« On sera champions »

Malgré le revers à l’Antwerp, l’attaquant croate ne doute pas d’une issue heureuse pour le RSCA cette saison.

Pour la deuxième fois d’affilée, l’Anversois Patrick Goots aura été le grand bourreau du RSCA à Deurne. Mais si l’année passée, ses deux réalisations avaient permis au Great Old d’enlever un point flatté face aux Sportingmen, son doublé, cette fois, se sera révélé synonyme de victoire pour les Bosuil-Boys. Le canonnier des Rouge et Blanc est décidément toujours aussi inspiré face aux Bruxellois, lui qui, dimanche dernier, a inscrit ses douzième et treizième buts contre eux. Excusez du peu!

Et Anderlecht? En dépit d’une avance à la marque forgée dès la 20e minute par l’entremise de Marcin Zewlakow ainsi qu’une domination outrancière en deuxième période, comme en attestent les dix coups de coin forgés par les hommes d’Hugo Broos, la finition n’aura tout bonnement pas été au rendez-vous, précipitant par là même la première défaite du club en championnat cette saison.

Ivica Mornar: Contre La Gantoise déjà, nous avions encaissé un goal égalisateur peu après la mi-temps sans pouvoir reprendre nos distances par rapport à notre adversaire. Ce coup-ci, ce fut plus navrant encore puisque l’Antwerp plia le match en fin de partie. Depuis ce match contre les Buffalos, je remarque que, si nous tenons toujours la distance, physiquement, nous ne faisons plus preuve de la même explosivité. En outre, nous avions eu la chance, au cours des trois premières rencontres, que chacun des attaquants, chez nous, se signale tour à tour. Ce fut le cas de Ki-Hyeon Seol à Westerlo, de Gilles De Bilde face à Malines et de moi-même au Standard. A l’Antwerp, toutefois, nous avons connu tous trois un match sans dans toute sa splendeur. Il nous incombe à présent de nous remettre le plus vite possible de cette mauvaise passe. Et pourquoi pas jeudi déjà, contre Stabaek?

Mornar-Aruna, Mornar-De Bilde, De Bilde-Seol, De Bilde-Thompson, De Bilde-Aruna: la saison passée, à la même époque, Aimé Anthuenis se perdait toujours en conjectures sur la composition idéale de la ligne d’attaque du Sporting. Hugo Broos, a manifestement éprouvé moins de difficultés en la matière puisque le trio Seol-De Bilde-Mornar est reconduit de semaine en semaine depuis le début de la saison. Et non sans succès, d’ailleurs, jusqu’à ce premier contretemps face à La Gantoise?

L’ancien entraîneur avait des circonstances atténuantes à faire valoir dans la mesure où plusieurs éléments, comme Nenad Jestrovic ou Gilles De Bilde, étaient encore en quête de leurs meilleures sensations, tandis que d’autres, tels Ode Thompson ou Ki-Hyeon Seol, avaient encore tout à découvrir au plus haut niveau du football belge. Sans compter que la poisse s’était acharnée aussi sur Aruna Dindane et moi-même sous la forme de blessures. Dans ces conditions, il me paraît tout à fait normal que la greffe n’ait pas pris instantanément. Cette fois, la situation était différente. Car hormis le nouveau venu, Clayton Zane, tous les autres ont pu poursuivre sur leur lancée de la défunte campagne. Certains, même, de manière complètement revigorée comme Ki-Hyeon Seol, qui a singulièrement accru son capital-confiance à la Coupe du Monde, voire Gilles De Bilde, qui s’est senti subitement pousser des ailes depuis que le nouveau coach a modifié quelque peu son rôle. Mine de rien, toutefois, il aura quand même fallu plusieurs semaines aussi, à Hugo Broos, pour trouver la formule optimale. Car avant de se prononcer pour un duo formé de ces deux-là aux avant-postes, il avait également essayé d’autres variantes, avec Clayton Zane dans la position la plus avancée. Aucune ne s’était cependant révélée vraiment fructueuse. Mais n’était-ce pas logique, après tout, dans le chef de l’Australien, toujours en pleine phase d’apprentissage à ce moment?

