P’tit Gaumais

Le point avec Michel Renquin, l’entraîneur suisse du plus grand club de la province de Luxembourg.

M ichel Renquin (55 rencontres pour les Diables Rouges) a certes remplacé un Michel Le Flochmoan qui avait passé sept saisons au service du club gaumais mais la plus grosse perte a sans doute été celle du buteur français Daniel Gomez, parti à Aix-La-Chapelle.

Après dix journées de championnat, Virton occupait la huitième place de l’antichambre, dont la première tranche a été remportée par le Verbroedering Geel.

 » Je suis satisfait de cette première partie de championnat « , déclare Renquin.  » Je ne pensais évidemment pas, en arrivant en Gaume, que mon équipe prendrait la tête du classement. De nombreux joueurs ont quitté le club durant l’intersaison et d’autres sont arrivés. Et un changement d’entraîneur n’apporte pas toujours la solution miracle. L’équipe est parvenue, au fur et à mesure des matches, à quadriller le terrain de manière beaucoup plus efficace et cela suffit à m’enchanter en réalité « .

Cependant, Virton a affiché, lors de sa dernière rencontre perdue 3-1 à Ingelmunster, son manque d’expérience et de concentration. L’explication n’est pourtant pas compliquée.

 » Etant donné les départs et le rajeunissement souhaité par le président, José Allard, nous n’avons pas encore acquis tous les automatismes voulus. L’équipe possède de très beaux moyens footballistiques, mais le groupe doit encore mûrir. J’ai un noyau de 15 titulaires potentiels et quatre à cinq autres éléments sont en passe de le devenir. Nous n’avons, en fait, aucune forte individualité. Par conséquent, le collectif constitue notre atout majeur. Suite à notre défaite, notre attaquant Emmanuel Coquelet avait livré une excellente analyse. D’après lui, si on oublie de jouer en équipe, nous éprouvons les pires difficultés. Je le soutiens totalement dans ses propos. Financièrement, nous n’avons absolument pas les moyens de nous payer un joueur pouvant faire la différence et je ne sais pas s’il nous aiderait vraiment.

Actuellement, la blessure à la cuisse de Michaël Wiggers, notre ailier droit, nous pose un sérieux problème. Je n’ai pas d’alternative type pour cette place et je m’inquiète donc. Il va falloir effectuer une redistribution des rôles. D’autres solutions pourraient être apportées à ce problème. Par exemple, le milieu Nicolas Derhet en constituerait une. J’attends également, avec impatience les retours de blessures de nos deux attaquants, Thomas Lebrun et Mathieu Godard.

Ces problèmes de blessures ont de fortes répercussions car nous évoluons en 4-4-2 basique et chaque joueur doit bien connaître son rôle pour pouvoir tenir sa place. Et toutes les positions sont également importantes. Mais en cas de succession de résulats négatifs, notre tactique pourrait changer « .

Cette saison, l’objectif souhaité par José Allard est resté le maintien. L’intelligence et l’ingéniosité de cet homme ont séduit Renquin. Ce dernier a donc signé à Virton pour un an avec une option pour une saison supplémentaire. Avant de parapher ce contrat, Allard l’avait mis au courant des moyens financiers restreints mais ça ne l’a pas du tout effrayé.

 » On a les moyens qu’on a « , philosophe Renquin.  » J’ai vraiment été étonné par mon nouveau club. Ce dernier possède une structure exceptionnelle qui s’est construite sur le long terme. Le président est quelqu’un de très sage et de très dévoué. Si le club est encore en D 2, c’est grâce à lui. Sa vision de son métier me convient parfaitement car au niveau sportif, il me laisse carte blanche. On aurait pu penser que la succession de Le Flochmoan allait être délicate, mais je considère m’en être plutôt bien tiré pour l’instant. Le staff technique est également à encenser car il a une grande part de responsabilités dans nos résultats plus qu’encourageants.

