A 18 ans, il est la nouvelle figure de proue des jeunes issus du Futurosport.

Il avait débuté en D1 à 16 ans, à l’époque de LorenzoStaelens. Puis, il était un peu tombé dans les oubliettes la saison dernière, sous la direction de GeorgesLeekens. Il avait eu la malchance de se blesser en début de saison, mais LongCouteau jugeait aussi, probablement, qu’il était encore prématuré de lancer ce garçon encore frêle dans le grand bain à 17 ans. Cette saison, sous la houlette de PhilippeSaintJean, il recommence à faire son trou. L’actuel entraîneur des Hurlus s’est juré d’en faire un grand et le considère déjà comme le futur meneur de jeu de l’équipe.

Lui, c’est FranciscoSanchezD’Avolio. Paco pour les intimes. Sanchez, c’est le nom de son père, JoséLuis (plus familièrement appelé Pepe), originaire de Séville en Andalousie. D’Avolio, c’est le nom de sa mère, Libera, originaire de Foggia dans les Pouilles. Il est né à Baudour, près de Mons, et joue dans les sélections belges de jeunes depuis plusieurs années. Aujourd’hui, il est l’un des leaders de l’équipe nationale des û19 ans, avec l’Anderlechtois JonathanLegear. S’il veut un jour faire carrière dans le football espagnol, comme il en rêve, il devra se choisir un pseudonyme. Au Real Madrid, personne ne connaît GonzalezBlanco. Tout le monde connaît Raúl. Alors, va pour Paco ?  » Pourquoi pas ? C’est vrai que je rêve du Real Madrid. Mais si, un jour, le nom de Sanchez s’inscrit au-dessus de mon n°16, je serai très fier également. C’est le nom de mon père et je lui dois énormément. Il a investi énormément de temps et d’énergie pour me permettre de réussir, alors qu’il fallait aussi s’occuper de mon frère Michaël et de ma s£ur Marie. Si, un jour, je parviens à gagner beaucoup d’argent grâce au football, je ne manquerai pas de lui témoigner ma reconnaissance : je lui offrirai une belle maison et tout ce dont il a envie, car il le mérite. Il n’a pas toujours eu l’existence facile. Il est soudeur, et aujourd’hui encore, il se lève tous les jours à 5 heures pour exercer son métier. En voyant cela, je mesure mieux la chance que j’ai. Footballeur, c’est le plus beau métier du monde « .

Une demi-saison à Anderlecht, quatre ans au Standard

Après le départ de JonathanBlondel, le Futurosport avait besoin d’une nouvelle figure de proue. Même si Paco n’est pas encore au top, il incarne aujourd’hui le plus beau fruit récolté dans le centre de formation de Mouscron. Sa carrière a débuté à l’Espanola, un petit club de 4e Provinciale du Borinage.  » L’entraîneur était un bon ami à mon père, et j’ai réalisé mes premiers dribbles là-bas. Je n’avais encore que quatre ans et demi, et je ne pouvais pas encore disputer les matches. Mais je me rappelle encore très bien de cette période et je retrouve toujours avec plaisir Méli et Pepe qui tenaient la buvette et qui habitent la cité où j’ai vécu les premières années de mon existence. Je suis resté à l’Espanola jusqu’en Diablotins, puis je suis parti aux Francs Borains comme Pré-Minime. A l’époque, j’avais déjà été repéré par le Standard. Mais mon père a estimé que j’étais encore trop jeune pour prendre la direction de Liège « .

Puis, à l’instigation d’ Hippolyte Vandenbossche et de Marcel Decorte, Paco passa une demi-saison à Anderlecht.  » Il y avait un certain VincentKompany dans le groupe. Mais cela ne s’est pas trop bien passé. Je me sentais mal dans ma peau là-bas. J’étais encore très jeune, je venais d’un petit club et j’étais confronté à des gens qui se comportaient déjà comme des professionnels « .

