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 » On veut revivre des moments pareils « 

La première semaine européenne de l’histoire d’Ostende a été spéciale à plusieurs points de vue. Et celle en cours ne l’est pas moins avec la venue de Marseille jeudi et un déplacement à Anderlecht dimanche.

LUNDI

Joueur un jour, joueur toujours : Yves Vanderhaeghe (47 ans) se joint à ses joueurs pour un petit match d’entraînement et il y prend encore du plaisir. Il n’a pas non plus perdu son sens de l’humour : après avoir fait une mauvaise passe à Yassine El Ghanassy, il explique que c’est parce qu’il a confondu les cheveux blonds du Belgo-Marocain avec un maillot blanc.

Nous sommes lundi matin, le ciel est bas et Ostende prépare le premier match européen de son histoire. Après un petit échauffement, on travaille la construction et le préparateur physique, Gino Caen, donne de la voix :  » Qualité ! « ,  » Pression ! « ,  » Contrôle ! « ,  » Jouez en un temps !  » Yves Vanderhaeghe ne s’énerve qu’une fois :  » C’est quand même incroyable ça !  » Mais son positivisme reprend vite le dessus.  » Excellent ballon, Fernando !  » Le match à Marseille incitera-t-il ce groupe expérimenté et relax à se motiver encore plus ?

MARDI

L’entraînement permet de se faire une idée assez claire de l’équipe qui va jouer à Marseille. Ce sera la même que celle qui a fait match nul (0-0) samedi contre Lille. Si ce n’est que Zarko Tomasevic est absent (il a reçu l’autorisation d’aller à Madère pour rendre visite à son épouse, qui vient d’accoucher) et est remplacé par Nicolas Lombaerts.

Le coach met l’accent sur un 4-2-3-1 qui, en récupération de balle, se transforme en 3-4-3, voire en 3-2-5. Knowledge Musona et Franck Berrier rentrent dans le jeu pour soutenir Joseph Akpala et mettre la pression sur la défense centrale adverse, avec des infiltrations entre les lignes et deux joueurs sur les flancs : RaminRezaeian et AntonioMilic. Hein Vanhaezebrouck faisait déjà cela à Courtrai et Vanderhaeghe l’a suivi. Mais la suite de l’entraînement est à huis clos.

MERCREDI

David Rozehnal, Brecht Capon et Michiel Jonckheere sont les premiers à arriver à l’aéroport d’Ostende. Interviewé par la VRT, Luc Devroe réfute l’idée d’un voyage d’agrément.  » Nous voulons préserver l’intérêt du match retour « , dit-il, tandis que Vanderhaeghe rappelle que l’histoire ne gagne pas de matches. Il veut faire mal à Marseille et espère que son équipe sera efficace dans le rectangle.

Un supporter est venu à l’aéroport à vélo.  » A Ostende, on prend l’avion comme le train. L’avion est un charter de Danish Air Transport, qui a les mêmes couleurs qu’Ostende. Mais il y a un problème avec le système de navigation : on doit envoyer un nouvel écran du Danemark. Marc Coucke, en vacances dans le sud de la France, propose sur Twitter qu’on joue le match sur PlayStation.  » Un incident peut toujours arriver quand on se déplace, même à vélo « , dit Sébastien Siani, habitué à voyager dans des conditions difficiles avec le Cameroun.  » Le match n’est que demain soir.  » Ses équipiers tuent le temps en jouant aux cartes ou en pianotant sur leur smartphone.

L’avion décolle finalement avec cinq heures de retard et l’atterrissage à Marseille est un peu chaotique.  » Les amortisseurs sont cassés ou on a trop gonflé les pneus « , lance quelqu’un. Dans la ville portuaire, c’est l’heure de pointe mais grâce à la police, tout le monde arrive à temps au stade pour la conférence de presse et l’entraînement. Marc Coucke est au bord du terrain avec son drapeau et fait le bonheur des journalistes provençaux : son français est parfait, il ne pense que du bien de Marseille et affirme que c’est en troisième mi-temps que son équipe est la meilleure.  » Mais parfois, David bat Goliath « , ajoute-t-il.  » J’ai vérifié le règlement pour être sûr : on commence à 0-0.  »

Le soir, au dîner de gala, entre deux discours dans lesquels il assure que la campagne européenne est déjà réussie puisque la vitrine aux trophées compte désormais un fanion de Marseille, il fait le show avec Patrick Orlans, alias le Bécaud belge. A minuit, il nous tape sur l’épaule et nous assure qu’il s’était promis de ne pas chanter.

