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Qui est ce jeune garçon de 17 ans déjà convoité par Manchester United et Schalke 04?

Depuis le début de la saison, on parle beaucoup de Jonathan Blondel pour les flatteuses invitations dont il fait l’objet de la part de clubs comme Manchester United et Schalke 04. Les spectateurs qui fréquentent les stades de D1 belge attendent toujours de voir ce qu’il a dans le ventre. Cela ne saurait tarder: au cours des semaines qui viennent, ce jeune et frêle garçon de 17 ans devrait se mettre plus fréquemment à la disposition d’ Hugo Broos.

« De commun accord avec l’entraîneur, j’ai en effet décidé de ne plus donner suite aux invitations qui me parviennent », explique Jonathan Blondel. « Les clubs qui souhaiteraient me voir à l’oeuvre devront désormais se déplacer à Mouscron. Je comprends parfaitement Hugo Broos lorsqu’il affirme qu’il peut difficilement m’aligner avec l’équipe Première si je ne participe pas aux entraînements pendant la semaine. Les nombreux mini-trips auxquels j’ai été convié m’ont sans doute porté préjudice sur le plan sportif. Il est temps, désormais, de me concentrer sur l’Excelsior ».

D’autant qu’il n’est guère monté sur le terrain au cours de tous ces voyages. Fin juillet, il avait été convié à une semaine de stage à Manchester United. L’expérience a tourné court. « J’étais arrivé en Angleterre le dimanche après-midi », se souvient-il. « J’avais été accueilli par Jeff Watson, le directeur de l’académie de football. Le soir même, il m’a fait visiter toutes les installations: le centre d’entraînement des jeunes, celui de l’équipe Première, Old Trafford, etc. C’était impressionnant et c’est vrai que cela donne envie d’y jouer. Le lundi matin, j’ai été soumis à un examen médical. On a décelé une cheville gonflée. Quinze jours plus tôt, je m’étais effectivement occasionné une entorse lors du stage de préparation de l’Excelsior à Delden, mais je pensais qu’elle était guérie puisque j’avais déjà repris les entraînements et que j’avais même participé à un match amical avec Mouscron. Mais Manchester United n’a voulu prendre aucun risque. Les responsables ne voulaient pas que j’aggrave ma blessure car Mouscron aurait pu se retourner contre eux. Je suis rentré en Belgique avant d’avoir participé au moindre entraînement. Nous avions convenu de nous revoir quelques semaines plus tard ».

Visite de Schalke 04 après Man U.

Entre-temps, une autre invitation lui était parvenue pour la mi-août: Schalke 04 le conviait à l’inauguration de la toute nouvelle Arena auf Schalke. « Là aussi, j’ai eu l’occasion de visiter toutes les installations sous la conduite du manager Rudi Assauer« , relate Jonathan. « C’était encore plus impressionnant qu’à Manchester: tout était flambant neuf. Et la proposition allemande m’apparaissait plus intéressante également: j’aurais été intégré directement au noyau A alors qu’en Angleterre, j’aurais dû m’entraîner avec les -19 ans. J’avais au moins espéré l’équipe Réserve! A choisir, j’aurais donc opté pour Schalke 04. Mais bon: je suis suffisamment réaliste pour me rendre compte que je n’aurais pas été titulaire d’emblée en Bundesliga. Alors, je préfère rester à Mouscron. Au moins une saison. Peut-être jusqu’au terme de mon contrat, qui se termine en 2003. Après, j’aviserai ».

A peine revenu de Gelsenkirchen, Jonathan Blondel apprit que de nouvelles dates avaient été proposées pour son stage à Manchester United. Celle du 20 août tomba à l’eau en raison d’un autre stage -avec l’équipe nationale des -19 ans- auquel il avait été convié. Manchester United lui proposa alors la période allant du 27 août au 2 septembre. Jonathan ne retraversa finalement pas la Manche, car entre-temps, une tendinite s’était déclarée au tendon d’Achille.

« La conséquence d’une surcharge », explique-t-il. « Le stage auquel j’avais été soumis avait été assez intensif ».

La semaine dernière, Jonathan était donc aux soins au Canonnier. Il devait reprendre les entraînements collectifs ce lundi. Les projets de voyage, eux, sont temporairement abandonnés. « C’est sans doute mieux ainsi », avoue-t-il.

« Zidane est mon idole »

Qui est donc ce jeune garçon de 1m72 pour 72 kilos qui, à 17 ans à peine, suscite déjà la convoitise des plus grands clubs étrangers? Né le 3 avril 1984, il s’affilie à l’âge de 6 ans à Ploegsteert. « Mon père, qui est Français, a également été joueur de football », explique Jonathan. « Il a notamment joué à Armentières. C’est sans doute lui qui m’a transmis le virus ». Trois ans plus tard, le petit Jonathan rejoint les rangs de l’Excelsior Mouscron où il évolue dès les Préminimes. « Autant dire que j’ai été formé à Mouscron », souligne-t-il.

