On verra?

La meilleure défense, le meilleur buteur et un formidable classement. Les sceptiques vont-ils changer d’avis sur le jeune coach lierrois?

Emilio Ferrera réussit mais un point d’interrogation l’accompagne toujours : »Depuis trois saisons, j’entends le même refrain: -On verra bien. On l’a vu à Beveren pendant deux ans mais il y a souvent deux poids, deux mesures. Puis, j’ai entraîné Molenbeek. – On vavoir s’il va réussir là aussi. Si vous comptez les points du second tour, je suis cinquième. Quand j’ai signé au Lierse, rebelote. Maintenant, tout le monde, vous y compris, me dit: -Le programme a été facilejusqu’à présent. On verra après. C’est lassant et ça peut travailler les joueurs aussi. C’est pour ça que nous avons joué un match amical contre Leverkusen. Nous avons gagné 1-2 avec une équipe différente à chaque mi-temps. Psychologiquement, c’était important ».

Donc, le calendrier n’a pas été facile jusqu’à présent?

Emilio Ferrera: Ces équipes n’étaient pas en bas de tableau quand nous les avons rencontrées, à part le Standard, qui reste un grand. Nous avons eu un programme semblable à celui de Bruges ou de St-Trond mais peu de personnes le remarquent.

L’équipe s’est immédiatement trouvée.

éa ne m’a pas surpris car j’ai vite été convaincu de sa qualité. Ma tâche est évidemment plus simple si les joueurs s’en rendent compte sur le terrain. Par contre, si vous perdez 8-0, allez expliquer que vous travaillez bien… Nous avons rivalisé avec le PSG, qui était sur le point d’entamer le championnat. On a dit qu’il disputait un match amical mais… nous aussi. Ensuite, nous avons battu Roda JC 3-0.

Un des principaux changements concerne le but: le jeune Mardullier a dû céder sa place à Yves Van der Straeten.

Je n’aligne que des joueurs qui veulent et peuvent assumer des responsabilités. Dans le passé, jamais le club n’a rendu les jeunes coupables d’une défaite. Le Lierse a encaissé beaucoup de buts l’année dernière. Il y avait donc un problème. Cliff est un grand gardien en devenir mais si je voulais être cohérent, je devais l’écarter. Je vais poursuivre ces évaluations dures. Tout le monde, même les jeunes du cru, doit assumer ses responsabilités. Pour rester dans l’équipe, il faut prester.

Le résultat prime la formation?

Prétendre que le résultat ne compte pas, chez les jeunes, est la pire absurdité. La compétition est extrêmement importante. Aucune formation n’est bonne si elle ne tend pas à la victoire. Je ne citerai pas de noms mais qu’avait le Lierse? Des joueurs au solide bagage technique qui avaient été fort peu efficaces, quand on analysait leur jeu. Pas de passes ni de tirs… On leur a appris à développer un beau jeu, pas à être efficaces. J’ai voulu changer ça dans le noyau A. Le reste ne me concerne pas.Créativité

Vous dites être responsable de l’organisation défensive et les avants de l’attaque. N’est-ce pas contradictoire?

Non. Le foot est un art où doit régner la créativité. On ne peut la préparer mais elle dépend du talent de l’individu.

Dans ce cas, vous ne pouvez prévoir aucune défense, puisque l’adversaire est imprévisible.

On connaît quand même le système. On peut tenter d’éliminer le danger. De Vleeschauwer fera toujours des actions du flanc: on le sait. On peut donner des consignes au gardien et aux défenseurs centraux quand Martic ou Dugardein se présentent devant le but.

Mais il n’y a pas de solution en attaque?

Si. J’aligne deux attaquants pour que l’un soutienne l’autre mais jamais je ne leur expliquerai qu’il faut prendre le ballon là, courir dans cette direction, dribbler ainsi.

Vous préférez les entraînements sur le terrain.

Cesar Menotti a répondu, quand on lui demandait pourquoi il ne courait jamais dans les bois: – Je vous promets que nous le ferons tous les jours lorsqu’on y jouera les matches. Et je travaillerai individuellement le jour où on jouera à un contre un. Il faut un lien entre ce que vous faites en semaine et le week-end. Mais laisser aussi leur instinct aux joueurs. Comme Stein Huysegems. Un analyste a dit que Stein lance bien l’action de la droite mais n’atteint jamais la ligne. Un bon constat. Et alors? Je sais qu’à tout moment, il peut converger vers l’intérieur pour tirer au but. Il peut courir où il le veut. Je n’ai pas de médian défensif ou offensif, de demi gauche ou droit. Parfois, c’est un problème. Nous n’avons gagné que 19 duels à Mouscron. C’est trop peu mais c’est inhérent à notre approche. Nous compensons cette carence par l’improvisation.

Etes-vous un entraîneur heureux?

On raconte que l’équipe marque trop peu en se basant sur le nombre total de buts. Certaines ont inscrit plus de 20 buts mais elles en ont mis six en un seul match. Nous avons gagné plusieurs matches sur deux buts d’écart: contre l’Antwerp, le Standard, La Gantoise… Oui, je suis content, très content. Nous avons la meilleure défense après neuf journées et le meilleur buteur, avec Stein. Je sens aussi que l’attente croît. Les supporters se souviennent des succès du passé, les journaux parlent plus de nous. Après Mouscron, on a écrit qu’un nul n’était peut-être pas suffisant.

Travailler dans de bonnes conditions doit vous soulager?

C’est la première fois…Les gens qui m’ont honni quand j’ai rompu mon contrat avec Malines ne savent pas de quoi ils parlent. J’ai arrêté lorsque la licence a été refusée pour la deuxième fois car je commence à savoir comment ça marche. Je ne voulais pas revivre tout ça ni l’infliger à ma famille. Hausse de niveau

L’année dernière, le RWDM a fait 2-2 à Anderlecht.

Nous aurions dû gagner 1-3 car on a annulé un but valide. Pouvons-nous réussir quelque chose ce week-end? En début de saison, j’ai dit qu’on ne savait pas qui était favori. Je persiste. Genk m’a impressionné. Le Club de Bruges se crée moins d’occasions qu’avant mais il a de la chance.

Genk et Bruges ont eu un début difficile en Ligue des Champions, ce qui a soulevé une discussion sur la nécessité d’adapter le système, ce que Sollied a fait plus vite que Vergoossen.

Ces entraîneurs s’en tiennent à un système. C’est nouveau en Belgique mais en deux ans, ils ont conservé cette tactique sur la scène européenne. Ils ont franchi trop d’étapes d’un coup. Bruges a tiré la leçon de Barcelone. Il n’a été battu que 3-2 mais il a été ridicule. Sef reste fidèle à sa philosophie ambitieuse: il ne dégage pas n’importe comment, il reconstruit. C’est difficile contre le Real mais il y est parvenu contre l’AS Rome. Peut-être se dit-il qu’en ne changeant rien à ce stade, il progresse au niveau belge. Je pense que c’est le cas.

Et Anderlecht?

Son nouvel entraîneur doit encore transmettre ses idées. Je suis dans ce cas aussi. L’équipe se cherche, ce qui est logique.

Ne regrettez-vous pas certaines des déclarations faites à vos débuts?

Non. J’ai effectué des constats. Le temps me donne raison. Un, on laisse trop de choses au hasard. Deux, le football est l’affaire de tout le monde, pas seulement d’anciens grands joueurs ou d’entraîneurs qui sont dans le métier depuis 20 ans. L’arrivée de Trond Sollied a fait beaucoup de bien car il a montré que l’entraînement avait un but.

Peter T’Kint

« Mes attaquants font ce qu’ils veulent »

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