JEUDI

A 19h30, on distribue la composition des équipes dans la salle de presse et il se confirme que Tomasevic est préféré à Lombaerts.  » Nicolas n’a pratiquement pas joué pendant dix mois au Zenit et, comme les matches de préparation se sont succédé, il n’a pas pu s’entraîner normalement « , dit Luc Devroe.  » Il lui faudra dix semaines pour refaire son retard mais son heure viendra.  »

Quarante-cinq mille spectateurs font un bruit auquel on n’est pas habitué en Belgique et l’OM fait le pressing pour faire rapidement la différence. Après 1’52, Valère Germain prend David Rozehnal de vitesse et ouvre le score. Ostende plie mais ne rompt pas, même s’il encaissera encore trois buts. Siani égalise à 1-1 et, à 3-1, Musona réduit le score à 3-2. Ostende aurait même pu marquer davantage après le repos.

En conférence de presse, Vanderhaeghe se dit fier de ses joueurs mais déçu du résultat.  » Nous avons été dangereux mais nous avons manqué d’efficacité et nous avons laissé trop d’espace à l’adversaire.  » Luc Devroe est d’accord :  » Quatre buts encaissés, c’est trop mais nous avons démontré que nous pouvions jouer au foot.  » Il se demande si, à 3-2, il n’aurait pas fallu fermer la porte.  » Sur le quatrième but, on laisse trop d’espace à DimitriPayet. Bien entendu, la fatigue a joué un rôle mais c’est dans ces moments-là qu’il faut être plus compact.  » Rudi Garcia, soulagé par le quatrième but, estime que son équipe a trop laissé l’initiative à l’adversaire.  » Ostende a tiré seize fois au but. Au Vélodrome, c’est trop. Nous avons bien joué offensivement mais il y avait trop de distance entre les lignes.  » Sébastien Siani ramène deux maillots de l’OM : un de son compatriote Clinton N’Jie et un de Patrice Evra. Silvio Proto constate une grosse différence de niveau avec la Jupiler Pro League et avoue qu’au début, il a eu peur d’une raclée.  » Mais nous n’avons pas été ridicules « , dit-il. Knowledge Musona, le meilleur Ostendais, regrette les cadeaux faits par la défense et les occasions manquées.  » Car pour le reste, nous sommes restés concentrés. Nous savions que nous aurions plus de possibilités en deuxième mi-temps car ils ont repris l’entraînement plus tard que nous.  »

VENDREDI

Il est plus de minuit lorsque les Ostendais regagnent l’aéroport. Le pantalon retroussé, Silvio Proto fait de l’électrostimulation.  » Je soigne mon vieux corps « , dit-il. Deux groupes jouent aux cartes. De temps en temps, le calme est rompu par le rire de Smiling Assassin Musona.

Marc Coucke rentre avec l’équipe et se dit heureux de cette première expérience européenne. Marseille a reçu les Ostendais avec respect, l’équipe a bien joué, les joueurs s’entendent bien et plus de mille supporters ont effectué le déplacement.  » Ces matches permettent aux joueurs et au club de grandir, on veut revivre des moments pareils « , dit-il, même s’il sait que le quatrième but hypothèque fortement les chances de son équipe au match retour.  » Je le dis plus que jamais : j’aurais préféré jouer d’abord contre Ljubljana, gagner quelques matches et soigner le coefficient européen de la Belgique puis affronter Marseille dans les matches de poule.  »

PAR CHRISTIAN VANDENABEELE À MARSEILLE – PHOTO BELGAIMAGE

 » Je m’attends à un Marseille très différent chez nous. Plus respectueux.  » – Luc Devroe

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