Où en est le Club

Sous l’impulsion du grand Camerounais, les Brugeois ont retrouvé leur second souffle. Mais qui l’aide vraiment ?

Au début de la saison, le Club présentait un look très différent : pas de Dorge Kouemaha, pas d’ IvanPerisic ni de CarlHoefkens, trois footballeurs qu’on ne peut plus imaginer en dehors de l’équipe. Pas de MaximeLestienne ni de DaanVan Gijseghem, encore moins de PeterVan der Heyden. C’est moins important mais qui sait ?

En début de saison, Joseph Akpala était le leader incontesté de l’attaque. Oui, Akpala. Parfois dans un duo avec RonaldVargas ou NabilDirar, plus souvent encore associé à Wesley Sonck. Il a été titulaire jusqu’à la 11e journée, à l’exception du match à Mouscron, qui ne compte plus officiellement. Il a eu un certain rendement : quatre buts. Ce n’est qu’alors que le Kouemaha est entré en action, alors qu’il râlait, ne comprenant pas pourquoi il ne pouvait pas jouer…

Dans son club précédent, le MSV Duisburg. Kouemaha évoluait aux côtés de Sandro Wagner, l’avant que le Club convoitait en vain et qui porte les couleurs du Werder Brême depuis ce mois de janvier. A Duisburg, il évoluait généralement en pointe avec Kouemaha en décrochage. Traduction : le futur Brugeois courait après le ballon, reculait, centrait. Mais il marquait aussi. A Bruges, Kouemaha s’est d’emblée profilé dans le même registre mais Adrie Koster voulait qu’il joue à l’avant-centre. Le Camerounais devait donc s’adapter à de nouveaux défenseurs et à un niveau un rien plus élevé car aussi ambitieux soit Duisburg, il évoluait en 2e Bundesliga. Il a donc fallu un certain temps à Kouemaha pour devenir titulaire.

Le passage de témoin entre Akpala et Kouemaha survient aux alentours de la 11e journée, à la mi-octobre, en pleine campagne européenne, alors que les matches se suivent à une cadence rapide et que Koster a besoin de sang frais. Kouemaha devient le leader de l’attaque mais n’a pas de partenaire fixe. Contre Gand (1-0), il est flanqué d’Akpala mais l’expérience ne sera pas renouvelée. Bruges est convaincu de pouvoir évoluer en 4-4-2 avec deux avants pur-sang mais en pratique, c’est rare, si ce n’est en fin de match, quand il s’agit de forcer un résultat. Généralement, Kouemaha est flanqué d’un médian offensif doté d’accélération et de profondeur. Une fois, c’est Vargas, l’autre c’est Dirar. Sonck aussi, une fois, lors de la défaite 1-2 contre le Beerschot. Dirar ne devient le partenaire attitré de Kouemaha que lors des quatre derniers matches de l’année. A Waregem, le Camerounais obtient le soutien de Vargas, Dirar étant blessé.

Kouemaha a appris : à la demande de l’entraîneur, il ne décroche plus, il encaisse les coups des défenseurs plus haut. Son corps le lui permet. Quand un des deux défenseurs centraux couvre Dirar, sa puissance lui permet de mettre à profit son face-à-face avec le défenseur restant. Et il marque, dix buts déjà.

Le problème de l’équipe

Il peut encore mieux. Bruges a un atout : le danger peut survenir de partout. A l’exception de JonathanBlondel, médians et attaquants peuvent tous marquer. Le Club n’est resté muet qu’une seule fois cette saison, à Genk. 14 joueurs ont déjà délivré un assist. La dernière passe peut donc venir de tous les pieds (et têtes).

Le fait qu’un pion important de l’attaque, Dirar, obtienne un rendement aussi faible, constitue aussi le talon d’Achille du Club. Quatre assists et deux buts, c’est peu pour un footballeur qui compte 1.500 minutes de jeu dans la ligne offensive d’un grand club. Ajoutez-y la moindre période de Perisic et vous comprenez pourquoi le Club a récemment perdu des points. Car, après un brillant début, Perisic a marqué le coup. Cela lui était déjà arrivé la saison précédente, cette fois, c’est à cause de problèmes physiques mais quand même…

Vargas fait mieux, du moins sur base des chiffres : sept assists et cinq buts en 1.000 minutes. Les faits devront le démontrer mais peut-être constitue-t-il un meilleur complément à Kouemaha. Las, le Vénézuélien est fragile. Il a été titularisé à Waregem mais il n’a rien montré, handicapé par une ancienne blessure à la cuisse. En revanche, il a étalé sa classe à Anderlecht durant les quelques minutes qui ont précédé son exclusion.

Le Club peut progresser d’une autre façon. Il vient de perdre une autre arme, cruciale sur le plan international : les phases arrêtées. Du temps d’ Ivan Leko, qui amenait les phases, et de Philippe Clement, la meilleure tête de Belgique, cette combinaison était mortelle.

Nous avons parcouru les statistiques de toutes les équipes. Sans tenir compte des chiffres du week-end dernier, Saint-Trond a le plus mauvais rapport entre le nombre total de buts marqués et de buts issus de phases arrêtées : un but sur cinq provient d’un arrêt de jeu. Anderlecht est très fort dans les airs mais peu efficace : 21,2 % des buts bruxellois viennent d’une phase arrêtée. Le Club n’obtient que 25 %. Genk est le spécialiste du genre : 57 % des goals limbourgeois sont issus de ce genre de situations. Malines, Charleroi et Gand (l’effet de RandallAzofeifa ?) font à peine moins bien.

Après le départ de Leko, le Club n’a plus trouvé de spécialiste des coups francs ou plutôt, certains peuvent les botter mais sont utilisés dans un autre registre. Perisic a un bon tir mais il serait impensable de ne pas exploiter sa taille et son sens du but. Sonck est dans le même cas. Quand il joue, il est davantage finisseur que botteur. Nul ne semble actuellement en mesure de se charger systématiquement des coups francs et des corners. Ni Blondel ni Vargas,… qui les botte pourtant pour l’équipe nationale du Venezuela. Le Club a donc encore pas mal de travail.

par peter t’kint – photos: belga

« Nabil Dirar a le plus faible rendement du compartiment offensif. »

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