» Only a game ? « 

Mon titre est le titre d’une expo sur le foot. Une expo ouverte à Bruxelles jusqu’au 26 août prochain, aux MRAH (Musées royaux d’Art et d’Histoire) du Cinquantenaire. Une expo ambitionnant, à l’occasion des 50 ans du Traité de Rome, de tracer le parallèle entre l’Europe du foot et l’Europe politique. Une expo promettant des objets rares, des £uvres d’art et un joli thème pour réfléchir un brin : le foot a-t-il forgé le sentiment européen ou renforcé les nationalismes ? Une expo qu’était venu inaugurer Lilian Thuram himself. Une expo qui avait les moyens financiers de ses ambitions humanistes, puisqu’initiée par l’UEFA en compagnie du gouvernement régional de Bruxelles-Capitale. Une expo forcément spectaculaire puisqu’elle annonçait scénographie osée, interactivité, design étonnant… Une expo que je me devais donc de visiter, ce n’est pas tous les jours que notre activité musculaire préférée peut s’enorgueillir d’être traitée comme un événement culturel d’envergure ! Aussi m’y suis-je rendu, fier comme Artabut, bien décidé à vous proposer ensuite de meubler le vide footballistique qui va vous guetter ce mois-ci en la visitant vous aussi !

N’y allez pas ! Ou alors, bienvenue dans le monde du gadget creux ! Ou alors passez-y vite fait, histoire de voir si j’exagère… puis attardez-vous dans les vraies salles du MRAH qui n’ont rien de footeux : pour découvrir la maquette de la Rome ancienne, un beau Livre des morts sur papyrus égyptien, un vase grec avec des scènes olympiques de l’Antiquité, n’importe quoi, mais qui apprend au moins quelque chose… Car pour le foot, quelle déception, que de bruit pour rien, que de fric pour peu ! Quand j’y suis allé, pas un chat sauf moi : j’ai eu toute l’expo pour moi tout seul, et j’en ai fait trois fois le tour pour parvenir à y rester une demi-heure. Quelques vieux maillots, quelques vidéos, quelques photos, quelques objets, et quelques mots : pas assez de foot pour rassasier un footeux en manque, pas assez d’Europe pour qu’un Européen se fichant du foot prenne le foot au sérieux…

Scénographie ? Tu parles ! Expo minimaliste quant à son contenu, expo mégalo quant à sa présentation, le high-tech et le design au service du vide ! Au pied de bonshommes/kicker géants et en plastic (qui devaient symboliser les divinités du foot !), je devais passer par des consoles PSP ( PlayStation sponsor de l’événement, l’eusses-tu cru) pour lire 4 légendes et voir 4 photos de Raymond Kopa ou de Peter Schmeichel ; on m’y signalait rapidos que Kopa était un immigré polonais, ou que Schmeichel avait remporté l’Euro 92 grâce à la guerre des Balkans et le forfait yougoslave : et hop, le tour était joué, le foot s’en trouvait relié à l’Europe et au politique !

Ou bien j’admirais un vieux maillot de foot vert, mais pas d’étiquette pour me révéler qui l’avait porté et de quand il datait : pour savoir qu’il fut à Georgie Best, fallait aller chercher une TV à 5m de là, et l’orienter sur ledit maillot pour que l’écran fournisse la réponse !

Expo clinquante et sommaire, j’arrête d’en dire du mal. Mais tant que j’en suis à ronchonner, autant tout déverser, un autre truc m’a horripilé récemment. Il s’agit du film  » Substitute «  passé sur BeTV : ne regardez pas ! Vikash Dhorasoo y manipule une caméra pour se filmer en live et raconter, avec l’aide du chanteur Fred Poulet, ce que fut sa condition de réserviste de l’équipe de France durant le Mondial 2006. C’est tourné en Super 8 et c’est super chiant. C’est flou, ça bouge tout le temps, le son est exécrable, ça me rappelle moi-même voici 20 ans quand je filmais mes gosses avec mon nouveau jouet ! Poulet chante mieux qu’il réalise, et Dhorasoo aurait été plus adroit s’il avait filmé avec ses pieds. Ça ne dure que 70′ … mais il y a davantage de longueurs que si tu regardais durant 90′ un 0-0 joué sans ballon ! Il paraît que c’est du cinéma-vérité, que certains trouvent ça passionnant, et même que le film a été primé (j’ignore dans quelle division).

Sorry d’être insensible, faut pas faire de l’image à tout prix, j’ai trouvé ça navrant : d’autant plus que Dhorasoo, quand il ne fait que parler, m’a souvent plu par son anticonformisme. Si Vikash s’était contenté de répondre, avec une totale sincérité, aux questions les plus indiscrètes sur ses états d’âme de  » substitute « , c’eût peut-être été l’interview du siècle. Mais là, très peu pour moi…

par bernard jeunejean

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