Partir comme un voleur ? Jamais

L’attaquant international repartira à l’étranger, c’est une certitude. Mais dans les règles de l’art.

Partira, partira pas ? Et quand ? C’est la question qui revient régulièrement sur toutes les lèvres. Mbo Mpenza est sans doute trop bon pour jouer à Mouscron. Mais, même si le club n’écarterait pas une bonne offre, le marché n’est plus aussi florissant qu’autrefois et vendre à un bon prix n’est plus aussi évident. L’attaquant international s’en est fait une raison et affirme que la perspective de demeurer au Canonnier ne le rend pas amer.

La bonne surprise, pour les supporters de l’Excelsior, n’en est peut-être pas une pour vous : vous êtes toujours là…

MboMpenza : Comme je l’avais déjà déclaré en fin de saison dernière : si je dois partir, ce sera pour une équipe européenne, au sein de laquelle je pourrais franchir un pas supplémentaire sur le plan sportif. Pas question de sauter sur la première offre venue ou de retourner dans un club turc, par exemple, où je risque d’être à nouveau confronté à des problèmes administratifs. C’est vrai, j’ai eu des contacts, mais ils ne se sont pas concrétisés. Alors, je ne suis pas amer à l’idée d’encore rester une saison, voire deux, à Mouscron.

On a parlé de Lens, à un moment donné. C’eut été l’idéal pour vous, puisque vous occupez désormais un appartement dans le nord de la France…

Un journaliste m’a appris que le club nordiste s’intéressait à moi. Des joueurs lensois m’ont confirmé que mon nom avait été cité. Mais, d’après ce que j’ai entendu, il fallait d’abord dégraisser le noyau.

C’est possible, ce n’est pas à moi à le dire. Mais on sait que le marché est bouché, pour l’instant. Les transactions deviennent rares, les clubs n’ont plus les moyens d’acheter.

Vous ne restez donc pas à Mouscron à contrec£ur ?

Pas du tout. Je me retrouve dans un club où je me plais, et où j’ai la certitude de jouer, ce qui n’est pas sans importance dans l’optique de l’équipe nationale, qui me tient particulièrement à c£ur. J’étais revenu pour cela, en décembre 2001, et bien m’en a pris puisque j’ai eu l’occasion de participer à la Coupe du Monde 2002. Mais, maintenant que l’objectif a été atteint, je ne veux pas partir comme un voleur. D’une certaine manière, j’ai aussi une dette envers ce club qui m’a relancé.

On sait que le club ne refuserait pas une bonne proposition. D’ores et déjà, certains affirment que puisqu’on n’a pas pu vous vendre en juin, vous partirez en janvier…

Personnellement, je ne pars pas de ce principe-là. Si une offre concrète parvient au secrétariat, et qu’elle m’agrée en même temps que le club y trouve son compte, je l’examinerai. Mais, en cas contraire, ce n’est vraiment pas une corvée d’encore devoir porter le maillot de l’Excel. Un nouvel entraîneur est arrivé. Quelqu’un que je connais bien, que j’ai côtoyé au début de ma carrière. La perspective de retravailler avec lui m’a aussi incité à rester.

Leekens va remettre de l’ordre

Avez-vous retrouvé Georges Leekens tel qu’il était lorsqu’il a quitté le club, en janvier 1997 ?

Il a six ans de plus, mais à part cela, il n’a pas changé. Il crie lorsque c’est nécessaire, il remet de l’ordre. Il est l’homme qu’il fallait au club après la période catastrophique vécue la saison dernière. Lorsqu’il parle, tout le monde l’écoute. Personne n’oserait lui tourner le dos ou discuter avec un copain. Je n’oserais pas affirmer que certains tournaient le dos à Lorenzo Staelens, mais il ne faisait sans doute pas aussi… peur que Georges Leekens. Lorsqu’il criait, c’est parce qu’il n’y avait plus moyen de faire autrement. Aujourd’hui, l’entraîneur serre la vis dès le départ. Certains jeunes sont stressés rien qu’en le voyant.

