Paré à DÉCOLLER ?

Le flanc gauche liégeois se voit offrir l’occasion de donner un nouvel élan à sa carrière.

Lundi 3 janvier. Tout le monde est présent à la reprise des entraînements de Mouscron, sauf JimmyHempte et AlexandreLecomte, blessés la veille au tournoi indoor de Gand. ChristopheGrégoire est toujours là aussi, alors que son transfert pour Anderlecht était annoncé depuis un certain temps. On ergote sur quelques dizaines de milliers d’euros : l’offre initiale du Sporting ne dépassait pas les 250.000 euros, alors que l’Excelsior en réclamait au moins 100.000 de plus. On trouvera finalement sur un accord, tard dans la soirée de mardi. Sur quel montant ? On ne le saura jamais.

Toujours est-il que le gaucher liégeois a apposé, mercredi dernier, sa signature au bas d’un contrat de trois ans et demi. Le joueur était aux anges :  » Pour moi, c’est un rêve de gosse qui se réalise. J’ai toujours été supporter d’Anderlecht. Lorsque j’étais gamin, j’accompagnais mon père au Parc Astrid. Je suis ambitieux aussi, et je n’ai jamais caché que j’envisageais de porter un jour le maillot d’un grand club. Mon nom avait déjà été cité, l’an passé, dans l’optique d’un transfert ( NDLR : Genk, Standard, AuxerreetdéjàAnderlecht), mais rien ne s’était jamais concrétisé. Cette fois-ci encore, j’ai craint que l’affaire n’aboutisse pas. J’avais d’ailleurs repris le chemin de l’entraînement à Mouscron en me mettant en tête l’idée que je jouerais le deuxième tour du championnat avec les Hurlus. Cela m’aurait évité une trop grande déception si, une nouvelle fois, les négociations échouaient. J’ai continué à travailler, comme si de rien n’était, et ma patience a été récompensée. Mon rêve ne s’accomplira toutefois totalement que lorsque j’aurai conquis mes galons de titulaire dans la capitale et remporté des titres avec le Sporting. Et puis, chacun sait que lorsqu’on est titulaire à Anderlecht, le chemin qui mène à l’équipe nationale n’est plus très long. C’est aussi l’un de mes objectifs. Le hasard du calendrier veut que mon premier adversaire, en match officiel avec les Bruxellois, sera précisément Mouscron. Ce sera vraiment un match très spécial pour moi. Mais bon, tôt ou tard, j’aurais dû affronter l’Excel, alors autant le faire tout de suite. Cette perspective sera derrière moi. Je n’ai gardé que des amis dans la Cité des Hurlus, où j’ai passé quatre ans et demi. Je me suis toujours bien plu dans cet environnement où régnait une super ambiance. J’ai eu un peu de mal au début, car j’ai dû durcir mon jeu, mais tout s’est bien passé par la suite. Je n’ai traversé qu’une seule période difficile, sous la houlette de LorenzoStaelens lorsque je m’étais retrouvé sur le banc et que j’avais un peu perdu confiance. Au Sporting, je ne débarque pas totalement dans l’inconnu. Je connais très bien HugoBroos, puisque c’est lui qui m’a lancé en D1. Au départ, il avait demandé à ce que je sois aligné à l’arrière gauche en équipe Réserve, afin que j’apprenne à mettre le pied. Je connais son système de jeu, je ne serai pas dépaysé. Je connais aussi NenadJestrovic, avec qui j’ai encore évolué une année, et d’autres joueurs comme MichalZewlakow et MboMpenza. Mbo a d’ailleurs été l’un des premiers à m’envoyer un SMS de félicitations lorsqu’il a appris que j’avais signé « .

Saint-Jean le regrette déjà

Si Christophe Grégoire est heureux, PhilippeSaintJean l’est beaucoup moins. Après avoir déjà vu partir Mbo Mpenza, LuigiPieroni, StephenLaybutt et SteveDugardein durant l’été, il sera désormais privé d’une cinquième pièce maîtresse.  » Sans oublier KevinPecqueux et MarcSchaessens, d’autres joueurs qui sont partis sans avoir été remplacés « , ajoute-t-il.  » Je savais, en venant à Mouscron, que ma tâche ne serait pas facile, mais c’est encore cinq fois pire que ce que j’avais imaginé. Et, avec la stupide défaite concédée au Brussels lors du dernier match de 2004, on ne se trouve pas encore dans une position où l’on peut se permettre de respirer « .

A quoi ressemblera l’Excel sans Christophe Grégoire ?  » Je l’ignore encore « , rétorque l’entraîneur.  » J’ai bien une idée en tête, mais il faudra voir ce qu’elle donnera en pratique. Une chose est sûre : il faudra tirer sur la ficelle. Sur le plan sportif, le départ de Christophe est une perte énorme pour Mouscron. Je lui avais confié un nouveau rôle, où il avait davantage de responsabilités. On n’en était encore qu’au début de son évolution. Son expérience sur le flanc droit s’était révélée, à mes yeux, très concluante. Certes, il ne restait pas à droite : lorsqu’il se déplaçait sur cette portion du terrain, c’était plutôt pour rentrer dans le jeu, mais cela démontre sa polyvalence. A Mouscron, il donnait toutes les phases arrêtées. Sans lui, il faudra redistribuer tous les rôles, trouver de nouveaux automatismes. Ce ne sera pas simple « .

