Pardonnez nos offenses comme…

Retour au calme après la tempête dans un verre d’eau. Mais tout m’a énervé dans cette affaire JohanVermeersch/Zola Matumona ! Evidemment que ça la foutait mal : d’un côté une campagne/URBSFA plaidant à raison pour qu’on ne fasse pas le singe dans les stades, de l’autre un président de D1 tançant un de ses joueurs de couleur en lui parlant d’arbres et de bananes… Dans ce qu’il croyait l’intimité d’un vestiaire, gros bêta impulsif accro aux métaphores douteuses, Vermeersch s’est effectivement montré désolant. De là à lui refiler la cagoule du Ku-Klux-Klan, mollo. Raciste est un mot trop sérieux pour s’en servir à bouche que veux-tu… et les prosélytes du politiquement correct commencent à me courir sur le haricot : à les écouter, je finirai par croire qu’un Vermeersch ou un Hergé sont pires que ce tortionnaire de Léopold II !

C’est d’abord de paternalisme désolant (fleuri mais désolant) qu’il faut taxer Vermeersch : Zola Matumona est un adulte et son président l’a grondé comme un môme. Imaginons que le gars ait été blanc et belge, et que cette grande gueule de Vermeersch ait éructé à chaud dans le style  » Bouseux de mes deux, tu es maintenant professionnel à Bruxelles, arrête de croire qu’il suffit de jouer baballe comme en Diablotins dans ton bled pourri !  » C’eût été blessant, sans toutefois nulle levée de boucliers bien-pensants… De même, les a-t-on jadis levés quand Vermeersch a dit avoir vu onze vaches dans un pré, ce qui n’était pas gentil pour onze êtres humains ? Ou lorsqu’il affirma, concernant ses joueurs, vouloir les jeter tous dans la Mer du Nord, ce qui équivalait à onze intentions de meurtre ?

Mais Matumona m’a énervé aussi, avant son revirement bienvenu : car blanc ou noir, vert ou bleu, si tu te sens insulté, tu réagis comme un vrai mec, tout seul comme un grand, un contre un, les yeux dans les yeux. Tu hurles  » Pas d’accord, président !  » et la vraie vie commence ! Tout à l’inverse, ça me paraît nul d’aller pleurnicher chez des avocats pour qu’ils défendent ton honneur, à ta place et pour du fric ! A propos d’avocat, forcément que Laurent Denis court aussi sur mon haricot : dans la situation qu’on lui connaît et quel qu’en sera le verdict, ressurgir soudain en Spiderman de l’éthique footeuse, ça ne frise pas le ridicule, ça le pulvérise !

Pour poursuivre, dans mon équipe d’énervants, le courageux anonyme des vestiaires du Brussels qui a cafté occupe une position-clé. Dans tout groupe, laver son linge sale en famille n’est pas un lieu commun, c’est un modus vivendi respectable : à huis clos, il arrive que tu succombes à une verdeur de langage qui serait davantage malvenue hors les murs ! Le mouchard du Brussels ne l’a pas compris, l’espèce de paparazzo sans photo non plus.

Je continue,… même mon rédac’chef, je l’ai trouvé fort dur ! Et Kia Motors m’a aussi énervé : suppression de sponsoring trop rapide pour être honnête, ça sentait le coup de pub inespéré ! Au lieu de lâcher ton pognon pour qu’on parle un peu de toi, voilà que tu le reprends pour qu’on parle beaucoup de toi : parfois, le marketing est un miracle… Studio 1 aussi a réussi à m’énerver sur ce coup-là ! Alors qu’il eût suffi que les habituels intervenants débattent du dérapage présidentiel, voilà que Michel Lecomte vire tout son plateau pour le remplacer, durant un quart d’heure autour de l’accusé, par un authentique tribunal d’exception,… on n’en fait pas tant quand le foot provoque mort d’homme ! Tiens, ça me fait penser que ça s’est encore passé au Maroc pas plus tard que voici trois semaines.

Un dérapage est involontaire… Celui de Vermeersch fut un irrespect, une condescendance impulsive pour la différence physique d’autrui. Un irrespect qui nous guette tous à chaud, car c’est à chaud qu’on lâche des conneries : et c’est à chaud qu’il faut faire effort sur soi-même pour ne pas en lâcher, le gars du Centre pour l’égalité des chances l’a bien fait remarquer chez Lecomte au président du Brussels. Mais c’est un irrespect parmi bien d’autres, faut-il dès lors à ce point lui donner la vedette ? L’offense est tout aussi douloureuse quand tu traites autrui de gros, de bâtard, de cocu, de rouquin, ou quand tu traites quelqu’une de pute ou de thon, ceci parmi moult autres amabilités disponibles sur le marché… Le monde du foot, à force de sauter sur l’occasion pour combattre le racisme, semble générer un effet pervers : plus il stigmatise, plus il mène campagne, et plus les médias rapportent que le racisme va croissant dans nos stades et sur nos pelouses. Face aux conneries de Vermeersch et des autres, si l’on tentait la souveraine indifférence au lieu du raffut ?

par bernard jeunejean

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