Paire d’AS

 » Etre métis est une richesse « .

Il vient de fêter ses 18 ans mais converse avec la maturité d’un véritable adulte. Il y a un an, Vincent Kompany était un illustre inconnu. Samedi, au terme d’une brillante saison avec Anderlecht, il figurera dans le onze de base de l’équipe nationale, sans que nul ne s’en étonne. L’éclosion d’Anthony Vanden Borre est tout aussi spectaculaire. Il a joué huit matches pour Anderlecht en fin de championnat. Il a deux ans de moins que Vincent, est plus calme, un brin introverti mais est déjà international, ce qui lui semble prématuré. Il se réfugie sous l’aile protectrice de son aîné. Expressif sur le terrain, il est réservé en dehors.

Les Pays-Bas constituent la dernière mission d’une longue saison.

Kompany :  » Ce sera un match difficile. Nos adversaires ont essuyé de nombreuses critiques mais ont recouvré leur forme. Les joueurs doivent prouver qu’ils méritent leur place dans l’équipe qui rejoindra le Portugal. Quant à nous, nous devons relever un dernier défi avant de laisser nos corps récupérer. Ce ne sera pas du luxe « .

Quels sentiments conservez-vous de votre courte entrée au jeu contre la Turquie ?

Vanden Borre : Mitigés. D’une part, il est agréable d’être sélectionné aussi tôt. Je suis un des plus jeunes de l’histoire. Ceci dit, à peine étais-je sur le terrain que nous avons encaissé un but.

Kompany : Le marquoir affichait le 2-3 à la 81e minute et je pensais que nous disposions donc de dix minutes de jeu. J’aurais réagi autrement si j’avais su qu’il ne restait qu’une minute.

Quelle erreur a été commise ?

Kompany : Il s’agit d’un petit malentendu dans une phase du match. Ce n’est pas parce que sa passe était un rien trop longue que nous devions encaisser un but. Il était possible de rectifier la phase.

Cela vous a-t-il fait de la peine ?

VandenBorre : Oui. On se représente ses débuts autrement.

Craigniez-vous de n’être pas repris contre les Pays-Bas, à cause de ça ?

Vanden Borre :….

Kompany : Anthony est une option pour l’avenir. Il tirera profit de ça d’ici un an, deux ans. Il faut le reprendre parce qu’il le mérite et parce qu’il sera un des pionniers de l’équipe. On ne peut le condamner sur 30 secondes. Je défends l’ami mais aussi le collègue. On cherche toujours un coupable. Qui est responsable ? Pourtant, à la base d’un but, on ne trouve pas nécessairement une faute individuelle.

Erreurs de jeunesse

Que pensez-vous du terme erreur de jeunesse ?

VandenBorre : On oublie trop vite que je n’ai que 16 ans.

Kompany : Mon principal objectif cette saison était de faire oublier mon âge. Au début, entendre les gens dire que j’avais bien joué pour quelqu’un de 18 ans m’embêtait. En Ligue des Champions, on ne peut se permettre des erreurs de jeunesse qui ne constituent pas un tel problème en championnat car Anderlecht encaisse peu de buts. En avoir un sur la conscience n’est donc pas dramatique. Mais j’ai perdu l’étiquette de jeune. Depuis quatre mois, on porte un autre regard sur moi, on analyse chacune de mes prestations, de mes interventions, de mes fautes. C’est un honneur, sauf que les gens s’habituent aux points positifs de mon jeu et guettent peut-être les négatifs. Quand va- t-il commettre une erreur ? Je vis avec. C’est inhérent au statut d’un joueur dans un grand club.

Quel est votre objectif l’année prochaine, Anthony ? Faire oublier votre âge aussi ?

VandenBorre : Jouer de bons matches. Je n’ai pas le sentiment d’être un titulaire. L’entraîneur effectue ses choix. Quand il me reprend, je fais de mon mieux.

Vincent, on dit que votre avenir est plutôt dans l’entrejeu ?

Kompany : J’ignore si c’est mon avenir mais c’est mon passé, en tout cas. J’y ai joué 70 % de mes matches. Je m’y meus naturellement. C’est aussi une place où Anderlecht aligne beaucoup de talents. Je suis à 100 % derrière Besnik Hasi et Yves Vanderhaeghe, sans oublier la progression de Junior. Je n’ai jamais voulu parler de ça car on ne réclame pas une place par l’intermédiaire de la presse. Il revient à l’entraîneur de déterminer où je lui suis le plus utile.

Il l’a récemment confirmé : c’est en défense.