Il signe son premier contrat pro, d’une durée de deux ans et demi, en janvier de cette année et accompagne l’équipe Première en stage à Rota, en Andalousie. A ce moment-là déjà, il avoue être courtisé par plusieurs clubs étrangers: Vitesse Arnhem, Borussia Dortmund, Charlton et Lille, entre autres. « Ai-je eu un don à la naissance? Je l’ignore. J’ai toujours bien aimé jouer au football, mais pour le reste, je ne me suis jamais trop posé de questions ».

Lors du stage en Andalousie, le métier n’a pas tardé à entrer: lors du premier match amical disputé en Espagne, contre Jerez (qui était à l’époque leader de son groupe en D3 et qui vient d’accéder à la D2 espagnole, avec Bernd Schuster comme entraîneur), il s’est fait retourner comme une crêpe par un joueur local qui a d’ailleurs écopé d’un carton rouge direct pour cette agression. Jonathan s’en est sorti avec une douleur à l’épaule qui l’a obligé à se ménager durant la suite du stage. Le jeu à risques de Jonathan l’expose malheureusement à ce genre de mésaventure. Ses principales qualités sont la technique et la vivacité. Et puis, surtout, il n’a pas froid aux yeux. La réputation d’un adversaire n’est pas de nature à le perturber le moins du monde. Son petit gabarit étonne dans ce football moderne où le physique a pris une part prépondérante. Mais Diego Maradona et Javier Saviola ne sont pas beaucoup plus grands que lui. « Mon idole est plutôt Zinedine Zidane« , affirme-t-il. « Je me régale à chaque fois que je le vois jouer ».

« Jonathan n’a forcément pas encore atteint le niveau de ces joueurs-là », dit Broos. « Mais c’est un grand talent. Pour l’instant, nous avons eu la chance que ses parents ne soient pas obnubilés par les sommes d’argent parfois exhorbitantes que l’on propose ailleurs. Car il est évident que, si des clubs comme Manchester United et Schalke 04 veulent acquérir Jonathan, nous ne pourrons pas nous aligner sur leurs conditions ».

Plébiscité à l’EURO des -16 ans

L’intérêt des clubs anglais s’est surtout accentué lors du Championnat d’Europe des -16 ans, disputé en mai dernier en Angleterre, précisément. « Jonathan avait été élu meilleur joueur du tournoi », souligne son manager Serge Trimpont. « Devant tous les Espagnols, les Allemands et les Anglais. C’est tout de même une fameuse référence ».

« Je n’avais pas eu vent de cette distinction », affirme Jonathan. « Elle me flatte, mais ne me fait pas tourner la tête. Nous avions été éliminés au premier tour dans ce tournoi. Nous avions battu l’Allemagne 2-1, perdu contre l’Espagne 0-5 et battu la Roumanie 2-0. Nous avons été sortis au goal-average. Le score de forfait encaissé contre les Espagnols nous avait été fatal ».

Depuis, les clubs étrangers frappent régulièrement à la porte. « Jonathan apprendra plus en restant à Mouscron qu’en partant déjà à l’étranger », prétend Hugo Broos.

Hugo Broos est-il sincère en affirmant cela ou prêche-t-il surtout pour sa chapelle? Pour que le joueur progresse réellement, il faudrait surtout qu’il joue. Et, pour qu’il joue, il faudrait franchir cette fameuse barrière psychologique de l’âge. En Belgique, on n’a pas l’habitude de lancer des jeunes de 17 ans en D1, à moins d’y être contraint et forcé. « Le fait de m’entraîner tous les jours avec l’équipe Première me permettra aussi de progresser », tempère Jonathan. « En deux mois, j’ai déjà mûri. La saison dernière, je ne m’entraînais avec le groupe qu’une fois par semaine, le mercredi, car j’étais encore à l’école. J’espère évidemment faire des apparitions régulières en équipe Première. Si je pouvais être titulaire, ce serait un plus, mais le fait de monter au jeu me satisferait déjà. J’avais participé à la plupart des matches amicaux, en avant-saison. Lors du match de gala, contre le Rayo Vallecano, j’étais entré à vingt minutes de la fin. Je n’ai pas encore disputé de matches de championnat, mais ce sont surtout ces fréquents voyages qui m’ont empêché d’être opérationnel. Je crois qu’effectivement, il fallait dire stop! L’étranger, j’aurai sans doute le temps d’y songer plus tard. Je pense avoir fait le bon choix en décidant de me concentrer sur Mouscron. Quitter sa famille, à 17 ans, pour s’en aller vivre ailleurs, c’est tout de même un pas difficile à franchir et c’est ce qui me fait hésiter, bien que mon père me laisse le libre choix. Tout compte fait, même si je vais au bout de mon contrat avec l’Excelsior, je n’aurai encore que 19 ans ».

Daniel Devos

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