Paillettes et dure actualité

Ce mercredi soir, une fête somptueuse donne le coup d’envoi officiel de l’année footballistique 2019. À l’exception de Courtrai, les clubs sont rentrés de l’étranger, les batteries sont rechargées et le monde du football se retrouve à Puurs pour la remise du Soulier d’Or, en prélude à la reprise du championnat. Ce qui était jadis un rendez-vous entre quelques journalistes sportifs et arbitres est devenu un événement médiatisé, une parade de célébrités et beaucoup de divertissements qui ne sont pas toujours en prise avec l’actualité footballistique.

L’eau a coulé sous les ponts depuis qu’en 1975, Johan Boskamp est devenu le premier lauréat étranger d’un trophée dont il ignorait la signification. À la divulgation du résultat, il était à l’hôpital avec un ménisque déchiré. Quand Michel Verschueren, alors manager du RWDM, s’est rendu à son chevet pour lui annoncer qu’il avait gagné, Boskamp a à peine levé la tête. L’état de son genou l’intéressait beaucoup plus.

Au fil des années, le Soulier d’Or a gagné en grandeur. En 1994, Lorenzo Staelens en était le grand favori mais à la surprise générale, Gilles De Bilde l’avait emporté et Staelens avait quitté la salle, en rage. Il n’était que huitième. Jamais, l’ambiance n’avait été aussi tendue.

L’élection de ce soir ne prendra pas cette issue. Hans Vanaken est le principal favori mais le médian du Club Bruges est trop réaliste et trop réservé pour se laisser déstabiliser. Alejandro Pozuelo est un autre candidat. L’Espagnol est actuellement le meilleur joueur des terrains belges mais la formule du scrutin est déterminante : étrangement, depuis ses débuts, elle n’a pas changé. Le meilleur footballeur est élu sur base d’une année civile et donc de deux parties de saison.

Les organisateurs n’ont pas l’intention de toucher à cette formule, pas plus que de délivrer cette distinction à des footballeurs qui n’évoluent pas en Belgique. Le référendum n’a subi qu’une modification depuis sa mise sur pied en 1954 : initialement, on ne pouvait recevoir le trophée qu’une seule fois. On a changé le règlement en 1960, lors de la première victoire de Paul Van Himst.

La fête du Soulier d’Or ne peut rejeter dans l’ombre la dure réalité. Lundi, le parquet fédéral a interrogé la direction de Malines et de Waasland-Beveren. On attend aussi ce qui va ressortir des déclarations de Dejan Veljkovic, le repenti. Son interrogatoire se poursuit et il peut s’écouler des mois avant que la justice ait vérifié ses dires. C’est courant dans ce genre de situations. En plus, ces procédures sont particulièrement longues dans notre pays. Tous les dossiers difficiles sont entassés dans le train de la lenteur.

Le monde du football retrouve progressivement ses marques et reprend le cours des choses. On a dit beaucoup de choses après l’éclatement du scandale, sans rien concrétiser. Si ce n’est la fondation d’une association des managers, bien qu’il y ait déjà eu une réglementation, qui n’a jamais été appliquée. Les clubs ne voient apparemment pas le moindre problème à refaire des affaires avec Mogi Bayat. Ils se frottent les mains si celui-ci peut les aider. Il y a trois mois, tout le monde le pointait d’un doigt accusateur. C’est déjà oublié.

Reste à espérer que tout ce scandale ne soit pas étouffé. Ici et là, on adopte un ton caustique. Comme Hans Rieder, l’avocat de l’arbitre Bart Vertenten, qui déclare que l’histoire de match-fixing va entrer dans l’histoire comme une fable. Ça, ce serait vraiment moche. Il s’est passé trop de choses pour fermer les yeux.

Hans Vanaken
Hans Vanaken© BELGAIMAGE

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