Opération RETOUR

Le médian marocain a retrouvé sa place dans l’entrejeu. Avant d’illuminer de nouveau le stade du pays de Charleroi ?

Samedi, Charleroi a confirmé son bon début de saison. Sans faire une grande rencontre, les Zèbres se sont imposés 1-0 face à Mouscron. Cela leur permet de réaliser un excellent sept sur neuf, de ne toujours pas connaître le goût de la défaite et de prolonger leur invincibilité défensive.

Dans cette formation conquérante, peu de changements sont intervenus. Seul le flanc gauche a pris de nouvelles couleurs, avec la présence de Velimir Varga. Pourtant, l’équipe de ce début de championnat présente déjà quelques variantes par rapport à celle de la fin de saison dernière. Nasredine Kraouche a retrouvé son niveau d’antan et Abdelmajid Oulmers, 26 ans, est revenu de blessure pour apporter sa vivacité à l’entrejeu. Le Marocain n’est pas encore à 100 % mais les plaisirs de la compétition s’offrent de nouveau à lui, après une longue blessure au pied (rupture totale du ligament latéral gauche). Il sait que le chemin est encore long avant d’affoler les défenses comme il le faisait en décembre dernier avant de s’écrouler de douleur lors de la rencontre internationale Maroc – Burkina Faso. Contre Mouscron, Oulmers a signé sa troisième apparition comme titulaire mais il a dû céder sa place à la mi-temps. La faute à une cheville récalcitrante et à un choix tactique de l’entraîneur Jacky Mathijssen.

Majid Oulmers :  » Je ressens toujours cette douleur mais je pourrai laisser reposer ma cheville après la rencontre contre le Brussels car le championnat sera interrompu une semaine en raison du match international Bosnie-Herzégovine – Belgique. La première mi-temps fut éprouvante. Les Mouscronnois nous attendaient. Ils évoluaient avec trois médians défensifs, nous laissant peu d’espace en milieu de terrain. Ils jouaient très serrés et dès que l’on possédait le ballon, on avait deux hommes sur le dos. On s’attendait à ce schéma mais je ne pensais pas que cela allait être si dur. Les Mouscronnois nous tenaient vraiment à la culotte. Ils voulaient repartir avec un point minimum et cela se voyait. Comme la pression était assez forte, on n’a pas voulu prendre de risques et on balançait de longs ballons vers l’avant. Ce qui n’est pas normal puisque l’on ne dispose pas de grands gabarits devant. Moi, je n’ai pas touché beaucoup de ballons et l’entraîneur l’a senti. C’est pour cette raison qu’il a voulu essayer autre chose en deuxième mi-temps « .

On voit cependant que tu prends du plaisir à retrouver le terrain après ta blessure…

C’est vrai. Cela fait plaisir de goûter à nouveau aux joies du terrain après huit mois d’arrêt forcé. Pourtant, je ne suis pas encore à 100 %. Je souffre encore d’une tendinite au tendon d’Achille contractée à la reprise. Les terrains secs n’aident pas celui qui revient de blessure. Mais même si je ressens une certaine gêne, je retrouve mes sensations. L’entraîneur me fait confiance. Je m’entraîne en faisant attention et je me soigne au stade et en dehors. Je gère.

Comment se sont déroulés ces huit mois, à l’écart d’une équipe qui tournait bien ?

Au début, tout se passait bien. J’avais le soutien de ma famille, de mes amis et des collègues mais c’est devenu plus dur après la deuxième opération, en avril. J’avais repris lors de la plus mauvaise période climatique, lorsque les terrains étaient gelés. On s’entraînait alors sur le synthétique, ce qui a provoqué un gonflement de la cheville avec présence de liquide à l’intérieur. Le péroné ne coulissait pas et c’est pour cette raison que j’ai subi une deuxième opération. A ce moment-là, on est un peu découragé. On se demande si on va guérir un jour. Car jusque-là, je ne m’étais pas ménagé. Je subissais six heures de soins par jour. Je souffrais mais je savais qu’il fallait passer par là.

Cette blessure m’a forgé. On voit que cela peut arriver à n’importe qui et à n’importe quel moment. On n’est à l’abri de rien et tout peut basculer même quand tout va bien car à l’époque, je marchais bien. En avril, je me suis alors assez vite concentré sur le début de cette saison. Tout le monde me disait que cela ne servait à rien de trop se précipiter car il ne restait que quelques matches et qu’il valait mieux me focaliser sur la reprise. L’entraîneur et le préparateur physique m’ont concocté un programme spécifique comprenant de nombreuses courses pour retrouver la condition.

Tu as pensé ne jamais revenir ?

Certains ont évoqué ma fin de carrière mais moi, je n’y ai jamais pensé. Si j’avais réfléchi à cela, je n’aurais pas trouvé la force nécessaire pour débuter les premiers matches de la saison.

La reprise ne fut pas trop éprouvante ?

Comme je l’ai expliqué, j’ai chopé quelques douleurs à la cheville car cela faisait longtemps que je n’avais plus touché un ballon. Mais le coach a compris ma situation. Il me ménageait de temps en temps, me faisant sauter un entraînement par-ci, par-là.

Mais tu t’estimais prêt pour débuter le championnat ?

Oui. Après une si longue blessure, ce n’est pas une petite tendinite qui allait m’arrêter. Contre Châtelet, lors du premier match amical, les autres joueurs avaient plus d’appréhension pour moi que moi-même. J’ai évolué directement dans mon style, en allant au contact. J’ai préféré ne pas penser que je revenais de blessure. Et en plus, quand on n’a plus joué depuis longtemps, on a envie de montrer ce qu’on a dans le ventre.