Quelles sont les premières mesures qu’a prises Georges Leekens lors de son arrivée ?

Il nous a clairement expliqué qu’il n’était plus question d’encaisser 60 buts. La saison dernière, nous avons commis des erreurs qu’on n’aurait pas pardonné à un gosse de six ans. Lors des premiers entraînements, il a donc surtout mis l’accent sur le travail défensif et sur… les phases arrêtées, un autre de ses chevaux de bataille. A juste titre, car dans le football moderne, beaucoup de buts sont inscrits sur phase arrêtée. Pour certains, c’est nouveau. Ils doivent donc assimiler ces données. Mais j’ai l’impression que le travail de Georges Leekens n’a pas tardé à porter ses fruits : lors des matches amicaux, Francky Vandendriessche et Christophe Martin n’ont pas dû se retourner une seule fois. Lorsqu’on se souvient de la perméabilité de notre défense la saison dernière, c’est presque un miracle. Une assise défensive a donc déjà été trouvée, alors que de nombreux joueurs ont été mis à l’essai et que, forcément, les automatismes manquent encore. C’est de bon augure. Lorsqu’ils savent que la défense est solide, les médians et les attaquants peuvent évoluer de façon plus libérée. C’est ce que souhaite l’entraîneur : plus de rigueur. Il nous demande aussi d’être plus méchants, car la saison dernière, nous étions trop gentils. Les adversaires avaient parfois joué avec nos pieds. Sur le terrain, il faut montrer qui est le patron. Les autres équipes doivent craindre le déplacement au Canonnier. L’an passé, elles s’en réjouissaient, c’était presque trois points assurés pour elles.

Quels souvenirs gardez-vous de la saison dernière ?

Les six premiers mois avaient été bons. Puis, est survenue cette blessure à Overpelt, en Coupe de Belgique. A partir de là, tout a foiré. Ce fut une saison pourrie pour tout le monde. Pour le club, pour moi, pour d’autres joueurs. Les blessures se sont accumulées, les suspensions également. Lorenzo Staelens, qui débutait dans le métier, a fait ce qu’il pouvait, mais le résultat, il faut bien l’avouer, fut catastrophique.

A quoi attribuez-vous les échecs du deuxième tour, alors que la première moitié de saison avait figuré parmi les meilleures dans l’histoire de l’Excel ?

Aux blessures, principalement. A cause d’elles, l’entraîneur n’a jamais pu aligner la même équipe deux semaines d’affilée. Le manque de stabilité s’est payé cash. De nombreux jeunes ont fait leur apparition. On en a sans doute aligné trop en même temps. Individuellement, ils avaient tous des qualités, mais l’expérience est une donnée essentielle qui nous a cruellement fait défaut. Je me souviens de certains matches où la défense avait 20 ans de moyenne d’âge. Au plus haut niveau, cela ne pardonne pas. Nous avons encaissé six buts à domicile face au GBA : c’est inadmissible. Je m’en souviens d’autant mieux que c’était le match où j’effectuais ma rentrée après blessure. Chaque occasion était convertie en but par les attaquants anversois. Personnellement, j’étais sans doute revenu un peu trop tôt : je n’étais pas à 100 % et l’équipe ne tournait pas. C’était difficile. D’une certaine manière, ce sont les Diables Rouges qui m’ont rassuré : les deux matches disputés avec l’équipe nationale m’ont fait un bien fou.

Retrouver la stabilité

Comment voyez-vous cette saison-ci ?

