Où sont les limites des Rouches ?

Vendredi dernier, à quelques heures de Germinal Beerschot-Standard, le grand patron du Standard Luciano D’Onofrio a été courir en forêt. Il se tape, certes, plusieurs joggings hebdomadaires, mais sans doute a-t-il été courir ce jour-là pour être bien relax lors du match qu’il suivit dans les tribunes du Kiel où ses Rouches jouaient gros. Sans ses deux spécialistes de la construction blessés StevenDefour et GregoryDufer, le leader a écrasé son hôte anversois en première mi-temps. Le pressing défensif était très haut et en deux passes, l’attaque liégeoise se créa au moins une demi-douzaine d’occasions du but. En convertir deux est peu, mais c’est sans doute là le seul point faible de l’équipe. Pour le reste, la Belgique entière voit dans l’équipe de Michel Preud’homme le futur champion. C’est d’autant plus vrai qu’elle ne fonctionne pas actuellement à 100 % étant donné les deux absences mentionnées plus haut. Au complet, un Standard est capable d’alterner son power-play sans pitié et un jeu plus patient et plus réfléchi ; une combinaison qui le rend normalement invincible.

Quitte à prétendre viser le doublé championnat-Coupe ?  » Holà ! « , dit D’Onofrio.  » On veut gagner tous nos matches mais sans se prendre la tête, hein…  » Le boss de Sclessin sait parfaitement que le succès est toujours très voisin de la défaite et ne pardonne jamais d’être négligé. Est-ce pour ça que D’Onofrio était allé engueuler son équipe à la mi-temps à Westerlo parce qu’elle jouait en dessous de son niveau ? Sa réponse est claire comme de l’eau de roche :  » Je n’ai plus le droit d’aller dire bonjour à mes joueurs maintenant ? »

On écrit ceci dimanche dernier, entre la victoire anversoise et avant le match aller des demis de la Coupe contre La Gantoise. Quelques jours de différence qui peuvent changer les perspectives. Et si le Standard visait le doublé maintenant ?  » On joue pour gagner tous nos matches « , disait D’Onofrio.

Un raisonnement tout aussi clair… et imparable si on veut éviter les retours de bâton qui arrivent plus vite qu’on ne le croit. Remember le Beerschot. En deuxième mi-temps, le Standard veut préserver le 0-2 au lieu de tuer le match et on commence insensiblement à reculer et à donner de l’espace à l’adversaire, qui en profite pour devenir de plus en plus menaçant. Une équipe contente du score est une équipe qui zappe son match. Prenez le retour d’Anderlecht au Bayern Munich jeudi dernier. Après neuf minutes, c’est 6-0 au total pour les Bavarois qui font des efforts pour rester concentrés mais qui, inconsciemment, ne sont plus là pour gagner à tout prix. Faites la différence avec la mentalité des légionnaires du Commandant AlbertCartier : eux sont là pour tout écraser. Ils jouent bien et à la limite de l’admissible (ils peuvent s’estimer heureux qu’ AdrianoDuarte et Fadel Brahami n’aient pas été exclus samedi dernier). Mais c’est avec une envie constante de tout bouffer qu’on gagne et qu’on continue de gagner. Un état d’esprit qui doit être omniprésent sous peine de krach. La preuve, le Bayern s’est fait plumer 2-0 le week-end dernier à Cottbus, dernier de la Bundesliga. Et dire que quand les joueurs d’ OttmarHitzfeld avaient planté cinq buts au Stade Constant Vanden Stock, on parlait d’équipe intouchable, mondiale, hors catégorie…

L’avenir du Standard est rose. Grâce à Preud’homme, sa force fondamentale est d’être offensif, en force ou en finesse. Les Rouches ont une défense de fer mais veulent toujours marquer plus que l’adversaire. Cette attitude permet d’être dominant et de progresser ; même si on se troue à l’occasion. Anderlecht, par exemple, avait pris le virage inverse avec Aimé Anthuenis, Hugo Broos et Frankie Vercauteren qui ont accordé trop d’importance à l’organisation (on sait ce que ça veut dire). Ils ont perdu une richesse qu’ Ariel Jacobs, en bon archéologue, parvient à déterrer.

Autre exemple : le football français qui touche le fond en coupes d’Europe. On marque peu en L1 parce qu’on n’apprend plus à le faire. Du coup, le niveau chute… Pour gagner il faut marquer. Et pour marquer, il faut s’en donner les moyens.

PAR JOHN BAETE

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire