« On va savoir »

Où en est le Standard avant un mois d’octobre de folie ? Revue d’effectif en compagnie de Steven Defour, Marc Degryse et Stéphane Pauwels.

3 octobre : Standard-Anderlecht ; 17 octobre : Genk-Standard ; 24 octobre : Standard-Gand ; 31 octobre : Bruges-Standard. Voilà le calendrier du Standard pour cet octobre rouge. Après un début de championnat poussif qui était consacré à régler la mécanique, le Standard  » new look  » va entrer dans le vif du sujet et va connaître sa qualité réelle.

 » C’est très difficile de se situer par rapport aux autres candidats au titre « , explique un Steven Defour, qui estime que son coup de gueule d’il y a dix jours n’aurait plus lieu d’être aujourd’hui, tout le monde tirant dans le même sens.

 » Il nous manque justement de rencontrer les grosses équipes. Ce sera un mois dur mais on devient professionnel pour disputer ce genre de rencontres. Je ne dirais pas que ces matches arrivent trop tôt, mais on doit admettre que tout n’est pas encore parfait. La mise en place de cette équipe demande du temps. On continue donc à travailler et on saura vraiment où on se situe à la fin du mois. « 

Depuis la fin du mercato, le Standard a simplement connu un coup d’arrêt à Malines. Avant et après, que des victoires : 1-0 contre Courtrai, 2-0 contre le Cercle, 2-1 contre Charleroi et 1-2 à Westerlo. Soit 12 sur 15. Certes, le jeu manque encore de splendeur mais en ne perdant qu’un minimum de points en septembre, le Standard a emmagasiné un bon bol de confiance avant la réception d’Anderlecht.

Le Standard est-il prêt pour ce mois de fou ? Petit tour du propriétaire.

L’attaque ne manque pas de promesses 8/10

Remplacer Dieumerci Mbokani, Milan Jovanovic et Igor De Camargo par le seul Christian Benteke relevait du suicide. En faisant venir Luigi Pieroni puis trois attaquants le dernier jour du mercato, le Standard ne manque désormais pas de possibilités. Il y a de la vitesse, du gabarit, du physique et de la technique (même si personne ne surpassera Mbokani à ce niveau-là). Reste maintenant à trouver le meilleur amalgame. Dominique D’Onofrio a choisi d’aligner Mémé Tchitéet Aloys Nong mais les trois matches n’ont pas été concluants.

Tchité a trouvé ses marques, Nong pas. La question se posait donc : sont-ils complémentaires ? En titularisant d’entrée de jeu Gohi Bi Cyriac, Dominique D’Onofrio a apporté une première réponse à Westerlo. Les deux buts du joueur ivoirien plaident en sa faveur.  » Offensivement, je ne suis pas du tout inquiet « , dit Stéphane Pauwels.  » Le Standard a bien transféré et il faut juste trouver la bonne formule.  »

 » Je trouve que ces transferts de dernière minute montrent une vision à court terme « , tempère Marc Degryse qui se demande s’il n’aurait pas fallu mieux cibler le profil des attaquants en fonction de ce que l’on désirait.

Car, pourquoi avoir acheté deux joueurs au profil similaire (Tchité et Nong). Cela donne l’impression que le Standard a géré deux dossiers en croisant les doigts pour qu’au moins un des deux se finalise. Pas de chance, les deux ont abouti…

Néanmoins, ce secteur a clairement pris du volume depuis la fin du mercato. Depuis le 1er septembre, le Standard connaît de nouveau de nombreux moments de domination, même s’il manque encore la constance. Tchité a marqué dès ses débuts et travaille énormément ; Leye ne rechigne pas au travail et sent le jeu ; Nong est présent mais encore un peu brouillon. Reste le cas Pieroni qui espérait relancer sa carrière en bord de Meuse et qui se retrouve, en l’espace de quinze jours, dans le rôle de cinquième roue du carrosse. Mais la saison est longue et les adversaires tous différents. Le Standard se doit de disposer de plusieurs armes et profils offensifs.

La réponse de Defour :  » Au début du championnat, on disait qu’on n’avait pas assez d’attaquants et maintenant, on trouve qu’on en a trop. On n’est jamais content. La concurrence est présente et cela n’est pas plus mal car cela oblige chacun à être au top. En début de championnat, on ne marquait pas assez. Il fallait chercher des attaquants, d’autant plus que Cyriac, qui avait bien débuté le championnat, était blessé pour quelques semaines. La direction a fait ce qu’elle devait faire. Aujourd’hui, Cyriac est revenu et il continue sur sa lancée. Il écoute ce qu’on lui dit. Il apprend très vite, se retourne rapidement et est très vif. Il cherche bien les espaces et garde le ballon. Il doit juste apprendre à conserver son sang-froid devant le but.  »

L’entrejeu, plaque tournante, parfois en panne 6,5/10

Lors des deux titres, l’entrejeu a fait la différence et aujourd’hui encore, c’est le secteur le plus riche et le point fort de l’équipe. Avec Defour, Axel Witsel et Mehdi Carcela, il dispose de technique et de créativité. Pourtant, Defour et Witsel n’ont pas su porter tout le poids de l’équipe sur leurs épaules. Et Carcela a très bien commencé avant de s’éteindre petit à petit, sans doute perturbé par l’ampleur médiatique de sa décision de ne pas répondre à la convocation de l’équipe nationale.

 » Le milieu a perdu de la confiance et de l’engagement « , dit Degryse.  » Et il a fait preuve de frustration, sans doute parce que les résultats ne suivaient pas. Pour des gens comme Witsel ou Defour, une année sans Coupe d’Europe, c’est pauvre. « 

 » Certains joueurs n’ont pas retrouvé leur niveau d’antan « , évoque Pauwels.  » Witsel paie les retombées du passé et Defour n’a pas encore digéré ses problèmes physiques. « 

La réponse de Defour :  » Je reviens d’une longue absence et j’éprouve toujours des difficultés physiques même si cela va de mieux en mieux. Quant à Axel, il a connu une saison difficile et cela ne s’efface pas comme cela du jour au lendemain. De plus, on a une nouvelle équipe et cette saison, on ne regarde que nous deux alors que la saison passée, on regardait Mbokani, Jovanovic… Avant, tout le monde prenait ses responsabilités. Aujourd’hui, il y a des jeunes qui sont plus jeunes que nous et qui doivent également apprendre à prendre leurs responsabilités.  »

Le jeu : trop souvent de longs ballons 5/10

C’est un des grands reproches fait à Dominique D’Onofrio. En insistant sur la verticalité, il pousse ses joueurs à user et abuser de longs ballons.  » On balance trop facilement « , argumente Pauwels.  » On ne construit pas assez. Les jeunes sont trop fougueux, à l’image de Carcela. C’est Witsel qui devrait avoir l’emprise sur le jeu mais pour cela, il faudrait que les ballons passent par lui. Or, on remarque qu’il est davantage à la recherche du ballon qu’à la réception de ceux-ci. « 

 » Les attaquants acquis (Nong et Tchité) ont le profil pour réceptionner et courir après ces longs ballons mais l’entrejeu pâtit énormément de ce système de jeu. Les Witsel, Defour et Carcela cherchent davantage les combinaisons et le jeu au sol. Or, derrière, ils sont incapables de débuter le jeu par des relances propres. « 

La réponse de Defour :  » C’est vrai qu’il y a beaucoup de longs ballons. Sans doute parce que l’équipe a besoin de se connaître. Mais contre Charleroi et Westerlo, on a commencé à voir plus de séquences de jeu. Les occasions, on se les crée toujours en proposant du football. Il faut que les jeunes comprennent cela. Or, pour le moment, ils veulent trop bien faire en atteignant les attaquants le plus vite possible. Peut-être que ces longs ballons sont aussi liés à notre départ difficile. Les jeunes ont tous un peu peur et optent pour la sécurité plutôt que pour le jeu. On parle beaucoup aux défenseurs pour améliorer notre jeu. Cela se passe très bien aux entraînements mais en match, tout disparaît. Peut-être est-ce dû à la pression mais cela s’améliorera avec le temps. Entre Axel et moi, on doit également encore trouver l’équilibre. Avant, pour moi, c’était 20 % offensif, 80 % défensif. Aujourd’hui, c’est davantage 40-60. Je m’y retrouve davantage car j’aime bien aller de l’avant de temps en temps.  »

La défense n’est pas au point 4/10

Sans doute le secteur de jeu qui fait le plus frémir.