Chacun s’accorde à dire que le tournant, en matière d’assemblage des différentes pièces du puzzle, s’est produit à l’occasion du match de gala contre Everton. Ce jour-là, pour la première fois depuis la reprise, vous aviez été lancé dans la bataille aux cotés de Gilles De Bilde et Ki-Hyeon Seol. Dès cet instant, Anderlecht ne s’est plus jamais incliné jusqu’àu couac de l’Antwerp alors qu’il avait pourtant enduré des défaites contre Sedan, Metz et Willem II auparavant?

J’ai eu la chance, contre les Anglais, d’être aligné à ma place de prédilection: sur le flanc droit, légèrement en retrait par rapport à l’homme de pointe. Il y a douze mois, je me souviens que, contraint et forcé par les événements, Aimé Anthuenis m’avait associé à un moment donné, aux avant-postes, à Aruna Dindane. Cette entreprise n’avait évidemment pas été couronnée de succès, en ce sens que l’Ivoirien et moi-même avons besoin d’espaces pour nous exprimer. Dans ces conditions, nous sollicitions invariablement le ballon sur les flancs – lui à droite et moi à gauche – en laissant un vide qu’aucun autre coéquipier ne comblait dans les 16 mètres adverses. Cette configuration-là n’avait pas fait long feu car elle était évidemment synonyme de manque de présence devant le but de l’opposant. Par la suite, d’autres options furent essayées avec moi, toujours comme attaquant axial. Mais elles se révélèrent tout aussi caduques car je n’ai tout simplement pas le profil d’un joueur de cette trempe. Pour s’exprimer à bon escient dans ce rôle d’attaquant le plus avancé, il faut être à la fois habile des deux pieds sur une surface de jeu restreinte, pouvoir jouer dos au but et se retourner facilement. Et je ne possède aucune de ces facultés. En revanche, je suis prêt à embarquer n’importe quel adversaire lorsque je peux progresser le long de mon couloir fétiche à droite. C’est d’ailleurs dans ce registre que j’avais livré mes meilleures prestations, la saison passée, aux côtés de Gilles De Bilde et de Nenad Jestrovic. Le malheur aura toutefois voulu que cette donne n’eut qu’un temps, elle aussi, dans la mesure où, gêné par une blessure au genou, j’avais dû faire l’impasse sur une bonne partie du deuxième tour. A ce moment-là, Aruna Dindane avait profité de mon indisponibilité pour fort bien me relayer dans un rôle similaire. A présent, vu sa suspension, c’est à mon tour d’avoir pris le relais. C’est le football: le malheur des uns fait aussi le bonheur des autres. »La concurrence me stimule »

L’Africain aura bientôt purgé ses six semaines de punition et constituera sous peu, pour vous, une menace dans un secteur où vous n’aviez pas été vraiment soumis à rude concurrence depuis le début de la saison. Les places ne sont-elles pas beaucoup plus chères aujourd’hui que la saison dernière?

Tout à fait, car certains, qui ne faisaient pas figure de prioritaires, comme Ki-Yeon Seol notamment, constituent des valeurs incontournables actuellement. Et c’est sûr qu’il faudra composer avec Aruna Dindane quand il sera à nouveau opérationnel. Personnellement, cette émulation me stimule. En réalité, il y a trois facteurs qui me transcendent dans le monde du football: la rivalité sportive, les fautes de l’adversaire et l’attitude du public. J’ai effectivement besoin de sentir la menace d’un coéquipier pour élever le niveau de mon jeu. Et quand mon opposant direct s’acharne sur moi, au point de me faire brouter l’herbe, cela me donne des ailes. Etre par terre, pour moi, c’est synonyme d’être dans le bon. Quant aux vociférations de l’assistance, j’y suis très sensible aussi, dans un sens comme dans l’autre. Car aussi bizarre qu’il n’y paraisse, plus les gens sifflent, plus je me sens à mon affaire. La preuve au Standard, où j’ai probablement joué mon meilleur match cette saison. Chaque fois que j’entrais en possession du cuir, c’était la bronca du côté de mes anciens sympathisants. Loin de me démonter, ces cris m’ont au contraire incité à persévérer de plus belle. Dans ces conditions, ce n’était pas un hasard si le but d’ouverture de Ki-Hyeon Seol résulta d’un service de ma part. J’avais une telle envie de bien faire que cette action devait immanquablement arriver tôt ou tard. Au lieu de me couper bras et jambes, les inconditionnels des Rouches m’avaient tout simplement survolté!

