PARIS… UNE FOIS

Tout a commencé sur le son de Padam de Benjamin Biolet. Hasard ou pas, on passait des autoroutes belges aux françaises et, tout d’un coup, le voyage devenait confortable. On s’est senti à l’image du groove lancinant du beau Benja. Légers, excités, enthousiastes.

On, c’est celui qui donne vie aux pages d’avant la mienne dans l’objet de désir que vous êtes en train de lire. Thomas B m’emmenait en voyage pour retrouver Thomas M.

Lui, pour vous livrer une interview la semaine prochaine. Et moi, pour retrouver un mec qui donne envie de faire 400 kilomètres. Partir avec le Bricmont pour aller voir le Meunier, quel beau métier, on fait.

Quand on va à la rencontre de Thomas Meunier, on sait qu’on ne fait pas le déplacement pour rien. On sait que le gamin (je peux l’appeler comme ça puisque lui m’appelle le vieux) va nous réconcilier avec l’humanus footballistiscus.

On sait que ce sera l’homme avant tout. Et sa vie. Les histoires de ballon ne seront que l’agrément magnifique d’une destinée déjà magnifique.

Notre première rencontre s’est faite via le filtre d’un micro. Le temps de deux réponses où la sincérité tutoyait l’intelligence et l’envie d’en savoir plus sur ce mec, s’est faite évidence.

Et donc, pour deuxième rencontre, la proposition d’un musée fut vite acceptée. L’expo Dali dans le beffroi de Bruges sera l’écrin de la découverte.

Et Thomas de me parler de cubisme, d’impressionnisme, de son amour des courbes qui empêchent la ligne droite vers la banalité de la vie. Riche et beau.

Mercredi dernier, on a reparlé de ce drame shakespearien devenu parisien. Surtout de l’acte 1 et de cette scène où après un long monologue déclamé avec les pieds, Thomas a filé la dernière réplique à Cavani.

De cette action, tout le monde parle des 60 mètres parcourus et de la lucidité finale. Pour moi, le moment magique se passe au départ de l’action. A sa genèse. Notre back droit national pique le ballon au génie brésilien qui, de frustration,  » shoote  » dans notre compatriote.

95 % des footeux seraient tombés, histoire d’en rajouter et d’ajouter une carte jaune à la déroute catalane. Notre Ardennais est, lui, resté sur ses jambes. Traduction d’un état d’esprit, d’un mental porté vers l’accomplissement originel de la définition du défi, du match.

Le plus fort doit s’imposer dans la dignité, pas dans le calcul. Je suis là pour jouer. Comme il le faisait dans des matchs de vétérans de la région de Virton.

Mais les réjouissances ne s’arrêtaient pas là. La conquête belge de Paris ne passe pas que par les pelouses, il y a aussi les planches. Et là aussi, en première ligne, il y a du balaise.

Un mec droit comme un point d’exclamation à sa destinée à lui. Lui, ce sera le stand up. Lui, c’est GuillermoGuiz. Avec lui aussi, c’est une succession de reprises de volée. Pleine lucarne. Imparable. Le but, faire partie des gardiens d’une surface infinie de liberté.

On est donc allé le voir avec les Thomas. C’était au  » Point Virgule « . On est arrivé en toute amitié, on est ressorti en grande fierté.

Guiz aiguise la langue française avec l’accent belge qui n’est pas dans la voix mais plutôt dans les silences. Belle perf de faire apprécier les silences dans cette ville où l’on croit que parler, c’est exister. C’était trash, cash, brillant. Une sorte de douce fulgurance qui débute comme une gifle et se termine en caresse.

Parce que le fond est bon. La justesse et le rire. Guillermo nous offre une forme de nonchalance acerbe qui ne doit rien à la chance mais à l’urgence d’être ce que la vie ne vous a pas offert.

Et le Meunier plié en deux. Qui se tape des crampes. Fait plutôt rare chez lui mais là, c’était au niveau du ventre. Et, de flirter avec le carton rouge tellement ses rires dépassaient les bornes. Il y a de ces jours où l’on se dit qu’on a fait le tour de ce que la vie a de beau à nous offrir.

Tout le monde est reparti dans la nuit parisienne avec ce sentiment. Et pour moi, en plus, la pensée que pour Guillermo et Thomas le point est encore très loin. Ils en sont à une virgule en forme de supernova lumineuse et radieuse. Le meilleur est encore à venir.

PAR FRÉDÉRIC WASEIGE

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