 » Si le Standard veut être champion, il lui faut trouver une assise défensive. Or, pour le moment, il y a encore trop de laxisme « , affirme Pauwels.

En perdant en deux ans tous les joueurs historiques des deux titres ( Ogushi Onyewu, Mohamed Sarr, Dante et Marcos), le Standard a balayé tout un secteur où les automatismes et la stabilité sont gages de réussite. De plus, personne d’expérimenté n’est venu remplacer ces joueurs-vedettes. Pas de commandant. Pas de leader mais des paris sur l’avenir. Même Sarr, certes en perte de vitesse la saison passée, a été transféré. Les dirigeants affirment que le Sénégalais voulait tenter un autre défi mais ils n’ont rien fait pour le persuader de rester, en l’érigeant guide des jeunes par exemple. La saison passée déjà, on lui avait fait comprendre que l’avenir passait par Victor Ramos et Eliaquim Mangala.

Le Standard mise sur des jeunes : Mangala a 19 ans, Victor Ramos 21 ans, Felipe 23 ans, Daniel Opare 20 ans, Sébastien Pocognoli 23 ans. Seul Laurent Ciman en a 25. Cette donnée sert souvent d’excuses à la direction mais c’est elle qui a conduit cette politique. Or, découvrir aujourd’hui qu’une jeune défense commet des erreurs, cela relève de la mauvaise foi.

Ces petites erreurs commises par l’un ou l’autre ont déjà conduit Dominique D’Onofrio à multiplier les retouches, sans avoir trouvé la bonne formule. Le télescopage entre Felipe et Mangala contre le Standard sert à la fois de symbole de cette non-communication mais également de chance. DD n’a plus le choix pour constituer sa ligne arrière. Si cela marche, il aura peut-être trouvé sa défense de base.  » Derrière, c’est limite, limite « , continue Degryse.  » Je ne vise pas tant la jeunesse du quatre défensif que la façon dont ils jouent à quatre. Ils ne fonctionnent pas comme un bloc. Il n’y a ni automatismes, ni personnalités. Du coup, on a souvent l’impression que l’un ne sait pas ce que l’autre va faire.  »

 » Je crois que c’est surtout en défense centrale que le problème se situe « , ajoute Pauwels.  » Mangala est un bon défenseur mais il faut le brider. Il lui faut un joueur expérimenté à ses côtés. Quand j’entends que Mangala pourrait lui-même servir de guide à Felipe ou Victor Ramos, cela me fait rire. Il manque clairement un leader derrière. Par contre, sur les flancs, je ne m’en fais pas. A droite, on peut miser sur Ciman et Opare qui ont bien débuté la saison et à gauche, je trancherais entre Opare et Pocognoli en faveur de ce dernier. Même s’il n’a pas réalisé de grands matches depuis son arrivée à Sclessin, Pocognoli est le seul grand arrière gauche du pays. « 

La réponse de Defour :  » Il manque peut-être d’expérience dans ce secteur, quelqu’un capable de guider Victor Ramos et Mangala. Car si on prend les joueurs qui composent la ligne arrière, individuellement, on se rend compte qu’ils sont très forts. Mais ils doivent apprendre à communiquer et à se parler. Si on me demande aujourd’hui ce qu’il manque au Standard, je dirais de l’expérience et un peu de calme dans le jeu. A l’image de l’action sur laquelle on a perdu nos deux défenseurs centraux face à Charleroi. Felipe et Mangala ont voulu trop bien faire en recherchant tous les deux le ballon.  »

Par Stéphane Vande Velde – Photos: Belga

Ces matches n’arrivent pas trop tôt, mais tout n’est pas encore parfait. (Defour)

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