Pas de caviar sur terrain gras

John Baete

Les doutes qui ont plané sur le coaching de Robert Waseige après le match loupé en Croatie ont été congelés samedi dans la glacière du Heysel. Plutôt que de seulement voir le 1-0 final au marquoir, il faut se souvenir, par exemple, des deux belles occasions manquées de la tête par Wesley Sonck qui les plaça sur le torse de Pavel Srnicek.

Pas pour la « maladresse » de l’ex-joueur du RWDM, mais pour la qualité de chacune des phases qui l’ont mis en position. Et pour sa présence au bon endroit, au bon moment. C’était le fruit de belles actions. Les Diables s’en sont créé d’autres (avec Johan Walem à la conclusion aussi) et on est d’accord avec le sélectionneur fédéral quand il dit que son équipe « a été gênée par le mauvais état de la pelouse à onze contre dix ».

Forcément, on ne prend pas d’assaut une équipe amoindrie avec des longs ballons dans le rectangle. Car où est la différence s’ils atterrissent dans une défense à neuf au lieu de dix? En supériorité numérique, il faut combiner plus juste et plus vite pour mettre l’adversaire hors position. Difficile samedi sur cette pelouse ravagée.

Les Belges n’y sont pas parvenus, mais ils ont dominé leur adversaire. Grâce à l’exclusion de Tomas Repka? Non, ce serait bien trop réducteur. Par moment bousculés quand les Tchèques accéléraient le jeu en première mi-temps, les Diables ont surtout très bien contrôlé le jeu après le repos. Parce qu’il était vital de ne pas encaisser de but. Waseige: « En seconde période, sur un contre après un coup-franc pour nous devant le but tchèque, on s’est retrouvés en situation de un contre un dans notre défense. J’ai eu très peur. Pour le reste, on a été intelligents. Ce score nous renforce psychologiquement ».

Et comment. Pourtant, les nouvelles options du coach firent se froncer plus d’un sourcil au cours de la semaine. Mais le plus important ne fut pas que son 3-5-2 se mua assez rapidement en 4-4-2 sur le terrain quand les Tchèques jouèrent finalement avec deux attaquants. Ce qui frappa plutôt, ce furent les prestations des joueurs de Bruges qui aidèrent à une bonne souplesse tactique et à neutraliser l’entrejeu tchèque. Le caractère? Il ne posa aucun problème. Quel est le pro qui ne brûle pas d’envie de jouer un match de barrage pour le Mondial?

C’est vrai, l’apostrophe de Waseige à l’égard de son groupe (« Que celui qui n’est pas motivé rentre chez lui! ») en début de semaine nous a fait sourire. Car n’est-ce pas son rôle, précisément, de sélectionner les gens au profil mental idéal? Mais d’un autre côté, Johan Walem affirme que les discussions de Waseige ont mis tous les joueurs dans d’excellentes dispositions.

Dès lors, plus question de bouder son plaisir. Il y a toujours de la vie et de l’espoir. D’autant que l’équipe de Tchéquie est au moins aussi touchée par les blessures que la nôtre et que Koller nous a fait un beau cadeau en étant suspendu à deux reprises. Quant à Rosicki, Jozef Chovanec n’était pas certain de l’aligner mercredi. Il voulait tout d’abord savoir où en étaient ses blessés.

Et puis, si tous les Diables se montrent aussi rusés que Gert Verheyen sur son but (vous voyez ce que je veux dire…), ils confirmeront leurs prédispositions à se jouer des barrages. Waseige se réjouissait après le match: « On a été tout, sauf naïfs ». Malin, va!

John Baete

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