Pas CLEAN

Christophe Rochus se lâche… sans preuve.

Manifestement, l’expérience désastreuse qu’a vécue Filip Dewulf quelques jours après la victoire de Justine Henin à l’US Open 2003 n’a pas servi de leçon pour les joueurs belges. On se souvient que le Limbourgeois avait laissé entendre que le développement musculaire de la première joueuse mondiale était étonnant et qu’il ne serait pas surprenant que Justine ait eu recours à des substances diverses pour aider ses muscles. Dewulf n’avait pas fait mention de dopage mais ceux qui avaient bien voulu lire entre les lignes avaient compris le sous-entendu. Par la suite, l’ex-champion de Belgique s’était plus ou moins rétracté mais le doute avait été insinué.

La semaine dernière, c’est Christophe Rochus qui s’est répandu en attaques féroces dans la presse belge vis-à-vis de ses collègues de travail. Et il n’y va pas par le dos de la cuiller. Morceaux choisis :  » Quand Agassi dit qu’il pense jouer contre des gens clean, que ce sport est propre, ce ne sont que des conneries. Et puis, vous avez John McEnroe qui avoue avoir pris des stéroïdes trop forts même pour les chevaux mais ajoute qu’il n’en savait rien : il se fout de qui ? »

Et l’Auvelaisien d’ajouter qu’il avait déjà signalé il y a trois ans que les Argentins se dopaient et que, aujourd’hui, trois d’entre eux û Coria, Chela et Puerta û ont été contrôlés positifs. Il va même plus loin en concluant son entretien en jetant l’opprobre sur Ivan Lendl :  » Et Lendl, alors, il a sans doute joué toute sa carrière en ne buvant que de l’eau ? »

Les propos du troisième joueur belge sont choquants. Car il est un peu facile d’avancer que le tennis n’est pas propre mais d’ajouter très rapidement que, si une partie des joueurs se dope, lui, Rochus, n’a jamais eu la moindre occasion d’acheter des produits dopants. Autrement dit : il sait que beaucoup de joueurs prennent des produits illicites mais jamais on ne lui en a proposé !

Notre propos n’est pas d’affirmer que le tennis est propre. Comme dans tous les sports professionnels, il y a des tricheurs et des honnêtes compétiteurs sur le circuit tennistique. Ce qui nous révolte, c’est que Rochus attaque sans le moindre début de preuve.

Mettons-nous dans la peau de journalistes suisses ou anglais. Et analysons le match de Xavier Malisse face à Roger Federer il y a quelques années en Coupe Davis. Paralysé par les crampes, rampant presque, Malisse a fini par s’imposer alors qu’il était à l’agonie. Les Suisses n’auraient-ils pas pu se poser des questions ? De même, Olivier û le frère de Christophe û , avec son gabarit léger, a réussi à Wimbledon des matches marathon époustouflants, parvenant même à multiplier des matches consécutifs en quatre ou cinq sets et à les emporter alors qu’on le croyait vidé. Des Anglais n’auraient-ils pas pu s’interroger sur ses capacités de récupération ? Ils ne l’ont pas fait, et ils ont eu raison.

Et les paris ?

Dans un autre registre que le dopage, il a été dit, assez régulièrement, que certains joueurs ne manquaient pas de parier sur le tennis dans des agences spécialisées. A tel point que l’ATP a été obligée d’envoyer une lettre à tous les tennismen pour leur interdire cette pratique qui mettait à mal l’intégrité même d’un match ; un joueur pouvant gagner davantage en se laissant battre qu’en gagnant la partie… De nombreux noms de joueurs ont été cités û dont celui de Belges û mais, sans preuve, ni l’ATP, ni les journalistes n’ont été plus loin dans leurs démarches. Là encore, ils ont eu raison.

Christophe Rochus devrait prendre exemple sur ces cas car, à force d’accuser sans avancer d’arguments tangibles, il va finir par faire planer le doute sur l’ensemble de la profession et, donc, sur lui-même. Et puis, surtout, attention de ne pas partir du principe que, dans le sport, tout le monde se dope sauf les Belges. Car cela voudrait dire que nos compatriotes sont vraiment tombés dans une marmite de potion magique bébés, puisque, dans un monde qui serait fait de dopés, ils parviennent à tirer leur épingle du jeu…

L’ATP et la WTA, sont en train de prendre le chemin de la lutte contre le dopage. Sans conviction, certes, mais ils le font. Il est indispensable de les laisser faire sans jeter sans cesse des pavés dans la marre.

Bernard Ashed

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