Pas d’OFFRE

Loué l’an dernier, le coach va quitter un club mal en point.

Il y a un an, spontanément, tous les joueurs louangèrent Emilio Ferrera : ses analyses vidéo et son occupation de terrain valurent une cinquième place au Lierse. L’entraîneur allait bientôt pouvoir faire ses preuves dans un grand club. C’est à ce moment que le Lierse a été contraint, financièrement, de modifier son cap.

Le Lierse a flirté avec la zone rouge alors qu’il y a un an, il avait rêvé de Ligue des Champions !

Emilio Ferrera : Les problèmes du club émergent mais ils ont eu une influence sur le fonctionnement de l’équipe dès le début de la saison. La première année est toujours facile pour un entraîneur : il cherche des solutions aux problèmes qu’il voit. Ensuite, il construit mais ça n’a pas été possible.

Le Lierse visait le subtop mais vous affirmiez espérer davantage.

Arouna Kone et Stein Huysegems n’étaient pas encore partis. Ensuite, dans combien de matches avons-nous été balayés ? Un seul. Nous n’avons pas été faibles. Il nous a toujours manqué un petit rien. Pourquoi l’arbitre nous accorde-t-il un penalty à Charleroi avant de revenir sur sa décision ? Pourquoi ratons-nous autant d’occasions ? Je n’ai pas de réponse.

Les compliments ont fait place aux critiques.

A mon arrivée, le Lierse avait pris plus de 60 buts, il était 15e et son noyau comptait sept attaquants. J’ai voulu lui apprendre à défendre et à gagner. J’ai effectué des choix en conséquence. J’ai renvoyé Archie Thompson dans le noyau B. Trésor Empoke et Stijn Janssens étaient trop faibles. Un an et demi plus tard, le Lierse sait défendre. Mon successeur aura un noyau équilibré, auquel il faudra simplement apporter quelque chose en pointe, puisque Gilles De Bilde et Geir Frigaard partent.

Vous étiez heureux de travailler au Lierse.

En effet mais je voulais travailler à partir du noyau existant. Si j’étais 13e avec ce groupe-là, vous pourriez me montrer du doigt. Je ne suis pas responsable du changement de vision du club, pour lequel la vente des meilleurs joueurs est devenue prioritaire après le premier tour de l’an passé.

Est-ce le cas, selon vous ?

Je le ressens de la part des supporters et de l’entourage du club mais je suis professionnel. Je ne cède pas à l’émotion. Si j’examine la situation de départ et l’actuelle, mon bilan n’est pas mauvais. Les joueurs ont progressé individuellement. Kone était le septième avant. Adolph Tohua était la vedette aux yeux de tous mais j’ai immédiatement compris que Kone était bourré de talent et je l’ai rapidement intégré. Ce n’était pas mal vu, non ?

Les quatre avants ont un mauvais bulletin

De Bilde et vous-mêmes avez eu une algarade. Vous le vouliez mais il vous a déçu.

Gilles ne coûte rien au Lierse. Nous venions de vendre deux avants, c’était le dernier jour des transferts. C’était De Bilde ou rien.

Qu’a-t-il apporté au Lierse ?

Rien. Un joueur qui ne veut pas progresser ne m’intéresse pas, qu’il s’appelle De Bilde ou Cliff Mardulier, qu’il ait 16 ou 30 ans.

Avec ses capacités, il pourrait rendre le Lierse meilleur ?

Nous ne devons pas juger les gens sur leurs capacités mais sur la façon dont ils les exploitent. Mais si nous évaluons les transferts, nous devons aussi prendre en compte les joueurs offensifs qui étaient là avant moi. Ce sont les chiffres qui comptent : le nombre de buts, d’assists, de tirs au but. Les quatre avants ont un mauvais bilan.

Le parcours du Lierse ne correspond pas à vos ambitions.

Tout ce que je veux, c’est améliorer les joueurs, leur apprendre à fonctionner ensemble. Le plus beau compliment qu’un joueur puisse me faire, c’est dire que je lui ai appris quelque chose.

