Où sont nos mecs ?

Seul Malisse a gagné un match dans le tableau masculin. Mais, plus que les défaites, ce sont les analyses qui inquiètent…

Il y a encore quelques mois, Justine Henin aimait passer son temps en jouant à la PlayStation. Son jeu favori : le karaoké. Depuis quelques mois, elle pourrait sans conteste interpréter, en le biaisant quelque peu, un tube de Patrick Juvet : -Où sont les hommes ? Ou plus exactement : -Où sont les joueurs belges ?

Question qui n’aura pas trouvé de réponses à l’US Open puisque nos quatre représentants n’ont, ensemble, gagné qu’un seul match ! Dès le troisième tour, il n’y avait plus de Belges dans le tableau masculin. Si ces défaites ne sont pas dramatiques, les analyses des perdants inquiètent.

Positif : Darcis

Bonnes nouvelles quand même de Steve Darcis (ATP 137) et de Xavier Malisse (ATP 67). Le premier a vécu un été exceptionnel, gagnant le tournoi de Amersfoort et réussissant quelques perfs de haut niveau. Il était intéressant de voir comment il réagirait en reprenant le chemin des qualifications quelques jours après une défaite surprise face à un joueur inconnu au tournoi du Bronx. On fut vite rassuré puisque, toujours concentré et en confiance, il passa les deux premiers tours sans encombre avant de s’imposer en trois sets face au Brésilien Julio Silva (ATP 166). Ce succès lui ouvrait pour la toute première fois les portes du tableau final d’un Grand Chelem.

Ce qui généra chez le Liégeois une émotion bien légitime :  » Je suis plus ému que lors de ma victoire à Amerfsoort. Disputer son premier Grand Chelem constitue un moment très fort. Pour moi, il s’agit d’une véritable renaissance. Quand je pense que, fin 2006, je me déplaçais en béquilles et qu’une dizaine de mois plus tard je jouais un premier tour de l’US Open… D’autant qu’à certains moments, j’avais pensé arrêter le tennis. Heureusement, mon entourage m’a convaincu de poursuivre « .

Ce premier tour n’allait cependant pas s’apparenter à une partie de plaisir car Darcis était opposé à l’Allemand Tommy Haas (ATP 10) face auquel il mena cependant un set à zéro avant d’être assez proche de doubler la mise. Las, l’expérience de l’Allemand lui permit d’inverser la vapeur et de s’imposer en quatre sets.

Darcis : » Je suis satisfait de la manière mais déçu par le résultat. Je pense que j’aurais pu mieux négocier les points importants et gagner également le deuxième set. Cela étant, je pense avoir démontré à New York que mes résultats de l’été n’étaient pas dus au hasard et que je pouvais désormais battre les meilleurs. Maintenant, je me fixe comme objectif l’entrée directe dans le tableau final de l’ Australian Open en janvier prochain « .

Positif : Malisse

L’autre bonne nouvelle est venue de la raquette de Xavier. On ne l’avait plus vu depuis le mois de février dernier et son abandon au tournoi de Memphis alors qu’il était sur un petit nuage au lendemain de son triomphe à Delray Beach. Jamais, depuis le début de sa carrière, X-man n’était apparu aussi régulier et, sans ce poignet récalcitrant, il aurait sans doute réalisé une de ses meilleures saisons, si pas la meilleure. Son retour à la compétition était attendu car six mois d’arrêt dans le tennis masculin peuvent se révéler destructeurs.

 » Je suis évidemment heureux d’être là mais je n’attends rien de ce tournoi si ce n’est retrouver mes sensations « , déclarait Xavier avant son premier match. Le premier tour face au Danois Kristian Pless (ATP 98) tombait à point nommé : il n’est ni une terreur, ni un serveur/volleyeur. Il allait permettre à Malisse de frapper de nombreuses balles, lors d’échanges assez longs, ce qui est primordial pour un premier match. Tout se passa pour le mieux, Malisse faisant preuve d’un calme de bon aloi et d’une efficacité étonnante. Il s’imposa en quatre sets et près de trois heures de jeu :

 » Je ne pouvais pas rêver d’un meilleur retour. Non seulement j’ai gagné mais, surtout, je n’ai pas eu mal du tout au poignet et j’ai bien tenu physiquement. Mais je ne suis pas certain que j’aurais pu jouer un cinquième set…  »

La suite fut moins heureuse car, face à David Nalbandian (ARG, ATP 24), Malisse ne parvint jamais à se montrer suffisamment agressif pour faire trembler celui qui le priva de la finale du Wimbledon 2002. Reste que Xavier est bel et bien de retour et qu’il est le seul Belge à avoir gagné un match de simple cette année sur le ciment de Flushing Meadows.

Négatifs : Rochus et Vliegen

Olivier Rochus (ATP 54) et Kristof Vliegen (ATP 82) n’ont effectivement pas gagné de match. Ni même un set. Le premier a pris une véritable correction (6-0 6-3 6-1) face au redoutable Américain Robby Ginepri (seulement 64e mondial mais demi-finaliste à New York il y a deux ans) et le deuxième s’est incliné assez logiquement devant Ivan Ljubicic (CRO, ATP 12). Une fois encore, précisons qu’il n’y a rien de déshonorant à perdre face à ces deux joueurs. Par contre, ce qui entoure ces défaites est plus inquiétant. Vliegen, par exemple, avancera après son match qu’il se sent  » limite bien  » et qu’il  » n’attend plus rien de 2007 « . Quant à Rochus, il dira sans rire que  » le score face à Ginepri ne reflète pas exactement la manière dont le match s’est déroulé « .

Avant son match, Vliegen affirmait aussi qu' » il savait pourquoi les résultats n’avaient pas suivi cet été  » mais qu’il n’en donnera pas les raisons. Dans le même temps, Olivier Rochus confessait  » attendre le déclic « …

Une autre phrase de Vliegen a également décontenancé les observateurs. Alors qu’on lui demandait les raisons pour lesquelles il ne disputait pas le double aux côtés de son pote Olivier, Kristof, laconique, répondit :  » Il m’a envoyé un sms pour me dire qu’il ne jouerait plus avec moi car nous n’étions plus assez bons « .

En soi, cette nouvelle n’a rien d’alarmant. Elle témoigne pourtant d’un état d’esprit pessimiste. Si on se souvient bien, Olivier avait été le premier choqué lorsque Malisse – avec lequel il avait gagné Roland Garros – lui signifia par un coup de téléphone qu’il ne désirait plus s’aligner en double avec lui. On se rappelle aussi que Rochus et Vliegen ont fait front ensemble pour barrer la Coupe Davis au même Malisse. On soulignera encore que le coach de Rochus n’est autre que Julien Hoferlin, le capitaine de Coupe Davis. Qui, sans aucun doute, fait tout son possible pour que son poulain joue avec Vliegen afin de préparer les matches internationaux. Malgré cela, la séparation entre les deux Belges semble consommée. Ce qui tend à prouver qu’il y a bien le feu dans la maison Belgique et qu’il est nécessaire d’y remettre de l’ordre en ôtant le pouvoir que certains joueurs se sont conféré et en intégrant dans le team l’expérimenté Malisse et le novice Darcis.

On nous dira que cela n’a pas grand-chose à voir avec les résultats très moyens des joueurs belges à l’US Open. On n’en est pas si certain. Depuis quelques mois, les meilleurs Belges cherchent leur voie. Ils doivent dès lors se concentrer exclusivement sur leur métier et ne pas s’occuper de missions autres.

par patrick haumont

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