Comment Saint-Jean voit-il Grégoire fonctionner à Anderlecht ?  » Il a toutes les qualités pour s’imposer. Il est techniquement doué, possède un superbe centre du pied gauche qui n’a rien à envier à celui d’ ArjenRobben. Il a une bonne condition physique, une bonne vitesse, et même s’il n’est pas explosif, il est très athlétique. C’est un charmant garçon, travailleur, qui n’est jamais blessé. Pour Anderlecht, c’est un très bon transfert… surtout à ce prix-là ! Et, comme par hasard, dans un mois, il sera international ! Christophe a simplement besoin d’un peu de concurrence : il a peut-être eu la vie un peu trop facile jusqu’ici « .

D’où la déclaration d’Hugo Broos, qui affirme que le joueur a parfois besoin qu’on lui botte les fesses ?  » Vous savez, à Anderlecht, ce n’est pas l’entraîneur qui va lui botter les fesses mais plutôt FabriceErhet et MartinKolar « , lance Saint-Jean.  » Quand on dispose de 25 joueurs qui sont tous des titulaires potentiels, c’est facile de faire jouer la concurrence. A Mouscron, c’est beaucoup plus difficile. J’entends dire que Christophe a disputé un premier tour en demi-teinte avec l’Excel, c’est aussi parce que sans ses pourvoyeurs qu’étaient Laybutt et Dugardein, il recevait moins de ballons « .

Anthuenis continue à le suivre

Dans un mois, Christophe Grégoire sera international, estime Philippe Saint-Jean. Qu’en pense AiméAnthuenis ?  » C’est un joueur qui avait déjà été régulièrement suivi ces derniers temps. Derrière BartGoor, il fait partie des candidats au poste de flanc gauche, au même titre que TomSoetaers, KoenDaerden ou JonathanBlondel. Je l’avais personnellement vu à l’£uvre lors du match d’ouverture du championnat entre Mouscron et Anderlecht et il avait été très bon. Certains, au Parc Astrid, s’en sont peut-être souvenus au moment de conclure le transfert. Pour un joueur, quel qu’il soit, être transféré dans un club comme Anderlecht, Bruges ou le Standard représente toujours un pas en avant, mais cela ne change rien vis-à-vis de l’équipe nationale « .

Certains prétendent pourtant qu’on a davantage de chances de devenir international lorsqu’on joue à Anderlecht plutôt qu’à Mouscron ?  » Je ne suis pas d’accord. Ce n’est pas parce que Grégoire jouait à Mouscron que les portes de l’équipe nationale lui étaient fermées. J’ai déjà démontré, dans le passé, que je n’hésitais pas à faire appel à des joueurs d’autres clubs. En revanche, lorsqu’on s’impose à Anderlecht, on a davantage de chances de se mettre en évidence. Et, dans cette optique, cela peut effectivement devenir un avantage.

Pour Grégoire, ce transfert est sans doute une bonne chose. Seul bémol : au Sporting, il sera confronté à une concurrence plus féroce. Chaque poste est pratiquement doublé, si pas triplé. En outre, comme il n’y aura plus de matches européens, il y aura moins de rotations dans l’effectif. Il faut donc sans cesse se montrer le meilleur, non seulement en match, mais aussi à l’entraînement. Ce sera un changement pour lui, car à Mouscron, il était quasiment certain de jouer. On lui pardonnait aussi volontiers une prestation moindre, ce qui ne sera plus le cas au Parc Astrid. Certains prétendent que Grégoire a justement besoin de cette concurrence, mais je suis mal placé pour en parler car je n’ai jamais travaillé avec lui au quotidien.

Trois points m’ont frappé dans ce transfert : 1/ Broos avait déjà travaillé avec le joueur précédemment. Il connaît donc parfaitement ses qualités et ses défauts, et c’est très important. 2/ Si le prix annoncé dans la presse est exact, c’est vraiment une très bonne affaire. 3/ Grégoire est encore très jeune et devrait encore progresser. Ces derniers mois, il s’était vu attribuer un nouveau rôle à Mouscron : il partait parfois du flanc droit, recevait davantage de liberté d’action. A mon avis, ce n’était pas mauvais pour son développement « .