Vous avez obtenu ce que vous vouliez : un staff élargi et un suivi médical.

Faux. Avant, le Lierse avait un entraîneur principal, un adjoint, un entraîneur technique, un chargé de la condition et un pour les gardiens. Nous ne sommes plus que deux : Rik Van de Velde et moi.

Et Patrick Deman ?

Il est troisième gardien.

Il s’occupe aussi des vidéos. Il y a encore Eric Van Meir.

Je ne l’ai pas demandé. Jean-Michel Lecloux est parti au bout de trois mois car on n’a pas besoin d’un entraîneur professionnel pour le noyau B, dont les joueurs ne peuvent s’entraîner en journée. Le staff médical n’est pas plus cher qu’avant non plus. On dit qu’Emilio coûte cher. C’est faux, comme la rumeur selon laquelle je ne parle pas aux sponsors. J’ai un bon contact avec eux. J’ignore pourquoi le président raconte tout ça.

Crasson est un gagneur

Gaston Vets vous a choyé comme peu d’entraîneurs.

Le Lierse est un club idéal à entraîner et Vets est un bon président mais je ne comprends pas ses déclarations. Je comprends qu’il préfère que je parte mais pas qu’il affirme que Van Meir est le successeur idéal. Ça ne facilite pas la tâche d’Eric, ni la mienne, ni celle des joueurs qui se demandent ce qui se passe.

Vous vous êtes compliqué la vie apparemment : l’année dernière, vous n’avez pas rendu le document vous octroyant une prolongation de contrat.

Mais pourquoi le président n’a-t-il jamais réclamé le papier ? Avec lui, je n’ai pas besoin de contrat pour me sentir en sécurité. Alors que nous allions en parler, en Espagne, il a appris que Football Fanatics mettait fin à son sponsoring. Il avait d’autres problèmes que mon contrat. Ceci dit, les signaux sont clairs : je ferai de mon mieux jusqu’au dernier jour puis ce sera fini. Mais je voudrais avoir la chance de mener mon projet à terme.

Combien de gagneurs avez-vous ?

Trop peu. Ce ne sont pas toujours ceux qui tapent du poing sur la table qui le sont. Bertrand Crasson est très critiqué mais sans lui, nous avons perdu en encaissant plusieurs buts. Son concurrent direct n’a marqué ou délivré un assist qu’une fois… Et que fait le gardien Mardulier après le match contre Mons ? Il impute le premier but à l’état du terrain. Quand certains découvrent qu’ils ont six sur dix dans le journal, ils sont soulagés : personne n’a vu qu’ils avaient mal joué. Maintenant, ils ont des excuses mais la saison prochaine, je ne serai plus là, pas plus que De Bilde, et la pelouse sera impeccable. Un joueur doit vouloir se dépasser. Un gagneur ne fait pas de différence entre un match et un entraînement. Un perdant ne montre jamais en match ce dont il est capable à l’entraînement.

Le Lierse vous dit très ambitieux mais les clubs ne font pas la file. N’auriez-vous pas dû partir il y a un an ?

Malgré ma deuxième place au referendum des entraîneurs et notre belle saison, je n’ai reçu aucune proposition ! Non que ça me mette à plat. Les clubs n’ont pas à opter pour un entraîneur qui est in the picture mais pour quelqu’un qui leur convient. Les clubs pour lesquels j’ai travaillé me disent trop professionnel. C’est un compliment. Selon les normes belges, cependant, le Lierse est un bon club.

Quelles fautes avez-vous commises ?

Titulariser De Bilde à Lokeren, par exemple. Il m’arrive de choisir une mauvaise stratégie, comme l’année dernière à Beveren. Je sais assumer mes responsabilités. Quand mes joueurs commettent des erreurs individuelles, je dois me demander quelle est ma part de responsabilité.

Geert Foutré

 » Ce que DE BILDE A APPORTÉ au Lierse ? Rien « 

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