La même mission

Et tu as reconnu l’équipe ?

C’est comme si je n’avais manqué qu’une semaine. J’ai retrouvé la même équipe avec les mêmes automatismes. Les consignes n’avaient pas plus changé. Il fallait toujours autant respecter notre mission défensive et offensive.

C’est-à-dire ?

Mettre en place le triangle médian lorsque l’on est en perte de balle. Et même si ce dernier n’est plus composé par les mêmes joueurs, il fonctionne de la même manière. Laurent Macquet est parti mais c’est Nasredine Kraouche qui a repris sa place. Et Nas, je le connais depuis longtemps puisque j’ai joué contre lui, lorsque j’évoluais à Lens et que lui faisait partie du noyau de Metz. Chacun à sa zone et doit la respecter, c’est aussi simple que cela.

Jacky Mathijssen insiste pour que tu formes un binôme avec Orlando…

A la mi-temps du premier match face au GBA, Mathijssen m’a recadré en me disant que je devais jouer plus près d’Orlando. Mais en première mi-temps, je ne savais tout simplement pas répondre aux attentes de l’entraîneur. J’accusais le coup physiquement et je me rendais compte qu’un match amical n’égale pas une rencontre de championnat. Je me suis mieux senti en deuxième période et j’ai pu monter d’un cran et combiner davantage avec le Brésilien. Il faut profiter de ses qualités. Il est vif, puissant, rapide et aime les ballons en profondeur et c’est pour toutes ces raisons qu’on l’a repositionné à gauche. Et si on arrive à développer des automatismes en match, cela peut être bénéfique car c’est quelqu’un d’imprévisible, difficile à contrer. Au début de notre collaboration, je n’arrivais pas à le localiser mais désormais, je comprends ce qu’il veut, où il désire le ballon et ce qu’il va en faire. Je le sens et je m’adapte par rapport à ce qu’il va faire. S’il veut y aller seul, je resterai dans les parages et il sait que je suis une option de soutien s’il est en difficulté.

Est-ce que Charleroi n’arrive pas encore à croire en ses possibilités puisque, comme contre Genk, l’équipe agit encore beaucoup en fonction de ses adversaires ?

On prend match par match et on étudie le jeu de l’équipe adverse. On s’adapte en fonction de celui-ci mais on est préparé à d’autres schémas. Face à des formations qui ferment le jeu, on arrive à le prendre à notre compte, si c’est nécessaire. Un exemple : lors du match face au Cercle la saison passée, on avait quand même inscrit cinq buts. On nous parle beaucoup de la difficile saison de confirmation. Mais on dispose d’un groupe composé d’éléments qui ne se prennent pas la tête. Et quand je vois les remarques des autres entraîneurs qui prétendent que Charleroi ne leur fait pas peur, je me dis que l’on pourra continuer à surprendre. C’est à ce type de réflexion que l’on voit que l’on n’est pas si attendu que cela.

Mais penses-tu que Charleroi va encore progresser ?

On va essayer de faire ce que l’on peut. Et si on termine septième, on ne pourra pas dire que l’on aura raté notre saison car on sait que l’année passée, tout a tourné en notre faveur. La dynamique est encore présente et le club est sur les bons rails. Tout le monde, que ce soit la direction, les supporters ou le staff, a pris le bon wagon. On ne sait pas dire si l’équipe est meilleure mais on a gagné en maturité. L’année passée, on prenait encore des bêtes buts. On a vu, contre Mouscron, que l’on n’est pas encore au niveau de l’année passée mais on engrange des points et on respecte les consignes défensives.

Cela fait trois ans que tu es à Charleroi. Quel regard portes-tu sur ton évolution ?

J’aimerais bien disputer une saison complète. Je sens que j’ai progressé mais j’ai été à chaque fois freiné soit par des choix d’entraîneur, soit par des blessures. Je trouve que je n’ai pas encore assez joué dans le championnat belge et je n’ai pas encore l’impression de m’être imposé. Il y a quand même une évolution. Lors des premiers matches de la saison, j’ai eu droit à davantage d’attention des défenseurs adverses. Contre le GBA et Mouscron, il y avait toujours quelqu’un dans mon dos et dans celui de Nas. Je ne connaissais pas cela lors de mes débuts carolos. Mais cela n’est pas grave car quand c’est trop facile, on se laisse aller.

On a voulu mettre sur pied une rencontre entre toi et Lamine Traoré qui avait provoqué ta blessure mais tu as refusé. Pourquoi ?

C’est un incident dont je ne veux plus parler. Je veux tourner la page et me concentrer sur ma saison. Je préfère ne rien dire sur Lamine Traoré. Cela risque d’être mal interprété. Je suis très croyant et si cette blessure m’est arrivée, c’est que cela était mon destin.

Tu es prêt à retourner en sélection ?

Cela dépendra du moment de l’appel. J’ai rencontré le sélectionneur pendant l’été et il m’a dit de d’abord revenir à mon niveau et de retrouver ma place de titulaire. Et puis, il faudra voir si Charleroi me libérera. Moi, je ne pars que si le club est d’accord. Car j’ai quand même un peu de regret d’avoir disputé cette rencontre face au Burkina. A l’époque, le club m’avait mis en garde en disant qu’il y avait souvent des blessures dans ce type de matches.

Stéphane Vande Velde

 » Charleroi NE FAIT PAS PEUR aux autres entraîneurs. Cela prouve que l’on n’est PAS SI ATTENDU QUE CELA  »

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