PANNE de secteurs

Les Loups ont hérité de la dernière place mais ont trouvé leur système de jeu. Sera-ce suffisant ?

On avait parlé du match à ne pas perdre. Le derby hennuyer opposant Mouscron à La Louvière mettait en présence deux équipes en mal de points. Et au jeu de la peur, ce sont les Loups qui se sont inclinés, héritant de leurs hôtes du jour la lanterne rouge.

Pourtant, cette équipe mouscronnoise ne s’est pas montrée particulièrement séduisante, multipliant les pertes de balle une heure durant. Mais, voilà, les Hurlus avaient fait le plus dur en début de match en inscrivant deux buts et en développant un football plus juste. Après, rideau. Cette formation-là était largement à la portée des Loups qui n’ont pas su en profiter, ni faire preuve de la combativité nécessaire lors de telles rencontres.

Comment cette équipe en nets progrès ces dernières semaines n’a-t-elle pas su mettre au pas de pâles Hurlus ?

Concentration

Depuis le début de saison, les hommes d’ Emilio Ferrera ont des problèmes de concentration. Outre le match nul obtenu à Zulte-Waregem, les Loups ont toujours au moins une période de flottement. A Anderlecht, la moitié des buts résultent de fautes individuelles. Même constat à domicile face au Standard, où le débordement victorieux de Sergio Conceição désorganise complètement l’axe central défensif et laisse la porte ouverte à un but de Mémé Tchite, qui n’aurait jamais dû émerger de la tête devant Georges Blay. Contre Genk, les phases arrêtées ont été mal gérées, et au Germinal Beerschot, Kris De Wree avait été oublié dans le rectangle. Enfin, face au Cercle, c’est le comportement et l’exclusion évitable de Sergio Sanchez qui ont marqué un coup d’arrêt. Des fautes qui coûtent très cher au club du Centre.  » Et dans un match à six points, cela ne pardonne pas « , lâche Olivier Guilmot en faisant référence à la rencontre de samedi. Pourtant, quand les troupes du président Filippo Gaone s’appliquent (comme à Zulte), le point est souvent au rendez-vous.

Mais le véritable problème réside dans la gestion des débuts de matches. La Louvière ne commence à jouer qu’une fois menée au score, obligeant les joueurs à sans cesse courir après les événements. Certains n’hésiteraient pas à dire que pendant les débuts de rencontres, les joueurs sont encore dans le bus. A l’issue du match de samedi, Emilio Ferrera n’a pas fait de longs commentaires mais ses quelques paroles ne suffisaient pas à masquer son énervement.  » Je ne sais pas comment je pourrais qualifier le début de match de mon groupe. Nous n’étions nulle part que ce soit dans les duels ou la possession de balle. Et après, nous avons commencé… je ne vais pas dire à jouer mais à être plus présents sur le terrain. Mais on ne peut pas toujours redresser une situation catastrophique « .

 » Certains de l’équipe rêvent ! Il ne suffit pas de monter sur un terrain de D1 pour gagner la rencontre « , énonçait Alex Teklak. Contre Mouscron, les Vert et Blanc ont attendu 20 minutes avant de se mettre en route.  » Mouscron a commencé le match. Nous pas « , expliquait le capitaine Olivier Guilmot à l’issue de la rencontre.  » Il faudrait que tout le monde soit concentré sur son sujet dès le départ. Il faut que la mentalité change car on ne peut pas se permettre de rater systématiquement notre mise à feu. Si je savais ce qui pouvait mettre un terme à ce flottement… Mais je ne pense pas que cela doit dû à notre inexpérience « , continue-t-il comme pour se rassurer. Car certains ne sont pas du même avis.  » Il y a un manque de rigueur et on pêche peut-être par un excès de jeunesse « , réfléchit Teklak.