J’estime que nous possédons une bonne équipe. Elle n’a pas énormément changé, par rapport à celle d’il y a deux ans. J’espère surtout que nous trouverons une stabilité défensive et que nous serons épargnés par les blessures. Si nous pouvions jouer, ne serait-ce que cinq ou six matches d’affilée avec la même équipe, nous aurions déjà fait un grand pas. On répète souvent qu’une équipe stable, évoluant dans un système de jeu bien défini, réalise un bon championnat, mais c’est la vérité : nous l’avons démontré par l’absurde la saison dernière. A force de changer, contraint et forcé, nous avons perdu la confiance et les points de repère. Nous devons trouver le système de jeu qui convient aux joueurs présents.

Vous avez joué la plupart des matches amicaux dans un dispositif en 4-3-3…

Effectivement. Parfois, nous avons essayé le 4-4-2 également. En 4-3-3, je joue à droite, comme en équipe nationale. On sait que j’avoue une préférence pour le poste d’attaquant de pointe, mais l’individu n’est pas important. Si je rends davantage de services à l’équipe en évoluant à droite, je m’y plierai.

Physiquement, vous avez retrouvé toutes vos sensations ?

Touchons du bois : je ne ressens plus la moindre gêne.

Avez-vous suivi un programme spécial durant l’été ?

Gil Vandenbrouck m’avait, effectivement, concocté un programme qui comprenait beaucoup de musculation. Je l’ai respecté à la lettre. A St-Martin, dans les Caraïbes où j’ai passé mes vacances, les gens me prenaient pour un fou, en me voyant fréquenter la salle de musculation et sprinter comme un forcené sur une petite piste de 50 mètres. J’étais en bonne compagnie là-bas : David Trezeguet, Paolo Maldini et la famille Kluivert avaient choisi la même destination. J’ai croisé sa femme et ses enfants, mais pas Patrick. David Trezeguet, lui, est arrivé le jour où je partais.

Quelle place faudrait-il obtenir pour considérer la saison comme réussie ?

Il faudrait au moins terminer dans la première partie du classement. Sans, pour autant, viser trop haut, car n’oublions pas que nous étions tombés très bas. Il faut regrimper les échelons, petit à petit. Il fut un temps où l’Excel, qui ne possédait pas les structures adéquates, visait chaque saison une qualification européenne, Aujourd’hui, les structures sont là, mais les résultats ne suivent plus.

Dimanche, vous accueillez le Standard sans le concours de Marcin Zewlakow et Christophe Grégoire, suspendus. Ne craignez-vous pas de vous retrouver trop esseulé en pointe ?

L’entraîneur a essayé diverses formules durant la période de préparation. Avec deux attaquants, avec trois attaquants. D’autres joueurs pourront prendre le relais des suspendus : Luigi Pieroni, Trésor Empoke, etc. On verra ce que Georges Leekens décidera.

L’Angleterre, c’est le top

Vous n’avez pas abandonné l’envie de partir à l’étranger ?

Non, cela reste même un objectif. D’un point de vue familial, Mouscron me convient parfaitement, mais je dois aussi songer à ma carrière.

Quel pays aurait votre préférence ?

L’Angleterre. J’en rêve. Pour moi, c’est le top.

Même dans un club modeste ?

Tout à fait. Je suis assez réaliste pour savoir que je ne jouerai jamais à Manchester United, mais la simple perspective d’évoluer en Premier League m’enchanterait. J’envie Jonathan Blondel, qui a bénéficié d’un transfert à Tottenham. Le jeu en une touche de balle, la rapidité imprimée aux échanges, l’ambiance qui règne dans les stades : tout cela m’attire. J’ai même l’impression que je m’exprimerais plus facilement là-bas qu’ailleurs.

Cela tombe bien : il semble que Portsmouth s’intéresserait à vous ?

Comme dans le cas de Lens, j’en ai eu vent par l’intermédiaire d’un journaliste, mais à ce jour û NDLA : mercredidernier û, je n’ai pas été contacté personnellement. Mais si l’information se vérifie, et qu’une proposition intéressante me parvienne dans le même temps où le club y trouve son compte, je ne cracherais pas dessus. L’Angleterre, j’en rêve.

 » Je rêve de l’Angleterre « 

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