Paradoxe FOU

Le futur biographe du feu follet de Philadelphie n’a aucune inquiétude à se faire : la matière ne manque pas ! Entre l’enfance difficile des ghettos, une adolescence plus dure encore, un séjour universitaire écourté, une brillante carrière émaillée de frasques et de prouesses physiques, la vie d’ Allen Iverson est un puits sans fond.

Né le 7 juin 1975 d’une mère âgée de 16 ans et d’un père inconnu, le petit Allen a d’emblée trempé dans la pauvreté.  » J’ai commencé à jouer au basket non pas par passion, mais par nécessité « , explique-t-il.  » J’organisais des petits concours entre copains pour gagner l’argent nécessaire afin de mettre de la nourriture sur la table. Et si je ne gagnais pas, on ne mangeait pas. C’était aussi simple que ça « .

Féru de la balle, qu’elle soit ronde ou ovale, le jeune prodige combine basket et football à la high school de Bethel, dont il est élu sportif de l’année en 1992. Une distinction qui va le servir au-delà de toute espérance. Il a 18 ans quand il est impliqué dans une sale bagarre de rue qui lui vaut une peine de prison. Après quatre mois, il est libéré grâce à l’intervention spéciale du gouverneur Douglas Wilder, persuadé que la société est en train d’assassiner un petit MichaelJordan. Iverson est immédiatement recruté par le légendaire coach JohnThompson, grand prêtre du programme de la Georgetown University de Washington DC.

Dès sa première saison parmi les grands en 94-95, il crève l’écran avec une moyenne de 20,4 points et 4,5 assists par match, ce qui lui vaut d’être élu meilleur rookie de la série Big East. L’année suivante, il fait mieux encore avec 25 points et 4,7 passes décisives. Il prend alors la décision de quitter les Hoyas et de s’inscrire au draft de la NBA. Il y est recruté par les Philadelphie 76ers, entraînés à ce moment par Johnny Davis qui lui fait immédiatement confiance en lui accordant un important temps de jeu (40,1 minutes en moyenne). A raison. La vivacité et la vitesse du petit Allen font merveille parmi les tours de la NBA. Insaisissable ! Voilà comment on le caractérisait à l’époque.

Huit saisons plus tard, Iverson n’a rien perdu de sa prestesse et y a jouté une panoplie d’autres armes redoutables. Il reste un des joueurs les plus imprévisibles, capable de tirer à distance (parfois trop et trop vite, disent ses détracteurs), d’adresser des passes soudaines et imprévues ou encore de se faufiler avec souplesse sous l’anneau. Des qualités qui lui sont hélas montées à la tête.

Appelez-le the answer

 » Je pense très sincèrement que je suis le meilleur joueur du monde « , a- t-il un jour déclaré à tête reposée. Même si on aurait aimé que cette appréciation vienne de quelqu’un d’autre, elle n’est pas entièrement fausse. Iverson évolue en permanence à un très haut niveau. Ce qui lui vaut de truster les honneurs personnels à défaut d’avoir pu emmener les 76ers à un titre national. Tout cela malgré des blessures à répétition qu’il parvient toujours à transcender. Peut-être doit-on voir là une volonté supérieure à la moyenne forgée par une enfance pour le moins exigeante dont il reste immanquablement quelques séquelles. A commencer par un caractère plutôt soupe au lait. Violent à la limite. Et pas seulement sur les planchers.

En 2002, Iverson, revolver au poing, a reçu la visite de la police, alertée par sa propre épouse Tawanna qui s’est dite menacée verbalement et physiquement. Si elle n’avait pas retiré sa plainte quelques jours plus tard, son champion de mari – par la vertu de la récidive -croupirait actuellement derrière les barreaux… On lui doit aussi des déclarations pas piquées des hannetons. Tout le monde y passe : coéquipiers, adversaires, dirigeants… et aussi entraîneurs. On se souvient particulièrement de ses chassés-croisés verbaux avec Larry Brown, passé entre-temps à Détroit. Ces deux-là ont réinventé l’expression relation amour/haine  » ! Brown, qui en connaît un bon bout en matière de basket, avait osé le traiter de paresseux et d’égoïste. Iverson l’avait alors menacé de poursuites pour manque de respect et diffamation ! Sur le fond pourtant, le boss avait raison.

Iverson est connu pour en faire le moins possible à l’entraînement. Et pour la jouer en solo lors des rencontres. Mais comment lui en tenir rigueur, lui qui se donne toujours à fond en match, même quand la cause semble perdue. Il n’est jamais aussi dangereux que lorsqu’il a carte blanche. C’est là qu’il faut voir son surnom de The answer.

Bernard Geenen

 » Je pense très sincèrement que je suis LE MEILLEUR JOUEUR DU MONDE « 

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