Ce noyau est jeune tant en âge qu’en durée de vie commune. Et cela, l’entraîneur l’a déjà soulevé notamment après la défaite contre Genk (2-3). Il manque encore des automatismes et des repères qui permettent à une équipe de se mettre au diapason et d’évoluer comme un seul homme. Cet esprit de corps n’est pas encore spontané. Il existe mais ne se met en branle qu’une fois la situation déjà compromise. Que ce soit contre le Standard, Genk, ou au GBA et à Mouscron, il a fallu que les Loups soient menés pour entrevoir une rébellion.  » Il faut encaisser un but pour nous libérer. Pourtant, l’entraîneur nous le répète sans arrêt. On doit entamer les rencontres plus vite « , analyse Egutu Oliseh.  » On a tendance à montrer trop de respect vis-à-vis de l’adversaire « .

Ce manque de concentration est également palpable en fin de rencontres. Que ce soit contre le Standard ou Genk, La Louvière avait fait le plus dur en revenant au score (et en prenant l’avantage contre les Limbourgeois) mais une nouvelle période de relâchement s’est payée cash.  » Nous ne sommes pas efficaces dans les moments importants « , conclut Oliseh.

La défense

Ces quelques oublis mettent en péril l’évolution d’un groupe qui commençait à trouver un rythme de croisière. Car Emilio Ferrera semble avoir désormais son équipe en tête, après avoir tenté quelques essais. En défense, notamment. Si le système n’a pas évolué (toujours un quatre défensif), les hommes ont changé. En début de championnat, Ferrera avait privilégié l’option Emeran-Mazurkiewicz sur les flancs mais ce sont finalement les joueurs qui occupaient leur place la saison passée qui se sont imposés : Georges Blay à droite et Laurent Montoya à gauche. Avec Guilmot, Blay et Montoya, la défense dispose de plus d’automatismes.  » Si on exclut les six buts pris à Anderlecht, la défense tient le coup « , argumente Ferrera.  » Elle est en nets progrès et on peut voir que le collectif se met en place. J’avais d’abord opté pour Fritz Emeran et Jaroslaw Mazurkiewicz car Blay et Montoya restaient sur une mauvaise préparation. Mais depuis lors, ils m’ont convaincu. Certains disent que j’ai perdu du temps mais je préfère juger les joueurs par moi-même plutôt que de me baser sur des on dit « .

Le retour des vieilles habitudes permet au gardien Michaël Cordier de prendre ses marques de façon sereine. Il a prouvé toute son utilité au collectif. Mais il doit encore s’endurcir. Une fois cela acquis, il s’érigera en digne successeur de Silvio Proto. Le défi était difficile et il est en passe d’être réussi.

Dans l’axe de la défense, le duo Teklak-Guilmot a disputé l’entièreté des rencontres. Mais il n’a pourtant pas encore totalement convaincu. Les deux éléments se ressemblent énormément et doivent apprendre à évoluer ensemble. Teklak a réussi son début de championnat en rendant des copies nettes, propres et sobres. Pourtant, il n’a pas le même apport pour Guilmot que son prédécesseur Geoffray Toyes. L’ancien joueur de Charleroi et de Mouscron se concentre sur sa tâche et sur les duels alors que Toyes guidait Guilmot durant toute la rencontre.

Aujourd’hui, Guilmot se retrouve un peu livré à lui-même. Ce qui peut expliquer ses petites erreurs de placement. Toujours les pieds sur terre, Guilmot ne manque pas de confiance mais il est encore loin de son niveau de l’année passée.

