PARADIS côtier

Matthias Stockmans
Matthias Stockmans Matthias Stockmans is redacteur van Sport/Voetbalmagazine.

Ostende possède à nouveau un brillant duo américain avec Jason Gardner et Vincent Yarbrough.

Jason Gardner (24 ans) est arrivé en décembre dernier à Ostende. Il fuyait Novo Mesto, une équipe slovène qui a entamé son aventure européenne sur une fausse note. Vincent Yarbrough (23 ans) est arrivé avec force publicité cet été. Il y a deux saisons, il évoluait encore en NBA, aux Denver Nuggets.

Comment évaluez-vous votre vie ici ?

Jason Gardner : Je me suis aisément intégré il y a un an car tout le monde parle anglais et ma famille n’a pas de problèmes non plus. Je ne me sens déjà plus étranger ici.

Vincent Yarbrough : La vie est agréable car le groupe, le staff et l’entourage sont ouverts. Le niveau du championnat me plaît. Ostende a beaucoup de bons joueurs et n’est d’ailleurs pas inconnu sur la carte du basket. On raconte que les championnats de France, d’Espagne ou d’Italie sont meilleurs et j’avais sous-estimé les premiers matches… Quand on sort d’université, on ne rêve que de NBA. Quand on arrive ici, on découvre les pays et les championnats. Sinon, pour un Américain, l’Europe n’est qu’un grand trou noir.

Ces premiers mois répondent-ils à vos attentes ?

Yarbrough : Suite à nos performances pendant la préparation, je pensais que nous serions toujours invaincus mais l’équipe est jeune et irrégulière. Mieux vaut perdre maintenant qu’en fin de parcours.

Gardner : Nous sommes en tête, nous restons en lice en Coupe et nous avons déjà battu tous nos adversaires en Coupe ULEB.

Est-il difficile de se motiver face à des adversaires qu’on ne connaît pas ?

Gardner : J’ai découvert un autre type de basket. En soi, c’est une motivation.

Yarbrough : Ne pas connaître ses adversaires est ennuyeux. Ma motivation est animée par le désir de progresser individuellement. Après chaque match, j’étudie la vidéo et ma prestation.

Comment avez-vous décidé de rejoindre l’Europe ?

Yarbrough : J’ai participé à la Summerleague et reçu des offres mais sans garantie de contrat. Mieux valait jouer un an en Europe avant de retenter ma chance en NBA. On ne peut passer sa vie à attendre une place dans cette compétition. Après la NBA, l’Europe est le meilleur choix.

Gardner : On pense d’abord à la NBA. Si on n’y joue pas, il faut envisager d’autres options. Elle dépêche assez de scouts en Europe pour ne pas courir le risque de se faire oublier. Même sans NBA, il est possible de réaliser une belle carrière en Europe.

Peut-on rester aux USA si on ne joue pas en NBA ?

Yarbrough : Il y a la Development League et la CBA mais l’Europe est meilleure, on y gagne plus, les talents sont plus nombreux. Il est difficile de nouer les deux bouts en jouant dans les divisions inférieures américaines.

Si un ami souhaitait jouer en Europe, que lui diriez-vous ?

Gardner : De le faire mais de bien s’informer. J’ai joué en Slovénie, à Novo Mesto, la première année. Je ne sais toujours pas la situer sur une carte. Je n’aime pas parler de cette expérience. Trop d’Américains commettent la même erreur que moi. Tout n’est pas nécessairement bien en Europe.

Vous avez joué en NBA mais n’avez pas été repris en 2002. C’est douloureux ?

Gardner : Evidemment. On croit toujours qu’on réussira, on se compare à ses anciens coéquipiers qui ont réussi, eux. J’ai décidé d’émigrer en Europe plutôt que d’attendre une chance hypothétique.

Votre petite taille est votre principal handicap. 1,78 mètre, n’est-ce pas trop peu pour l’élite ?

Gardner : La plupart des distributeurs de la NBA ne sont pas beaucoup plus grands mais je lutte contre ce préjugé depuis mes débuts.

Vincent, vous avez joué une saison pour les Denver Nuggets. En 2002-2003, vous avez disputé 59 matches dont 39 comme titulaire.

Yarbrough : Une blessure à la cheville m’a coûté 15 matches en début de saison. Ensuite, j’ai été repris. L’équipe était fort jeune. Nous n’avons gagné que 21 matches et le propriétaire voulait des éléments plus chevronnés. Sans le moindre avertissement, Denver m’a libéré lors du dernier jour, trop tard pour que je trouve un autre club. Pourtant, je conserve d’excellents souvenirs de la NBA. Je sais aussi que j’en ai le niveau.

Vous avez marqué 18 points contre les LA Lakers. Ce fut votre meilleur match !

Yarbrough : J’aime jouer à LA. J’ai de bons souvenirs de mes duels avec quelques-uns des meilleurs mondiaux : Kobe Bryant, Allan Houston ou Shaquille O’Neal.

Quel joueur vous a le plus impressionné ?

Yarbrough : Kobe Bryant et Tracy McGrady, car ils demandent et reçoivent le ballon 30 fois par match. Ils allient talent et engagement. Ils sont plus grands, plus rapides. Kobe est incroyable : il a la taille d’un avant mais le talent technique d’un distributeur.

Vincent, on vous reproche de manquer d’agressivité.

Yarbrough : Je ne suis pas d’accord. Les gens s’attendent à ce que je marque beaucoup mais je préfère passer le ballon à un équipier mieux placé. C’était mon problème en NBA : je ne jouais pas assez égoïstement.

On attend toujours beaucoup des Américains. Le remarquez-vous ?

Gardner : Les supporters pensent que nous sommes systématiquement les stars de l’équipe mais ce n’est pas correct à l’égard des Européens, qui ont beaucoup de talent.

Yarbrough : Quand ça va mal, on nous pointe du doigt.

Un joueur vous impressionne-t-il particulièrement, en Belgique ?

Yarbrough : Le Belge parti en Espagne est bon. Il s’appelle…

Gardner :… Axel Hervelle, transféré au Real Madrid. Il a été fort contre nous.

Yarbrough : Grand, agressif, doté d’un bon tir, capable de jouer dos au panier. Il a du talent.

Gardner : Mais les meilleurs Belges sont à Ostende, comme Mathias Desaever et Jef Van der Jonckheyd. J’aime jouer avec Desaever, qui sait évoluer à plusieurs positions.

Yarbrough : Desaever est important pour l’équipe. Super professionnel, il se donne à 100 % à l’entraînement comme dans les matches.

Qui a la meilleure équipe du championnat ?

Gardner : Ostende.

Yarbrough : Beaucoup de joueurs semblent redouter Charleroi. Du coup, ils se placent en position d’infériorité. Charleroi a des gabarits qui sont peut-être intimidants. C’est une bonne équipe mais… (Jason et Vincent se regardent et sourient).

Matthias Stockmans

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