Notre consultant, Alex Teklak, décrypte l’animation offensive mise en place par Yves Vanderhaeghe à Ostende.

ANIMATION OFFENSIVE À DROITE

Les relations entre Canesin et Berrier sont à la base des offensives menées sur le flanc droit. L’obstacle rencontré dans les courses proposées par les deux joueurs se situe plus dans leur coordination que dans leur complexité. Berrier s’oriente souvent dans le dos du 6 adverse pour ensuite prendre la profondeur et l’espace libéré par Canesin, qui a emmené le 5 dans son décrochage. Cyriac et Musona seront présents dans le rectangle, sans oublier Siani en retrait. Ces lignes de courses doivent être effectuées dans un timing parfait, qui met l’adversaire dans une situation d’inconfort.

L’alternative consiste à prendre un appui profond sur Cyriac, qui décroche en emmenant le 4 adverse dans son sillage. Berrier se rend alors immédiatement disponible entre les lignes pour distiller les passes dont il a le secret. Sa cible sera Canesin, qui plonge en profondeur vers l’intérieur dans l’espace libéré par l’arrière central adverse.

ANIMATION OFFENSIVE À GAUCHE

La hauteur et la largeur de Lukaku le rendent souvent disponible, sans être mis sous pression par l’adversaire direct qui craint sa vitesse dans les 1 contre 1 et se place donc à l’intérieur du jeu pour jouer l’interception. C’est alors que la complicité entre Lukaku et Musona entre en jeu. La tonicité et la qualité du premier contrôle du Zimbabwéen lui permettent d’avoir l’avantage sur le 2 adverse, partagé entre l’idée de le suivre et celle de fermer son couloir à Lukaku.

Les mouvements en courbes de Musona sèment le doute dans l’esprit du défenseur en créant un espace de confort pour l’ailier du KVO et en ouvrant le couloir pour Lukaku. Jordan peut conserver sa vitesse sur de longues courses grâce à sa puissance. Il enclenche souvent ses sprints au niveau de la ligne médiane. Sa capacité à répéter ces efforts est usante physiquement et mentalement pour son opposant et lui permet de faire pencher le rapport de force en sa faveur.

ANIMATION OFFENSIVE AXIALE

Musona a le profil parfait pour évoluer en tant que deuxième attaquant. Il n’est pas rare de le voir se positionner très profond dans la zone axe gauche, dans les parages du 3 adverse. L’idée est de se rendre disponible entre les lignes en décrochant, et d’amener suffisamment l’arrière central avec lui afin d’ouvrir l’axe tout en gardant l’aisance nécessaire pour pouvoir se retourner et adresser la passe subtile en profondeur à destination de Cyriac.

La suite, on la connaît : l’Ivoirien est un pur attaquant de rupture qui adore ces situations à la limite du hors-jeu. Cette phase produit un grand nombre de face-à-face avec le gardien, comme on a pu le voir à maintes reprises depuis le début de saison (la majorité des buts d’Ostende ont été marqués en passant par l’axe) Le seul bémol, c’est le trop grand nombre d’occasions manquées, ce qui pourrait être préjudiciable en cas de rencontres fermées où peu de phases de ce genre se représenteront.

CONCLUSION

Yves Vanderhaeghe a opté pour une certaine continuité par rapport à l’héritage laissé par Vanhaezebrouck, dont il était l’assistant. Sa saison à Courtrai indiquait déjà qu’il n’allait pas bouleverser tactiquement un effectif habitué à une animation générale bien huilée.

C’est avec ces certitudes qu’il a entamé son mandat côtier : le rôle dévolu à Tomasevic à Courtrai a été repris par Jordan Lukaku. Il représente la base du passage de 3 à 4 derrière et inversement : dans ce système à géométrie variable, la construction de l’arrière se fait à trois et le repli défensif à quatre.

Les similitudes entre l’animation de Vanderhaeghe et celle de Vanhaezebrouck se retrouvent dans les profils : les qualités de passe et de percussion de Musona le rapprochent de Matton. La technique et les courses de Canesin en font le pendant de Dejaegere, Lukaku fait à gauche ce que Foket effectue à droite à Gand. Quant à Berrier, son travail entre les lignes peut être comparé à celui qu’effectue Milicevic.

Mais les profils offensifs ostendais apportent une nuance : les courses de rupture des Cyriac, Musona, Canesin et Lukaku sont alimentées par un passing très vertical qui fait d’Ostende une équipe très prolifique sur contre ou en attaque accélérée, là où Vanhaezebrouck veut plus de patience à la construction.

Dire qu’Ostende est incapable de garder le cuir serait réducteur vu les profils intéressants que le KVO possède au coeur du jeu (Siani, Berrier, Jali). Cet ensemble force l’adversaire à mettre en place un bloc bas et à  » laisser  » le ballon aux Côtiers, qui s’exposent alors aux contres. L’équipe est nettement moins équilibrée, et la reconstitution de la défense à quatre prend  » plus de temps « , avec le dos de Jordan Lukaku pour cible. Même s’il est très rapide, il ne peut pas faire de miracles.

L’introduction de Vandendriessche dans l’équipe de base avait pour objectif de conserver l’équilibre – le joueur ayant avoué que Vanderhaeghe exigeait de lui un rôle de contrôleur devant la défense – dans une équipe bâtie pour se qualifier pour les PO1.

PAR ALEX TEKLAK

Les courses de rupture alimentées par un passing très vertical en font une équipe très prolifique sur contre.

ALEX TEKLAK

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