 » Je conduisais souvent Paco à Bruxelles « , se souvient la maman.  » J’ai été surprise qu’on pouvait déjà discuter d’argent avec un enfant de huit ans. On savait que mon fils était courtisé et on m’a demandé : – Combien le Standard vous offre-t-il ? On va vous proposer davantage ! Une telle attitude m’a choquée « .

Finalement, Paco a délaissé la capitale et est tout de même parti au Standard.  » J’y ai passé quatre ans. J’ai eu, notamment, comme entraîneur un certain SimonTahamata. Il était fantastique. Tout était basé sur la technique et sur la vision du jeu. Il nous obligeait à réfléchir, alors qu’on avait tendance à jouer tête baissée. Je garde aussi un très bon souvenir de MichelBodson, un autre entraîneur de jeunes au Standard qui, aujourd’hui, continue à prendre de mes nouvelles. Le plus pénible, c’était la route. Mon père me conduisait là-bas après l’école. Je dormais dans la voiture. Au retour de l’entraînement, je devais encore faire mes devoirs. J’avais souvent du mal à me réveiller le lendemain « .

 » Mon fils était heureux au Standard, mais cela a mal tourné lorsqu’il a été confronté à AlexCzerniatynski « , intervient Pepe.  » Paco a dû jouer dans sa catégorie d’âge alors que, jusque-là, il avait toujours été surclassé. En outre, il n’avait pratiquement plus de temps de jeu alors qu’il devait se farcir de longs déplacements. Dans ces conditions, j’ai estimé qu’il était préférable d’arrêter les frais. DanielBoccar a bien essayé de me faire revenir sur ma décision, mais le mal était fait « .

Paco, dont les idoles sont FernandoRedondo et DiegoMaradona, s’est donc retrouvé sans club et désemparé.  » M. Pellegrino, qui s’occupait du centre de formation du Standard à Tertre, m’a conseillé Mouscron. Je suis allé jeter un coup d’£il là-bas, et à la seule vue des infrastructures, j’ai été séduit. C’est le plus beau complexe de Belgique, qui n’est pas loin d’égaler les centres français. Tous les terrains sont des billards. J’ai aussi trouvé l’ambiance familiale dont j’avais besoin. Lorsque j’ai débarqué, on m’a directement conseillé : – Dis bonjour à tout le monde, même si tu ne connais pas la personne. Cela fait plaisir et cela ne coûte rien !  »

Des débuts contre Bruges

Paco a été considéré, très tôt, comme un joueur doué.  » Il y a sans doute un peu de don là-dedans, mais il y a eu aussi une bonne part de travail. Outre mes différents entraîneurs, mon père m’a aussi beaucoup appris. Il a joué au football à un niveau modeste à Baudour, mais il a été régulièrement couronné meilleur buteur. Il a conservé toutes ses coupes à la maison. Je me souviens d’un match où son équipe était menée 0-6 la mi-temps. Moi-même, qui assistais au match, j’étais désemparé. Il m’a dit : – T’enfaispas, fiston ! Finalement, son équipe a gagné 7-6 et mon père a inscrit quatre buts. Je crois que j’ai hérité des jambes de mon père et de la tête de ma mère « .

Après avoir suivi toute la filière des équipes de jeunes au Futurosport, Paco a débuté en équipe Première durant la saison 2002-2003.  » Lorsqu’on m’a téléphoné pour la première fois pour m’informer que je faisais partie du groupe, j’ai appelé toute ma famille et tous mes amis. Je n’y croyais pas. Tout le monde est venu au match, et lorsqu’ils m’ont vu m’échauffer, ils étaient dans tous leurs états. Je suis resté sur le banc contre Malines et le Standard, puis j’ai fait une première apparition dans la dernière demi-heure contre Bruges. J’ai fêté une première titularisation contre Saint-Trond. J’ai dû sortir, victime de crampes, tellement j’avais couru. J’ai joué une bonne partie du deuxième tour, qui n’avait pas été brillant, mais pour un jeune comme moi, il valait peut-être mieux apprendre dans la difficulté. Je dois remercier Staelens, car c’est lui qui m’a lancé. On a prétendu qu’il y avait trop de jeunes dans l’équipe, à l’époque, mais je crois aussi que l’entraîneur a été abandonné par plusieurs anciens. Certains ont abusé de sa gentillesse. D’autres m’ont beaucoup aidé, comme SteveDugardein et AlexTeklak. Après le match au GBA, Steve m’a d’ailleurs envoyé un message de félicitations, en m’informant qu’il continuait à me suivre depuis la France, via la presse « .