Le milieu de terrain

Totalement remanié, il manque encore d’expérience. Mais pas de talent. Pourtant, ce secteur du jeu a valu quelques maux de tête à l’entraîneur des Loups qui a multiplié les essais. Tantôt avec deux récupérateurs ( César Oulai et Egutu Oliseh) et deux ailiers ( Julien Pinelli et Fadel Brahami), puis avec Trésor Luntala en soutien avant finalement d’opter pour un rectangle médian très resserré au milieu : un récupérateur, un soutien d’attaque et deux joueurs excentrés.  » On a essayé de trouver le bon concept « , explique Ferrera,  » et je pense qu’on y est parvenu car ce secteur a été supérieur à celui de l’adversaire contre Genk, Zulte, et à certains moments contre le Standard. J’ai choisi un carré car on a essayé de jouer plus ouvert au début avec un véritable médian droit et gauche mais cette audace n’a pas été récompensée. Il a donc fallu revenir à quelque chose de plus compact « . Et cela permet de soulager l’axe défensif.

Depuis lors, le système est immuable. Tant au Germinal Beerschot que contre Genk ou à Mouscron, La Louvière a utilisé un quatuor de joueurs très proches les uns des autres. Cela demande beaucoup de travail de la part des deux médians excentrés (ils doivent être présents à la fois au milieu et sur les côtés) et de la technique de la part des deux axiaux qui doivent être capables de s’exprimer dans de petits espaces. Mais Emilio Ferrera dispose de ce type de joueurs. Sur les flancs, Pinelli, Brahami et Yannick Vervalle allient vitesse, abattage et technique. Et dans l’axe, Oliseh et Oulai font preuve de puissance et de technique. Quant à Rogerio, il peut également s’adapter à ce système qui a aussi certaines répercussions sur le rôle des défenseurs et des attaquants.  » On ne nous demande pas pour autant de tenir tout le flanc « , dit Laurent Montoya,  » et on ne peut pas dire que l’on se retrouve avec des boulevards sur les côtés car les attaquants descendent nous prêter main forte. Cela demande simplement beaucoup de communication entre les arrières, les milieux excentrés et les attaquants pour ne pas laisser d’espace. Mais, l’entraîneur ne veut pas spécialement que l’on soit plus offensif. On doit au contraire garder notre assise défensive. On prend encore trop de buts et il faut stabiliser prioritairement ce secteur « .

Les médians doivent maintenant faire preuve de plus de constance car Brahami, Pinelli, Oulai, Vervalle et Oliseh montrent de bonnes choses mais trop souvent par intermittences. On attend encore le match plein pour tous ces joueurs-là.

L’attaque

La Louvière marque peu mais ce n’est plus le désert que l’on prédisait en début de championnat. A Mouscron, Nordin Jbari a inscrit son premier but et a montré un visage combatif qu’on ne lui connaissait plus. Et contre Genk, Aco Stojkov et Julien Pinelli ont surpris tout le monde par la qualité de leur jeu. Le Macédonien a également fait souffrir la défense du Germinal Beerschot. Quant à Sergio Sanchez, s’il n’est certes pas la terreur annoncée après sa cascade de buts contre les équipes régionales en préparation, il a déjà rendu de précieux services en égalisant contre Gand.  » On a une nouvelle ligne d’attaque et depuis le début de saison, je n’ai pas pu aligner souvent les deux mêmes avants. Et on sait que, plus que n’importe quel joueur, un attaquant a parfois besoin d’une longue période d’adaptation. Parfois même un an. On a eu le cas, ici, avec Manasseh Ishiaku, Michaël Murcy ou Peter Odemwingie. Il faudra donc faire preuve avec mes hommes de la même patience et de la même objectivité « , explique Ferrera.

Conclusion

Dans les prochains matches, les Loups seront confrontés à un terrible dilemme. Faut-il continuer à poser son jeu ou tout fermer pour grappiller les points nécessaires ?  » On essaie de pratiquer du beau jeu mais on devra désormais se montrer plus réaliste « , dit Oliseh. Mouscron quant à lui avait déjà choisi comme le confirme le gardien Christophe Martin.  » On ne voulait pas du beau football mais on voulait des points « .

Stéphane Vande Velde

 » On ne peut pas se permettre d’ENTAMER LES RENCONTRES SYSTÉMATIQUEMENT APRÈS 20 MINUTES  » (Olivier Guilmot)

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