ORIENTATION DE L’ADVERSAIRE

Faut-il le pousser vers la ligne de touche ou le faire entrer dans l’axe du jeu?

A l’instar de la majorité de ses collègues sur le continent, Raymond Goethals a un jour rappelé aux défenseurs latéraux de l’Olympique de Marseille qu’il faut orienter son opposant direct vers l’extérieur du jeu. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque Chris Waddle, 62 fois international, lui fit part de son profond désaccord avec cette façon de voir les choses!

La mise sous pression

En perte de balle, une des priorités est souvent de mettre le plus rapidement possible le porteur du ballon adverse sous pression. Il s’agit de placer sur chaque adversaire qui entre en possession du cuir, un joueur en barrage rapproché entre celui-ci et le but à défendre. Il n’est pas question ici d’aller en duel avec son opposant et de prendre ainsi le risque de se voir éliminer! On ne parle pas non plus de pressing car nous réservons ce vocable pour une action collective et concertée dont le but final est la récupération du ballon. La mise sous pression a pour but de limiter l’espace ainsi que le temps de jeu pour, à tout le moins, freiner la progression adverse et permettre ainsi à son équipe de s’organiser. L’accompagnement collectif de cette action est la formation du bloc-équipe. Empêcher la verticalisation du jeu et provoquer la faute technique sont des objectifs supplémentaires.

Pousser vers le flanc

Si cette situation se produit sur un des deux flancs, le défenseur latéral en barrage doit se placer vers l’intérieur du jeu. Il doit ouvrir légèrement le couloir entre lui et la ligne de touche pour induire son adversaire à tenter le débordement. Nous pensons habituellement que c’est la meilleure attitude tactique. En effet, on l’empêche ainsi non seulement de pénétrer dans l’axe pour tenter sa chance au but, mais on le met aussi du bon côté pour le tacler. En outre, n’importe quel joueur est plus limité dans ses actions et donc dans ses initiatives le long de la ligne qu’au centre du jeu! Cette conception est évidemment logique lorsqu’on défend le coeur du jeu avec deux marqueurs d’homme et un couvreur positionné derrière.

Inviter à rentrer dans l’axe

Cette façon de penser le jeu défensif latéral n’est pas unique. La conception diamétralement opposée existe et a ses adeptes! Se décaler légèrement vers l’extérieur et ouvrir ainsi l’axe du jeu induit souvent le porteur du ballon à tenter la pénétration par le centre. Dangereux? Pas nécessairement. Si l’organisation défensive propose suffisamment de joueurs centraux disponibles et capables de défendre, il est évident que le porteur du ballon rencontrera beaucoup de difficultés à progresser. Le risque de perte de balle sera très grand. Les chances de tir au but seront aussi limitées par le fait qu’il rentre sur son mauvais pied. Cette conception s’intègre particulièrement bien dans une défense à quatre à plat d’une équipe qui joue en zone et qui propose donc un bloc entre le ballon et son propre but.

Une culture anglo-saxonne

Mais ce choix n’est pas uniquement guidé par une conception du jeu en zone ou non. C’est aussi une question de culture. En effet, si les Anglais sont renommés pour délivrer d’excellents centres, ils sont aussi redoutés au niveau de leur jeu de tête. Chez eux, il faut donc à tout prix éviter les centres et donc les débordements. C’est la raison pour laquelle tout défenseur latéral anglais qui se respecte préfère pousser le porteur du ballon adverse vers l’axe du jeu et l’étrangler dans l’entonnoir défensif de son équipe. Voilà pourquoi les compatriotes de Chris Waddle évitent à tout prix d’ouvrir le couloir le long de la ligne de touche!

Proposition

De plus en plus d’équipes jouent aujourd’hui en zone. La mise sous pression du porteur du ballon adverse et la formation d’un bloc-équipe entre la balle et le but à défendre font partie du menu quotidien des équipes qui appliquent cette conception. Alors, ne serait-il pas opportun d’apprendre aussi à leurs défenseurs latéraux de pousser l’adversaire en possession du ballon vers l’intérieur du jeu? Mais peut-être ces formations ne sont-elles pas assez dangereuses sur les centres?

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