Suivi par Juan Lozano

Paco a tapé dans l’£il de beaucoup de gens.  » Un jour, JuanLozano était venu suivre un match à Mouscron à l’époque de Staelens et depuis lors, il prend régulièrement de mes nouvelles. J’en suis très fier « .

Avec Georges Leekens, Paco a traversé une période plus difficile.  » Je sortais d’une demi-saison où j’avais joué quasiment tous les matches et je m’attendais à continuer dans cette voie. Or, déjà en période de préparation, je ne suis pas monté une minute au jeu. Ma blessure n’a rien arrangé, mais j’ai continué à travailler. Je me suis dit qu’à 17 ans, il ne servait à rien de commencer à râler. En fin de compte, je ne regrette pas d’avoir eu Leekens comme entraîneur. Sous sa direction, j’ai progressé physiquement et mentalement. Je me suis forgé le caractère. Il m’a exhorté à jouer en une touche de balle, alors que naturellement, j’ai plutôt tendance à être amoureux du ballon « .

L’arrivée de Saint-Jean fut un cadeau :  » Lorsque j’ai appris que son nom commençait à circuler pour la succession de Leekens, j’ai prié pour qu’il soit choisi. J’avais déjà travaillé avec lui au Futurosport et j’en ai énormément appris. Il n’existe pas de meilleur entraîneur pour un jeune. Lorsqu’il est parti à Tubize, mon père est resté en contact régulier avec lui. Mais maintenant qu’il est mon entraîneur en équipe Première, il ne l’appelle plus. Cela ne se fait pas « .

Philippe Saint-Jean croit beaucoup en Paco Sanchez, qu’il considère presque comme son fils spirituel, au risque de susciter des jalousies parmi d’autres joueurs.  » Je ne dois pas faire attention à cela « , estime Paco.  » Si l’entraîneur m’apprécie, tant mieux. Ce que d’autres en pensent, ce n’est pas mon problème. Je dois simplement veiller à démontrer sur le terrain que je mérite ma place. J’ai travaillé pour arriver où je suis, mais je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin. Le plus dur n’est pas d’obtenir un contrat, c’est de l’honorer. Je veux me montrer digne de la confiance dont on me témoigne. Pour l’instant, les résultats ne suivent pas. Lors de mes trois premières titularisations, on avait à chaque fois perdu 1-3 : à La Louvière, contre le Lierse et au GBA. Contre Charleroi, j’ai pensé qu’on allait enfin prendre un point, mais la pièce est encore tombée du mauvais côté. L’ambiance reste bonne même si certains, dans leur coin, commencent à parler. J’ai parfois l’impression que l’un ou l’autre aimerait que Leekens revienne. J’espère, en tout cas, que Philippe Saint-Jean ne sera pas inquiété malgré les mauvais résultats. Lui-même ne changera jamais sa philosophie.

Malgré tout, jouer dans une équipe qui ne tourne pas, ce n’est pas un cadeau pour un jeune. Même si je continue à progresser. A force de jouer, j’acquiers le rythme de la D1, car jouer en Réserve, ce n’est pas pareil. Je récupère de plus en plus de ballons et je n’hésite pas à donner de la voix, même vis-à-vis des anciens. Je travaille beaucoup les duels, ainsi que la souplesse des hanches, ce qui améliore la fluidité dans les gestes techniques. Au niveau du placement, j’avais déjà acquis une base chez les jeunes. Même si je commets encore des erreurs, je pense me débrouiller dans ce domaine. Mais j’aimerais tant pouvoir fêter une victoire dans la peau d’un titulaire « .

Daniel Devos

 » J’espère que Philippe Saint-Jean NE SERA PAS INQUIéTé  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire