Où est la vedette?

Trois mois et demi après son entrée en fonction, le directeur-général du RSCA fait le point, notamment sur l’aspect sportif.

Alain Courtois: J’ai établi une structure qui repose sur trois axes: l’administratif, le commercial et le sportif. Ceux-ci ne seront plus gérés par un seul manager, Michel Verschueren, mais par trois personnes responsables à la fois du budget et de la matérialisation des divers objectifs y afférents. Dans la pratique, cette nouvelle donne engendrera bien évidemment une modification plus profonde au sein de ces deux derniers départements que dans le premier, nettement plus rigide.

Au plan commercial, vers quoi s’oriente-t-on?

Anderlecht se doit en premier lieu d’améliorer sa communication. Nous ne sommes pas suffisamment à la page, dans ce domaine, et c’est une lacune quand on sait que le club interpelle des dizaines de milliers de personnes. Quelques chiffres sont quand même éloquents à ce sujet: 550.000 spectateurs assistent annuellement aux matches de l’équipe Première, près de 300 sociétés ont pignon sur pelouse au stade Constant Vanden Stock, et le website du club reçoit 12.000 visites par jour. Il n’en reste pas moins que notre indice de pénétration peut encore être amélioré. Au vu de la fréquentation du Parc Astrid, il apparaît par exemple qu’en matière d’abonnés, nous ne concernons que 2% à peine des Bruxellois. C’est trop peu pour le club de la capitale de l’Europe. Il y a une belle marge de progression dans ce domaine et je ne cache pas que j’aimerais voir meublées les quelque 5.000 places qui restent à pourvoir dans notre stade par ces Bruxellois. A cette fin, dans un tout premier temps, nous comptons distribuer gratuitement notre bulletin de club, Anderlecht Sports, complètement relooké lui aussi, dans la commune. Plus tard, il n’est pas interdit de penser que cette initiative sera étendue aux autres communes. Dans un même ordre d’idées, nous songeons aussi à l’implantation d’un nouveau fan-shop à l’aéroport et, ultérieurement, dans le centre-ville. Car si le fan ne vient pas à nous, il faut qu’on aille à lui. Même si l’idéal reste le premier cas de figure, évidemment.

Des navettes vers le stade

Comment procéderez-vous pour que ce public-là rallie le stade?

J’ai l’impression que dans l’esprit de beaucoup de gens, le Sporting est associé à une élite. Et c’est vrai que les loges et business seats ont contribué à façonner cette image ces dernières années. Mais ces secteurs ne concernent jamais qu’un bon dixième du public qui rallie notre enceinte. Pour ce nombre restreint, le club a aisément pu trouver la parade en ce qui concerne la restauration et les facilités de parking. Nous planchons actuellement sur des projets qui visent à agrémenter la frange, nettement plus nombreuse, de nos véritables inconditionnels. Au nombre de ceux-ci, je mentionnerai par exemple l’instauration de navettes vers le stade. Ce ne sont pas les grandes surfaces qui manquent sur le territoire de la commune. Comme Cora, notamment. Dès lors, pourquoi ne pourrions-nous pas trouver un terrain d’entente avec elles pour que les sympathisants anderlechtois abandonnent leur véhicule là-bas?

En matière d’ancrage dans la capitale, on fait état, çà et là, d’une présence anderlechtoise quotidienne sur Télé Bruxelles.

Des contacts ont effectivement eu lieu en ce sens mais, depuis lors, d’autres chaînes se sont manifestées. Canal+, entre autres, qui songeait déjà à une émission intitulée Canal Mauve. Mais aussi, pourquoi le dissimuler, une chaîne publique. C’est la preuve qu’Anderlecht intéresse pas mal de monde. Il nous incombe, de notre côté, d’exploiter tant et plus cette manne aussi. Comment? Par la diffusion de messages publicitaires, par exemple. A cet égard, le marquoir, qui ne servait jusqu’ici qu’à donner la composition des équipes et indiquer le nombre de spectateurs, sera remplacé, dès l’été prochain, par un autre tableau électronique multi-fonctionnel. Il véhiculera non seulement des informations commerciales mais aussi des messages destinés plus spécialement à nos supporters. A partir de la saison à venir, toutes les tribunes seront colorées également. De la sorte, le détenteur d’un ticket jaune saura d’emblée où se rendre dans le stade. Actuellement, cette recherche de place relève encore par trop souvent du véritable casse-tête. Nous développerons, de surcroît, une zone neutre, destinée à sécuriser tant et plus nos fidèles partisans. A leur intention, nous songeons à développer également, à l’instigation de ce que font les grandes surfaces, une carte destinée à servir de moyen de paiement au sein même du stade, que ce soit à la billetterie, à la cafeteria ou au fan-shop. D’autre part, nous veillerons aussi à reconsidérer l’aspect festif. Le football ne se limite pas à 90 minutes. Il doit donner lieu à des réjouissances aussi bien avant qu’après le match. Le Racing Genk l’a bien compris, qui prévoit une animation débordant le cadre de la rencontre. Nous devons nous inspirer de cet exemple. Nous sommes à la traîne par rapport à certains.

Un centre sportif à Neerpede ou ailleurs

Quid du volet sportif?

Ma priorité, c’était la création d’un centre de formation, que j’ai rebaptisé, depuis lors, centre sportif. Il faut qu’il abrite à la fois le noyau pro et les meilleures équipes de jeunes. J’ai remis un dossier à la commune avec nos desiderata: une superficie totale de sept à dix hectares, avec sept aires de jeu et un bâtiment central. Neerpede pourrait répondre à ce critère, pour peu que 67 ares y soient libérés. La balle est dans le camp de la commune, dont nous attendons une réponse pour le 15 mai. En cas de refus, une délocalisation pourrait être envisagée. Une fois encore, le nom du Sporting ne laisse vraiment personne indifférent. Ni à Zellik, ni à Ganshoren, ni ailleurs en région bruxelloise (il sourit). Cet outil de travail m’amène tout naturellement à l’équipe Première, qui constitue le plus important, puisqu’elle est, ni plus ni moins, la vitrine du club. Cette saison, nous sommes indéniablement rentrés dans le rang à ce niveau étant donné qu’il est désormais acquis que nous ne nous produirons pas en Ligue des Champions mais en Coupe de l’UEFA. C’est la loi du sport et il faut l’accepter. Dès mon arrivée au club, j’ai soutenu qu’il fallait faire en sorte que les finances soient de moins en moins tributaires des résultats de l’équipe-fanion.

Compte tenu de nos diverses initiatives, je pense que nous sommes sur la bonne voie. La participation à la CE2, en 2002-2003, n’aura aucune répercussion majeure sur notre trésorerie. Dans l’état actuel des choses, nous pouvons composer avec une année sans. Mais, pour bien faire, nous devrions quand même pouvoir remettre les pendules à l’heure dès la fin de cette saison. En étant champion ou, à tout le moins, en participant à la Ligue des Champions.

Naguère, le président Roger Vanden Stock avoua qu’Anderlecht s’était blousé en matière de transferts et qu’il convenait désormais de privilégier la qualité. Or, les deux premiers transferts sont d’illustres inconnus: l’Australien Clayton Zane et le Finlandais Hannu Tihinen?

Ce n’est pas parce que le nom d’un joueur ne présente pas de consonances familières qu’il est automatiquement mauvais. Hannu Tihinen, pour ne citer que lui, a épaté la galerie lors du récent Portugal-Finlande, qui s’était soldé par un succès magistral (1-4) des Scandinaves.

On ne sait trop, à son propos, s’il est asthmatique ou s’il a le rhume des foins. Ce qui pose la question du screening médical au RSCA. Celui-ci est-il vraiment suffisant, et les médecins à la hauteur?

Je ne pense pas que l’on doive mettre en doute les compétences de cette antenne. Mais ce qui fait peut-être défaut, chez nous, c’est l’outillage indispensable pour effecteur des tests poussés. C’est pourquoi, à l’image du Standard, nous étudions pour l’heure les modalités d’une collaboration avec un hôpital universitaire.

Un noyau de 40 pros

Pourquoi Anderlecht ne met-il pas le prix pour engager un ou deux joueurs hors-normes? Ce faisant, il aurait dépensé moins que les 12 millions d’euros nécessaires à l’embrigadement des Mornar, Seol, Jestrovic, Hendrikx, Van Hout, Saïd et Thompson cette saison?

C’est une réflexion très pertinente, bien sûr. Personnellement, j’y serais favorable, quitte à raboter un effectif qui se composait quand même de près de 40 joueurs cette saison. D’un autre côté, si ces deux-là venaient à se blesser, Anderlecht aurait payé cher sans disposer de solutions de rechange. Il n’empêche qu’à mes yeux, une vedette ne serait pas superflue. En raison des futures difficultés de trésorerie des clubs des nations footballistiques fortes, dues à l’effondrement des droits télé, des opportunités se dessineront pour nous. Sans compter qu’un retour de Pär Zetterberg pourrait déjà fort bien faire l’affaire aussi. Le Suédois est, précisément, un de ces joueurs hors-normes, dont l’attrait auprès du public est évident.

Mais le Suédois aura 32 ans cette année, De Wilde 38, Ilic 33, De Boeck et Crasson 31, Vanderhaeghe 32, Hasi et De Bilde 31. C’est beaucoup, non?

Je le concède. Mais les meilleurs, cette année, auront été précisément ceux-là et non les plus jeunes comme Stoica ou Baseggio. Alors?

Garder Anthuenis?

De Boeck et De Wilde furent à l’origine d’une tentative de putsch. Celle-ci n’aura-t-elle aucune incidence pour eux?

L’affaire a pris des proportions démesurées mais chacun s’est amendé depuis lors. Aussi, le dossier est classé, une fois pour toutes. Comparaison n’est pas raison, mais j’ai vécu bien pire avec l’équipe nationale quand j’étais secrétaire-général de l’Union Belge.

Le nom de Raynald Denoueix, ex-entraîneur du FC Nantes, a été mis en rapport avec le RSCA récemment. Aimé Anthuenis sera-t-il toujours en place la saison prochaine?

Deux titres, deux participations à la Ligue des Champions et une qualification en Coupe de l’UEFA cette année. Qui dit mieux? Pourquoi aller chercher ailleurs ce que l’on a sous la main?

Bruno Govers, ,

« Si le fan ne vient pas à nous, on doit aller à lui »

« Notre trésorerie nous permet une année sans… »

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