OPPORTUNISME

Pour la première fois dans la longue histoire des coupes d’Europe, l’UEFA s’est vue contrainte à remettre une journée complète de Coupe UEFA et la moitié du programme de la Ligue des Champions. On sait quels problèmes une telle décision entraîne, puisqu’il faut tenir compte des calendriers nationaux et internationaux pour disputer les matches postposés. Il est aussi possible que l’UEFA doive verser des indemnités aux clubs qui se sont déplacés pour rien. Sans oublier les frais inhérents à la fédération continentale elle-même, comme les indemnités des centaines de délégués et d’arbitres déjà sur place pour assurer le fonctionnement des dizaines de matches programmés.

Suite aux actions terroristes qui ont frappé les Etats-Unis, certains clubs avaient déjà insisté pour reporter les matches du 11 septembre, suite à un concours de circonstances. Quand la tragédie s’est produite, le matin à New-York, et que CNN a retransmis les premières images, tous les footballeurs sacrifiaient au traditionnel repos d’avant-match. Il ne leur a pas fallu longtemps pour se retrouver devant le petit écran. Quelques heures plus tard, lorsqu’ils ont rejoint le stade, ils étaient toujours sous le choc.

La semaine dernière, nous étions à Nantes, pour le match contre le PSV Eindhoven. Aucun des protagonistes n’avait vraiment envie de jouer. Les deux présidents, Kleber Bobin et Harry van Raaij, ont pris contact avec le Suisse Bernard Carel, délégué de l’UEFA. Celui-ci a appliqué à la lettre les consignes émanant de Nyon et déclaré que le match devait être joué, à moins que les autorités françaises ne décident souverainement d’interdire la tenue du match. L’UEFA s’appuyait sur les données suivantes pour maintenir les rencontres: vu l’état avancé des préparatifs et la présence de groupes de supporters dans le stade, il était préférable de jouer. Après avoir, bien entendu, respecté une minute de silence.

La raclée qu’a prise le PSV est peut-être liée aux événements mais les joueurs français avaient vu les mêmes images d’horreur et, contrairement à leurs collègues du PSV, ils semblaient y avoir puisé une source de motivation supplémentaire. Après le coup de sifflet final, Tom Egbers, le présentateur de la NOS, nous a confié que les Bataves étaient plus émotionnels que les Français (sic).

Il est clair que les chaînes TV ont eu une grande influence sur le comportement de nombreux clubs qui auraient préféré ne pas jouer mardi dernier. A Nantes, comme ce fut le cas partout, la NOS, TF1 et Canal+ France et Pays-Bas ont réduit à un strict minimum les retransmissions ne concernant pas le drame, quand ils ne les ont pas carrément supprimées. Beaucoup de matches ont été retransmis Sans commentaire, les radios sont restées muettes. A juste titre, les images en provenance d’Amérique avaient la priorité. Les chaînes télévisées et les sponsors auraient donc préféré une remise générale.

C’est sans doute pour cela que l’UEFA, le lendemain, a décidé de reporter le reste du programme de la semaine. Elle était aussi consciente de la détresse humaine, de l’ampleur des dégâts et de l’émoi suscité par la catastrophe.

En revanche, demander qu’on rejoue les matches du 11 septembre, comme l’ont fait après-coup le PSV, la Lazio et l’AS Rome, Schalke 04 et le Borussia Dortmund, qui cumulent ensemble quatre défaites et un nul, relève du plus pur opportunisme. C’est aussi valable pour l’Olympiakos, qui a vivement protesté contre la décision de l’UEFA. Le club athénien devait affronter Manchester United lors de la première journée de la Ligue des Champions. Toutes les places du stade olympique avaient été vendues. Ce ne sera sans doute plus le cas le 10 octobre.

Mick Michels

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