Le maintien est vraiment primordial, surtout pour le public. Son affluence au stade ne m’a pas vraiment surprise car on m’avait mis au courant de son assiduité. Une si petite commune et autant de supporters, c’est beau ! De plus, ceux-ci représentent 50 à 60 % de notre budget car nous n’avons pas beaucoup de sponsors. Chaque week-end, on se bat pour eux. Le niveau de la D2 est assez solide mais tout le monde peut vaincre tout le monde. Ça a failli être le cas face à Zulte Waregem, actuel deuxième. Nous menions 1-0 mais nous avons malencontreusement encaissé dans les dernières minutes. Mais en football, les résultats dépendent évidemment de nombreux paramètres. L’arbitrage en constitue un et je dois dire que son niveau m’a stupéfait. Dans aucune rencontre, nous n’avons été avantagés ou désavantagés. Les arbitres sont en général jeunes et vu leur condition physique ont dû effectuer un excellent travail à tous points de vue. Beaucoup sont déjà prêts pour l’élite et je leur tire mon chapeau « .

 » L’amateurisme c’est triste et beau à la fois  »

Le club de la Gaume a toujours compté dans son noyau une majorité d’amateurs et cette année, ça n’a pas changé. Raison budgétaire oblige !

 » L’amateurisme, c’est triste et beau à la fois. La plupart de nos joueurs ont un emploi du temps très chargé. Cependant, ils font preuve d’une motivation exemplaire et mettent souvent en exergue leur amour du club, ce qui devient assez rare chez les professionnels. Nombreux sont ceux qui quittent leurs couleurs seulement pour l’argent ou qui ne jouent plus que pour cela sans s’identifier à leur club. Attention, il y a encore d’excellents professionnels. Pour les entraîneurs, c’est la même chose. Robert Waseige, qui a été l’entraîneur qui m’a le plus marqué dans ma carrière de joueur, vient de signer à Charleroi. Beaucoup de personnes considèrent ce transfert comme un retour sentimental mais il ne faut pas rêver. Il était au chômage et il a reçu une offre qu’il a saisie immédiatement… Au niveau de l’amateurisme, j’avais connu la même situation dans mon ancien club suisse, Delémont. Nous sommes parvenus à monter en D1 alors que nous avions le plus petit budget de la série. Mais le club a finalement été contraint de retourner en D2 pour manque de moyens financiers. Le championnat de D1 suisse a subi de profondes modifications, il est vrai. La Super Ligue ne compte plus que dix clubs qui s’affrontent à quatre reprises durant la saison. Les plus grosses cylindrées, telles que Bâle, le Servette ou encore le Grasshoppers Zurich, ont survécu au changement et le niveau de la compétition – dans ce qu’il a de meilleur – est réellement égal à celui de la Belgique, trop souvent surestimé. La preuve en est que la Suisse a obtenu son ticket pour l’EURO portugais « .

Michel Renquin est encore très fort attaché à la Suisse où sa famille est d’ailleurs restée. Ses enfants y poursuivent leurs études. Le fait de revenir en Gaume est en quelque sorte un retour aux sources pour l’ancien Diable puisque son village, Wibrin, ne se situe qu’à une dizaine de kilomètres de Virton.

 » Je suis désormais de nationalité suisse uniquement, mais je ne vous cache pas que la Belgique reste mon pays… de coeur. Je suis vraiment heureux de retrouver ma province de Luxembourg. Mon objectif, cette saison, est de me donner à fond pour le club. Je n’ai aucun plan d’avenir concernant ma carrière. J’exerce mon métier principalement pour les supporters et pour la région. C’est la motivation la plus saine. Une chose est sûre : je ne suis pas venu à Virton pour l’argent ! Ma plus grande satisfaction est d’entraîner la meilleure équipe de la province « .

 » Bravo aux arbitres. Nous n’avons jamais été avantagés ou désavantagés « 

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