Paris tenu

Après être progressivement devenu un buteur fiable, en passant de Strasbourg à Lorient, le néo-international a abouti dans le club de ses rêves.

La troisième fois aura été la bonne pour Kevin Gameiro. L’attaquant de Lorient, auteur de 11 buts en 2008-09 s’était heurté à l’époque à une fin de non-recevoir de la part du président du club, Loïc Féry. Rebelote un an plus tard, malgré les 12 millions d’euros proposés par les Girondins Bordeaux ! Une fois encore, le big boss s’était montré intraitable : pour lui, c’était 15 ou rien. En définitive, il en a obtenu… 11, en ce début d’été, de la part du PSG. Et Féry peut s’estimer heureux : il a bien failli devoir se contenter de clopinettes. C’est que le joueur, lassé par l’intransigeance du grand décideur, s’était résolu à frapper du poing sur la table s’il n’obtenait pas sa liberté.

Sous contrat dans le Morbihan depuis 2008, il entendait faire jouer en sa faveur la clause de stabilité de l’UEFA. L’article 17 de son règlement stipule effectivement que tout footballeur de moins de 28 ans a la possibilité de racheter la ou les dernières années de son contrat, dès qu’il a passé trois saisons d’affilée dans un club. Et c’était le cas, en cette fin de saison 2010-11, pour un Gameiro qui a fêté son 24e anniversaire le 9 mai passé. Finalement, le bon sens a fini par triompher dans cet accord où chacune des parties y trouve son compte.

La direction de Lorient d’abord, qui perçoit une indemnité de transfert 3 fois supérieure aux 3,5 millions d’euros qu’elle avait dû débourser pour arracher le jeune puncheur au RC Strasbourg. Le PSG ensuite dont l’entraîneur, Antoine Kombouaré, souhaitait absolument coupler Gameiro à son buteur Guillaume Hoarau. Et enfin, le principal intéressé lui-même qui, natif de Senlis, dans l’Oise, a toujours été un inconditionnel des Parisiens :  » Autrefois, j’ai assisté au Parc des Princes à plusieurs rencontres avec mon père. C’étaient de très beaux matches et Paris avait une très grosse équipe. J’aimais beaucoup Marco Simone. Quand je le regardais jouer, je disais à mes parents qu’un jour je serais à sa place. Ce rêve est à présent devenu réalité « .

De l’Alsace au Morbihan

Pour arriver à ses fins, Gameiro, qui a fait ses classes à Chantilly, dans la grande banlieue de la capitale française, n’a pas emprunté le chemin le plus direct, loin s’en faut. A 15 ans, il déménage en Alsace pour intégrer le centre de formation strasbourgeois. En 2005, il y fait ses débuts au plus haut niveau sous la coupe de l’entraîneur Jacky Duguépeyroux.

 » Il me plaisait par sa qualité de déplacement  » observe ce dernier.  » Il compensait son petit gabarit (172 centimètres sous la toise pour 62 kilos) par sa vivacité et son intelligence « .

Au bout de trois saisons, Lorient se manifeste. Son mentor, Christian Gourcuff, a besoin d’un élément qui décroche au côté de sa pointe, Marama Vahirua. Et Gameiro, habile en appuis-remises et une-deux entre les lignes, présente, d’après lui, le profil idéal. L’association se révèle judicieuse. Grâce à ses appels de balle incessants, le nouveau venu permet au Tahitien de s’exprimer pleinement, tout en alimentant son compteur personnel de 11 buts. Un total de 17 autres s’y ajoutent en 2009-10. De quoi susciter l’intérêt de Valence, Séville, Liverpool, Tottenham et West Ham. Ce n’est toutefois pas lui mais Vahirua qui est libéré, direction l’AS Nancy-Lorraine. Pour le remplacer, Lorient jette son dévolu sur l’Auxerrois Lynel Kitambala. Un jeune qui est une copie conforme de Gameiro.

 » Avec Vahirua, tout était limpide  » souligne le néo-Sangermanois.  » Je faisais des appels et il prenait les espaces dans le même temps. A présent, nous sommes deux à pouvoir décrocher ou nous engager dans la profondeur. A nous de nous adapter et à jouer en alternance dans ces registres « .

Dès la 4e journée, c’est bingo avec un succès 2-0 contre Lyon, favori au titre, grâce à des buts signés Gameiro et Kitambala. Il n’en faut pas plus pour que le sélectionneur frais émoulu, Laurent Blanc, à la recherche de nouvelles têtes après le douloureux épisode sud-africain de Knysna, songe à lui. Le 3 septembre 2010, Gameiro honore sa première cap en équipe de France, en remplaçant Louis Saha à dix minutes du terme contre le Belarus.

Depuis, il a encore joué le rôle de substitut contre le Brésil (victoire 1-0 le 9 février dernier) et face à la Croatie (0-0 le 29 mars). Dans les deux cas, il a relayé Karim Benzema, dont il se pose de plus en plus comme la doublure crédible. Pour sa première titularisation en Ukraine (victoire 1-4 en juin dernier), Gameiro a débloqué son compteur but. Et le néo-Parigot ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin. Sa progression en matière de buts est en tout cas constante : de 1 en 2005-06 et 6 en 2007-08, il est passé à 22 la saison passée, de quoi faire de lui le deuxième meilleur réalisateur de la Ligue 1 derrière le Lillois Moussa Sow.

PAR BRUNO GOVERS – PHOTO: REPORTERS

 » Sa force, c’est son déplacement. Il compense son petit gabarit de 172 centimètres par sa vivacité et son intelligence… « .

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