Quel regard portez-vous sur votre ancien club aujourd’hui?

Malgré l’attitude hostile de l’assistance, je n’en continue pas moins à adorer ce club qui m’a beaucoup apporté et où j’ai encore de nombreux contacts par l’entremise de Filip Susnjara ou Ivica Dragutinovic. J’aimerais que ceux qui me huent comprennent une fois pour toutes qu’il n’y avait plus d’avenir pour moi au Standard, quand j’ai été appelé à définir mon avenir sportif, voici un an. De fait, je me trouvais à ce moment-là dans la même situation qu’Alin Stoica au Sporting cet été. Le jeune Roumain est parti à Bruges mais cela ne l’empêche pas, dans toutes les interviews qu’il a accordées jusqu’ici, de dire à quel point il aime toujours Anderlecht. Pour moi, c’est pareil. Les événements ont voulu que je me retrouve chez l’ennemi juré des Rouches, mais je conserve une énorme sympathie pour eux. Et je suis le premier désolé de ce qui leur arrive à présent. J’espère pour eux que cette mauvaise passe ne s’éternisera pas et qu’ils se ressaisiront bientôt. Ils ne doivent pas désespérer: lors de ma première année chez eux, en 1998-99, je me rappelle qu’Anderlecht avait pris un départ exécrable en championnat, sous la direction d’Arie Haan. Ce qui ne l’avait pas empêché d’échouer à un souffle du titre, quelques mois plus tard, avec Jean Dockx aux commandes. Dès lors, tout est encore possible. D’ailleurs, j’avais pronostiqué le RSCA champion et le Standard deuxième cette année. Et je ne me trompe pas souvent dans mes prévisions (il rit). « Pas le droit à l’erreur contre Stabaek »

Pourquoi Anderlecht sera-t-il champion cette saison?

Parce que le potentiel est là, l’envie aussi et que les choses se mettent petit à petit en place. En déplacement, notre approche avait été payante avant ce déplacement funeste à l’Antwerp. A domicile, il y a encore certains réglages à faire, comme les deux points perdus contre La Gantoise l’ont démontré. En vérité, nous devons essayer de trouver le juste milieu entre le réalisme que nous affichons à l’extérieur et le football-spectacle dont nous essayons de gratifier notre public à domicile. Le jour où nous y serons parvenus, plus rien ne pourra entraver notre marche victorieuse vers le titre.

Quelles aspirations le Sporting pourra-t-il nourrir en Coupe de l’UEFA?

J’ose espérer que nous irons en quarts de finale, au bas mot. Mais, pour ce faire, beaucoup dépendra de l’identité des prochains adversaires. Ce qui est sûr, c’est que nous n’avons pas le droit à l’erreur contre Stabaek. Nous sommes les favoris logiques face aux Norvégiens et nous devons nous montrer dignes de notre rang devant cet adversaire. Dans ce cas, nous franchirons le tour.

Auparavant, Genk aura joué contre l’AEK Athènes et Bruges à Barcelone en Ligue des Champions. Le contraste est immense.

J’aurais préféré être présent à ce niveau, que j’avais déjà connu avec Hajduk Split en 1994-95 et avec le RSCA la saison passée. Mais à quoi bon se lamenter?

Seul l’avenir doit être notre préoccupation. Si nous voulons nous retrouver dans le parterre des grands, il n’y a pas 36 solutions: nous devons remporter le titre en fin de saison. Nous avons les moyens d’y parvenir. Il serait regrettable de louper cet objectif.

Bruno Govers

« Nous devons trouver le juste milieu entre le réalisme et le football-spectacle »

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