OUT avant les quarts !

J’écris avant les quarts de finale, vous lirez avant les demis. Je dois donc me garder d’ânonner de grandes théories… que ces quarts auront déjà contredites : le plus futé est ainsi de me borner à évoquer les éliminés du premier tour ! Ils étaient alors huit à avoir déjà bouclé la boucle portugaise : cinq petits, trois grands… et les cinq petits ont davantage le droit de cultiver amertume ou regrets ! La Suisse récolte la médaille d’or de l’attrape-nigaudage. Un, elle tient la Croatie en échec en jouant 40′ à dix. Deux, elle n’est menée que 1-0 contre l’Angleterre à la 60′ lorsqu’elle ramasse un carton rouge… que devait recevoir WayneRooney à la 17′, quand il a essayé d’arracher la tronche de JörgStiel en lançant en avant ses orteils pleins de studs. Trois, la Suisse résiste longtemps à la France sans avoir pu aligner AlexanderFrei, son atout offensif suspendu pour propulsion inopportune de salive.

Ne me croyez pas suissophile : j’ai simplement regardé les petits comme j’aurais regardé les Belges… et j’en ai souvent conclu que notre frustration de Brésil-Belgique en 2002 (but annulé de MarcWilmots qu’aucun Belge n’oubliera jamais, et que tous les non- Belges ont gommé de leur mémoire) était un fait banal et récurrent, pour tout qui n’appartient pas au gratin. Car les fautes suisses furent similaires à moult autres n’entraînant nul carton. Car, si méprisable soit-il, le jet d’écume en pleine poire restera toujours moins dangereux que le jet de studs dans la même cible. Le 0/9 des Bulgares n’empêche pas qu’ils puissent cultiver des regrets. Quant aux Lettons, contre l’Allemagne, ils se sont fait voler comme dans la Forêt-Noire. Et j’invite les plus mordus d’entre vous à revisionner les trois matches des Russes en vous mettant dans leur peau : vous auriez tous pleuré pour SergeiOvchinnikov

Les trois grands maintenant. Ou plutôt, les équipes nationales de trois grands championnats parmi les cinq friqués, ce qui n’est pas la même chose. Pas la moindre gouttelette de larme pour la Mannschaft : elle termine avec 2 points sur 9, et le jour est proche où elle alignera dix gars aussi excitants que TorstenFrings. Et surtout, elle termine ses trois matches sans exclu ni suspendu, alors qu’elle compte en ses rangs le roi des poulpes, le ventouseur d’élite, le rapide des bras même s’il est lent des jambes, j’ai nommé ChristianWörns ! Celui-là résume à lui seul toute l’imbécillité du non-recours à la vidéo, du refus de sanction a posteriori (sauf pour le crachat !) : photographes du monde, si vous prenez un jour un cliché où Wörns est aux prises avec un adversaire sans le ceinturer ni lui tirer le maillot, vous pourrez considérer qu’il s’agit de la photo sportive du siècle !

Pas non plus de chagrin pour les Ibères et leurs 4 points : ils n’avaient de supérieure au Grecs que la masse salariale de leurs individualités. Par contre, il me reste quand même quelques larmes pour la Squadra, 5 points comme les deux qualifiés de son groupe, à nouveau éjectée sans avoir été vaincue, cette fois via les comptes d’apothicaire au lieu des tirs au but : ça commence à faire beaucoup de malchance au grand bingo du foot ! Je n’ai pas trouvé l’Italie plus frileuse qu’en 2002, et dire après coup qu’il s’agit d’une défaite de la prudence est un peu facile : avec une balance de six gars d’abord défensifs (arracher, récupérer le ballon) pour quatre sur lesquels reposent construction et animation offensive, l’Italie était dans la norme, ni plus ni moins. En fait, la Squadra n’a pas de meilleurs attaquants que bien d’autres, surtout quand Christian Vieri reste sur le banc et quand Francesco Totti paie la facture d’une FIFA gardienne d’une éthique bien partiale et partielle… Trois détails transalpins pour terminer. Je n’ai pas aimé Marco Materazzi qui, chaque fois que je le vois, me semble à ranger dans la catégorie des poulpes. Je ne partage pas l’enthousiasme de certains pour Andrea Pirlo, trop à mon goût joueur de type cul-dans-le-beurre-dans-rond-central : de type  » J’arrache pas, j’infiltre pas, je distille et rien d’autre…  » Par contre, je m’en voudrais d’oublier de dire que Gianluca Zambrotta est un joueur fantastique et mésestimé. Na !

par Bernard Jeunejean

 » Notre FRUSTRATION DE BRÉSIL-BELGIQUE est un fait banal et récurrent, pour tout qui n’appartient pas au gratin « 

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