduire un salaire plancher car le club ne cherchera que de la qualité.

Le football est aussi un commerce…

Oui, au détriment de la qualité. Peut-on contourner le problème avec ce salaire plancher ? Oui. Va-t-on résoudre tous les problèmes ? Non ! Il y aura moins de joueurs mais les différences salariales continueront à peser, surtout dans les petits clubs. Je trouve malsain qu’un président investisse dans des joueurs : des personnes extérieures râlent aussi si leur footballeur ne joue pas mais quand c’est un membre du club, ça suscite des conflits.

C’est la première fois que vous êtes confronté à cette situation ?

Oui. J’ai connu des vestiaires difficiles à Anderlecht mais le noyau était mûr. Sans être amis, nous allions au feu ensemble. Le vestiaire du Cercle était fantastique. Au Beerschot, le groupe n’était pas plus uni qu’à Venlo. Un entraîneur est impuissant dans ces conditions.

 » Un entraînement ne doit pas toujours être marrant « 

Vous avez déclaré que nous n’auriez jamais dû quitter le Cercle. Vous n’êtes pas capable de travailler dans une atmosphère agitée ?

Non. Je peux travailler partout mais j’ai compris que je devais être plus clair dans mes conditions. J’ai été très déçu à deux reprises parce qu’on n’a pas respecté les accords. Si une promesse n’est pas tenue à quatre ou cinq reprises, j’ai un problème. Au début, tout n’était pas possible au Cercle non plus, mais je le savais et tout avait été convenu. Chacun a tenu parole. Dans ces conditions, il est agréable de travailler ensemble.

Le Cercle a ensuite jugé votre équipe trop chère…

Oui, mais cette étape était indispensable pour permettre aux jeunes de s’épanouir. Nous devions prester, attirer sponsors et supporters. Il fallait investir. Sommes-nous allés trop loin ? Peut-être mais regardez comment le Cercle se porte ! D’ailleurs, tout a été décidé en accord avec l’ensemble du conseil d’administration : les objectifs, les moyens…

On vous dit très exigeant et distant. Qu’en est-il ?

Cette image est fausse. Je ne suis pas distant. Différent de Bob Peeters, oui. J’estime qu’il est de mon devoir d’être exigeant, professionnel. Je l’étais déjà quand je jouais. Distant ? Non. Il faut pouvoir rire et s’amuser mais il faut aussi travailler. J’ai réussi une très belle carrière de joueur, j’ai bien gagné ma vie et j’ai acquis un certain statut social. Je pense être correct, envers moi-même, mon employeur et mes joueurs.

Un entraîneur ne doit-il pas être proche de ses joueurs ?

La relation doit être saine et professionnelle. Un entraînement ne doit pas toujours être amusant : il doit être fonctionnel, apprendre quelque chose. Et je veux retrouver en match ce qui a été enseigné en semaine. L’objectif est la victoire. Nous pouvons accomplir de grands progrès sur les plans mental, physique et technique. C’est pour ça qu’il faut répéter les exercices. Le physique est plutôt individuel. Avez-vous vu Vincent Kompany ? Ce n’est pas en jouant à la Playstation qu’il a acquis ce gabarit.

Vous avez essuyé quelques claques. Comment supportez-vous ces revers ?

J’ai 40 ans, l’âge que je m’étais toujours fixé pour devenir entraîneur principal. Les circonstances ont précipité ma seconde carrière et je considère ces cinq années comme une belle expérience. De grands coaches comme van Gaal ou Hiddink ne sont pas devenus entraîneurs en chef avant la quarantaine. Ma carrière a été un grand succès puis j’ai pris une décision, en fonction de paramètres que j’ai gardés pour moi-même.

 » Je refuse de me coller un masque sur la figure « 

Vous n’avez pas le sentiment de vous être fait des ennemis par votre style direct ?

Je sais que la popularité est importante en football, même si ce n’est qu’une façade, mais je refuse de me coller un masque. On m’aime ou on ne m’aime pas, peu m’importe. Je n’ai pas envie de faire du cinéma pour obtenir ce que je veux. J’accorde une chance, voire deux à chacun mais il ne faut pas se moquer de moi. Je ne suis pas de ceux qui se baladent un sourire collé sur la figure comme si tout allait bien. Quand quelque chose ne va pas, on le remarque. C’est peut-être rare mais je suis ainsi fait et je ne vois pas pourquoi j’aurais des ennemis à cause de mon comportement. Je suis ouvert et franc.

Frederik Boi a jugé que vous l’aviez laissé tomber, vous avez traité Jos Verhaegen de menteur… Vous n’épargnez pas les gens.

Quand un joueur s’endort, il faut prendre une décision. Je croyais en Boi mais il n’était pas assez pro. Et j’ai dit la vérité à propos de Jos et pas après un ou deux incidents. Je devrais être plus diplomate ? Comme en politique ? Trouver des compromis est bien à condition qu’ils soient bons et pas trop fréquents. Si le fossé est trop grand, mieux vaut le dire.

PAR PETER T’KINT

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