Kompany (toujours prudent) : Les plans peuvent changer rapidement. J’en suis la preuve vivante ! Disons qu’il y a trois joueurs pour cette position mais qu’ils ont peut-être moins que moi la chance d’être polyvalents. Je n’exige rien. 99 % des professionnels doivent être contents d’être titulaires.

Vanden Borre opine : C’est ainsi.

On raconte que vous vous êtes beaucoup amusés dans les catégories d’âge…

Vanden Borre : Nous voulons toujours nous amuser. L’engagement est supérieur mais le plaisir de jouer reste une base.

Kompany : Le seul aspect moins amusant, c’est que le football ne se limite plus au terrain. A certains moments, ce fut assez dur mais je continue à mener une vie normale au sein de mon environnement habituel. Je reçois quatre ou cinq demandes par jour. L’entraîneur m’a reproché d’être trop présent dans la presse. Mais je ne puis quand même pas tout refuser ?

Vanden Borre : Sans oublier les clubs de supporters.

Kompany : Une dizaine demande régulièrement notre passage. Comme Anderlecht compte des clubs dans tout le pays, ces demandes viennent d’Ostende, de Knokke, d’Arlon ou du Limbourg. Je suis donc heureux de pouvoir leur expliquer que mon refus n’est pas une question de volonté mais d’agenda.

Vanden Borre : Comme tout va très vite, j’essaie de penser le moins possible à ce qu’il pourrait arriver.

Kompany : Anthony a beaucoup de qualités. L’année dernière, quand je jouais encore en Réserve, j’ai déclaré que nous avions une équipe si fantastique en moins de 16 ans que plusieurs émergeraient certainement en équipe fanion. Certains ont alors rétorqué : – A Anderlecht, c’est impossible. Pourtant, c’est bel et bien arrivé. Et cette saison, j’avais prédit qu’Anthony serait le suivant. Il était en bonne voie. Je ne craignais qu’une chose pour lui : que son introduction soit moins progressive que la mienne : j’avais effectué la préparation avec l’équipe, à l’abri de tout intérêt médiatique. Quand j’ai émergé, j’étais plus ou moins prêt. J’ai obtenu du temps, beaucoup de matches, on m’a concocté un dur programme individuel avec de nombreuses séances et j’ai eu peur de ne pas pouvoir assumer. Puis j’ai pensé : -Si jamais tu étais écarté de l’équipe fanion, tu pourrais vivre avec et on te le pardonnerait.

Préparer le haut niveau

Vous devez bien admettre avoir placé la barre très haut pour ceux qui suivent.

Vanden Borre : Plutôt, oui.

Kompany : A ce moment-là, je l’ai fait pour moi-même. Jamais je n’ai voulu accepter tous ces compliments. Ils sont agréables à entendre, ils motivent certainement mais je les ai toujours relativisés. En m’entendant dire que j’avais livré un bon match, je parvenais à me dire, en mon for intérieur : – Vincent, ce n’est pas vrai. Tu peux mieux faire. C’est une évolution naturelle. Je la remarque chez Anthony aussi.

Vanden Borre : Je ne comprends pas qu’on me compare à Vincent. Nos styles sont très différents.

Kompany : Le style, pas la mentalité, celle d’Anderlecht, la philosophie selon laquelle chaque joueur peut apporter quelque chose jusqu’en attaque, placer les autres en position de marquer ou le faire soi-même. Tous les jeunes de Neerpede sont fabriqués dans le même moule, étant entendu qu’on ne peut jamais déstabiliser sa défense.

On dit qu’Anthony est un tout bon joueur mais peut-être pas un vrai défenseur…

Kompany : Anthony est un très bon défenseur. Je l’admire car il joue à droite alors que je ne l’avais jamais vu sur ce flanc. Il a toujours été un bulldozer au centre, en défense ou dans l’entrejeu. Quand nous évoluions dans la même équipe, nous permutions naturellement. J’étais généralement dans l’entrejeu et lui derrière mais nos entraîneurs affirmaient que ce n’étaient pas des positions fixes.

Vanden Borre : Et ça fonctionnait.

Kompany : C’était la règle à Anderlecht : quand un homme quittait sa place, il fallait le remplacer. Pourquoi Anthony monte-t-il parfois sans regarder derrière lui ? Parce qu’il part du principe que quelqu’un va le couvrir. Au début, j’ai souvent dû en discuter avec le médian défensif car en équipe A, cette couverture n’est pas automatique.

Vanden Borre : J’ai parfois été surpris que personne ne prenne ma place. Le jeu de position est l’aspect le plus difficile.

Peter T’Kint

 » Mon principal objectif ? FAIRE OUBLIER mon âge  » (Kompany)

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