Pas de bélier

En prélude à la visite d’Anderlecht, le Diable Rouge nous emmène pour une plongée dans l’univers de Gerland.

Les amateurs de football européen peuvent à nouveau s’en donner à c£ur joie. La Ligue des Champions a repris ses droits, et son plateau de participants comportera pour la deuxième fois d’affilée deux équipes belges. Bruges a ouvert le bal hier soir contre le Celta Vigo. Anderlecht entrera en scène ce soir, sur la pelouse de Gerland, où les attend un certain Eric Deflandre.

Comment avez-vous réagi lors du tirage au sort, en apprenant que le premier match de la poule vous opposerait à Anderlecht ?

EricDeflandre : J’étais content de rencontrer un club belge. Que ce soit Anderlecht ou Bruges, c’était l’un de mes souhaits. J’avais déjà affronté les bleus et noirs précédemment avec Lyon. C’était sans doute plus spécial pour moi que le Sporting, puisque j’ai porté le maillot du club flandrien pendant plusieurs années. Lorsque j’étais revenu au stade Jan Breydel, j’avais d’ailleurs été très chaleureusement accueilli par les supporters brugeois. Les supporters anderlechtois me réserveront sans doute un tout autre accueil. Mais je connais beaucoup de joueurs du noyau bruxellois et j’en ai d’ailleurs côtoyé certains en équipe nationale, pas plus tard que la semaine dernière.

Et au sein du groupe lyonnais, comment le tirage a-t-il été accueilli ?

On prend Anderlecht très au sérieux. On considère logiquement le Bayern Munich comme le favori du groupe, mais on sait que les trois autres équipes se valent. La victoire arrachée par les Bruxellois à Bordeaux, la saison dernière en Coupe de l’UEFA, incite au respect et à la méfiance. Les Lyonnais, qui affrontent les Girondins chaque saison en championnat de France, savent à quel point il est ardu de s’imposer au stade Chaban-Delmas.

Vos coéquipiers français vous ont-ils questionné à propos du Sporting ?

Pas vraiment. Ils n’en ont pas eu l’occasion. J’ai passé dix jours en équipe nationale, et le week-end dernier, il y avait un match très important contre Auxerre en championnat de France qui focalisait toute l’attention.

Qui craignez-vous particulièrement dans l’équipe anderlechtoise ?

Personne en particulier. Peut-être Aruna Dindane, qui est capable de faire la différence lorsqu’il est en forme, mais c’est surtout le bloc anderlechtois dans son ensemble qui est très solide.

Elber est arrivé du Bayern

On peut supposer que, dans son plan de campagne, le staff de l’OL a prévu une victoire pour le match de ce soir ?

C’est clair. Lyon nourrit des ambitions dans cette Ligue des Champions, et dans cette perspective, il est préférable d’engranger directement les trois points à domicile.

Lyon possède le plus gros budget du championnat de France : 110 millions d’euros, soit quatre fois plus qu’Anderlecht.

Cela ne signifie rien, c’est sur le terrain qu’il faut forger des résultats. Malgré ce budget impressionnant, je peux vous assurer que les dirigeants lyonnais ne commettent pas de folies. Ils ne dépassent jamais les limites qu’ils s’étaient fixées, dans leurs dépenses.

Ce budget permet néanmoins de s’offrir quelques beaux cadeaux, comme l’engagement de Giovane Elber.

Nous avions besoin d’un joueur de ce type pour compenser le départ de Sonny Anderson. Giovane Elber est un attaquant qui a l’habitude de marquer beaucoup de buts. Il devrait nous être très utile dans ce domaine. J’ai déjà eu l’occasion de le côtoyer, mais pas tellement de converser avec lui : il ne parle que le portugais et l’allemand.

Il adore les plaisanteries et a déclaré, lors d’une émission de Télé-Foot, qu’il avait déjà repéré quelques joueurs  » intéressants  » dans l’effectif lyonnais, qui pourraient être ses premières victimes. Pensez-vous faire partie du lot ?

( Ilrit). C’est fort possible. Mais cela ne me dérange pas. Moi aussi, j’adore les plaisanteries. Nous devrions bien nous entendre.

Presque toujours en 4-5-1

Qu’a changé l’entraîneur Paul Le Guen lorsqu’il a succédé à Jacques Santini, devenu sélectionneur de l’équipe de France ?