Quaranta a toujours cru en lui

RaphaëlQuaranta, qui fut l’entraîneur de Christophe Grégoire chez les Juniors de Liège, avait presque prédit l’ascension du nouveau joueur d’Anderlecht.  » A l’époque, un manager était venu visionner mon équipe et avait estimé que, dans l’effectif, seul RaphaëlWiggers avait les capacités pour réaliser une carrière au plus haut niveau. Je lui ai alors soufflé le nom de Christophe. Il n’était pas titulaire, mais c’était un diamant brut, qu’il fallait encore polir. Le manager en question m’a écouté et bien lui en a pris puisqu’il l’a placé un peu plus tard à Mouscron. Grâce aux différents entraîneurs qu’il a fréquentés, Christophe est devenu le superbe joueur que l’on connaît. Lorsque je l’entraînais, j’imposais un régime d’entraînement très dur. J’organisais aussi des matches contre des équipes de Provinciale. Les gamins de 16-17 ans se forgeaient un caractère au contact des adultes. Ses coaches suivants l’ont encore façonné d’une autre manière. Aujourd’hui, je pense pouvoir dire qu’il est taillé pour Anderlecht. Il a beaucoup de talent, un bon dribble, une bonne vista, un superbe centre. Il arrive à au bon moment, à un âge idéal, et aura l’avantage de travailler avec un entraîneur qui le connaît, mais il lui faudra malgré tout mériter sa place. En sachant qu’Anderlecht est toujours attendu au tournant « .

Di Gregorio attend les retrouvailles

Un autre joueur a accueilli la nouvelle avec plaisir : AlexDiGregorio, qui joue cette saison à l’Antwerp et est un ami d’enfance de Christophe :  » Le soir où il a signé son contrat à Anderlecht, Christophe m’a téléphoné pour me dire : -Tu sais, Bruxelles c’est plus près d’Anvers que Mouscron, on se verra plus souvent ! Je lui ai répondu que je l’attendais et que, la saison prochaine, on se croiserait même sur le terrain. Je pars du principe que l’Antwerp montera en D1. Comme je joue le plus souvent à droite et Christophe à gauche, il y aura un match dans le match. Je lui ai promis qu’Anderlecht repartirait du Bosuil avec une défaite… Blague à part, je suis très content pour lui. On a joué ensemble dans les équipes d’âge de Seraing et de Liège, mais on se connaissait bien avant. On est tous les deux originaires de Nandrin, et Christophe est devenu l’un de mes meilleurs amis. Pour lui, être transféré dans le plus grand club du pays, c’est une consécration. On peut presque dire, d’ores et déjà, qu’il a réussi son pari de footballeur professionnel. On pourra réellement l’affirmer quand il sera titulaire, mais je suis intimement convaincu qu’il va s’imposer. Il a une chance énorme : il évolue à un poste où Anderlecht rencontre des difficultés et il va travailler avec un entraîneur qui le connaît. Il est le type de joueur qui manque actuellement au Sporting. C’est l’un des meilleurs passeurs du pays, et avec des joueurs comme NenadJestrovic, ArunaDindane ou OlegIachtchouk pour reprendre ses centres, il va faire un malheur au niveau des assists. Il arrive à un moment où FabriceErhet et MartinKolar sont sur la touche : il commencera donc comme titulaire, et après quelques bons matches, on ne pourra plus le déloger. A partir de là, tous les rêves sont permis : l’équipe nationale, la Ligue des Champions et, pourquoi pas, un transfert vers un grand club étranger. Tout le monde, parmi mes connaissances, est content pour lui. J’ai deux copains qui sont supporters d’Anderlecht et qui se rendaient de temps en temps au Parc Astrid, mais qui vont désormais prendre un abonnement, simplement parce que Christophe y joue « .

Son père a du mal à réaliser

Son père, JacquesGrégoire, par ailleurs entraîneur des Cadets Provinciaux de Seraing RUL, a encore du mal à réaliser :  » Pour moi aussi, c’est un peu un rêve qui se réalise. Si Christophe est devenu un supporter d’Anderlecht, c’est un peu… à cause de moi. J’ai toujours été un amoureux du beau jeu, et à cette époque-là, c’était au Parc Astrid qu’on en voyait. J’y emmenais donc mes deux fils : on allait voir des matches comme Anderlecht-Standard ou Anderlecht-Malines. Si mon fils cadet Sébastien s’enthousiasmait plutôt pour Malines, Christophe a rapidement été séduit, comme moi, par le jeu d’Anderlecht. C’est le style qui correspondait à son tempérament. Mais jamais, au grand jamais, je n’aurais imaginé le voir un jour sur la pelouse du stade Constant Vanden Stock avec le maillot mauve. J’avais déjà été très content lorsqu’il était arrivé en équipe Première à Liège. Et très surpris lorsqu’il est parti à Mouscron. Il n’y avait eu aucun indice précurseur. Tout s’est passé très vite. C’est l’agent de joueurs FreddyLuyckx qui a noué les contacts. Lorsque Christophe m’a annoncé qu’il pouvait partir à Mouscron, j’ai cru qu’il blaguait. Finalement, après des débuts difficiles, il s’est imposé. C’était déjà inespéré à mes yeux. Anderlecht, ce sera encore autre chose. Je croise les doigts pour que le rêve continue. Ce transfert était sans doute la meilleure chose qui pouvait arriver. Christophe va donner un nouvel élan à sa carrière. Dans le contexte actuel de Mouscron, il ne pouvait pas laisser passer cette opportunité, car on ne sait pas très bien où va le club frontalier pour l’instant « .

Daniel Devos

 » Comme par hasard, dans un mois IL SERA INTERNATIONAL  » (Saint-Jean)

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