Il a apporté des petites modifications, comme chaque entraîneur qui arrive. Par exemple, Vikash Dhorasoo joue désormais davantage dans l’entrejeu et l’équipe évolue le plus souvent avec deux demis défensifs. Pour le reste, Paul Le Guen a simplement continué le très bon travail accompli pendant deux ans par Jacques Santini. Il parle beaucoup avec les joueurs, surtout avant le match. Il travaille beaucoup la tactique et est bien aidé par son adjoint, Yves Colleu.

Jouez-vous toujours en 4-5-1 ?

Souvent, oui. Un dispositif en 5-3-2 a parfois été essayé, mais l’expérience fut peu concluante.

Comme seul attaquant de pointe, Peguy Luyindula était apparu bien esseulé lors du match d’ouverture du championnat de France, à Lille.

C’est vrai, mais à sa décharge, il faut reconnaître que les autres secteurs de l’équipe l’avaient un peu abandonné à son sort.

L’arrivée de Giovane Elber incitera-t-elle l’entraîneur à aligner deux attaquants ?

Je ne le pense pas. Je crains, pour Peguy Luyindula, qu’il ne fasse les frais de l’arrivée de l’ancien Brésilien du Bayern Munich : il n’a pas encore marqué depuis le début de la saison.

Où en est Sidney Govou, qui s’était blessé lors d’un match amical contre le PSV Eindhoven à Séoul, lors de la période de préparation ?

Il a repris les entraînements. Il était prévu qu’il se teste lors d’un match amical disputé voici dix jours, pendant la trêve de l’équipe nationale. Il pourrait éventuellement rejouer contre Anderlecht. Mais il risque, forcément, de manquer un peu de compétition. Généralement, lorsqu’il est disponible, il joue sur le flanc droit, devant moi. Pendant sa convalescence, c’est Juninho qui a occupé ce poste, mais le dispositif n’a pas changé.

Caçapa s’est blessé

Depuis le début de saison, Jérémie Bréchet et Philippe Violeau ont déjà quitté le club. Pour quelles raisons ?

Ils ne jouaient plus, tout simplement. L’entraîneur ne faisait plus confiance à Jérémie Bréchet, ni à gauche, ni dans l’axe. Il a demandé à partir et a trouvé de l’embauche à l’Inter Milan. Philippe Violeau était titulaire lors du premier match à Lille, mais a été retiré du jeu à la mi-temps et n’est plus réapparu, depuis lors. Il était relégué au rang de quatrième demi défensif, un statut dont il ne pouvait pas se contenter. Il est parti à Auxerre. Forcément, leur départ a un peu déforcé l’effectif, mais je ne me fais pas trop de soucis : au niveau de l’entrejeu, nous sommes parés. Je suis plus ennuyé par la récente blessure de Claudio Caçapa : il ne reste plus que José Edmilson et Patrick Müller comme défenseurs centraux.

Eric Carrière et Vikash Dhorasoo ne sont pas toujours titulaires : cela en dit long sur la richesse de l’effectif lyonnais…

Vikash Dhorasoo a retrouvé sa place. Eric Carrière, pas encore : il entame souvent les rencontres sur le banc, car l’entraîneur lui préfère Florent Malouda. Il avait pourtant été élu Footballeur Professionnel de l’Année en France, voici deux ans. C’est vrai, Lyon possède une belle équipe. Je pense qu’il y a moyen de réaliser de grandes choses avec un tel effectif.

Lyon ambitionne logiquement un troisième titre d’affilée. Le début de championnat, pourtant, a été en demi-teinte…

Nos prestations furent irrégulières. Nous avons été battus à Lille après une prestation décevante, puis à Guingamp où le terrain était gorgé d’eau. Par contre, nous avons livré des prestations de grande qualité contre Monaco et Montpellier. Nos matches de préparation avaient aussi été très bons.

Doit-on en déduire que l’OL est à l’aise lorsqu’il peut affronter une bonne équipe qui pratique à visière découverte, mais éprouve des difficultés lorsqu’il bute contre une défense renforcée ou lorsque l’état de la pelouse ne lui permet pas de développer son jeu ?

Il y a sans doute une part de vérité dans cette déduction. Lyon est une équipe technique, qui aime faire circuler le ballon mais ne possède pas un bélier capable de défoncer un mur de béton. Nos milieux de terrains sont de très bons footballeurs, mais ils se montrent peu présents devant le but. On éprouve aussi des difficultés lorsqu’on doit passer dans l’axe : on préfère déborder par les flancs.

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