On se reprend!

Les Rouches ont incontestablement donné des signes d’amélioration.

Lundi: peur sur Sclessin

Les joueurs du Standard sont groggys. Samedi, au retour du Lierse, des individus ont lancé des pierres sur leur autocar avant de tenter de bloquer le véhicule sur l’autoroute. Il fallut finalement une solide escorte de gendarmerie pour leur permettre de rentrer à Liège. A leur retour à Sclessin, une bonne cinquantaine de supporters les attendaient dans leur parking afin de leur dire leur façon de penser. Mis au courant, les gendarmes dévièrent le car vers le poste de police d’Awans, où certains firent appel à des amis ou à de la famille pour venir les rechercher, les autres se rendant courageusement au stade afin d’aller rechercher leur véhicule.

Autant dire que c’est avec une crainte que certains débarquent à l’entraînement du lundi. Entre-temps, LouisSmal a désamorcé la bombe en conviant des représentants des groupes de supporters à discuter directement avec les joueurs, les entraîneurs et la direction. La rencontre a lieu dans le local habituellement réservé à la presse mais celle-ci s’y voit refuser l’accès. Sa présence aurait pourtant permis à tous les supporters du Standard (et pas seulement ceux faisant partie d’un club) de répercuter les réponses des joueurs aux questions, parfois très directes. Mais le Standard (joueurs et direction) craint manifestement que certaines phrases ne fassent mal. Walem (jamais épargné par la critique et manifestement impressionné par les événements), Goossens (qui connaît bien les supporters pour avoir vécu parmi eux mais que certains commencent à contester) et Dragutinovic (capitaine de l’équipe) sont les joueurs qui prennent le plus souvent la parole.

A l’issue de cette réunion, les joueurs du Standard décident de ne plus accorder d’interview à la presse. Ils tentent bien de dire qu’il ne s’agit pas d’une mesure de rétorsion mais d’une manière de mieux se concentrer sur leur travail mais, en sourdine, quelques-uns avouent que leurs collègues estiment certaines critiques injustifiées (et ce après un total de 1 sur 18!).

Mardi: quel coach?

Manifestement, le Standard ne manie pas l’art de la communication. Yves Bouchard, de La Gazette des Sports, consulte un spécialiste en la matière afin d’avoir un avis neutre sur la mesure prise par les joueurs. Celui-ci répond qu’il n’est pas nécessairement mauvais de se replier sur soi-même pour faire front dans l’adversité mais que cela ne peut durer trop longtemps.

Le black out est une arme difficile à manier, une bombe qui risque à tout moment d’exploser dans les mains de ceux qui s’y prennent mal. D’abord parce que les joueurs refusent ainsi de parler à leurs propres supporters. Ensuite parce qu’il n’a jamais empêché aucun journaliste de remplir les pages de son quotidien, au contraire. C’est dans les pays où il est appliqué de façon plus systématique (Turquie, Portugal, Espagne,…) que les quotidiens sportifs fleurissent. Le risque est alors très grand de voir les journalistes s’intéresser à d’autres aspects du football: l’argent, le dopage, la vie privée des joueurs, etc.

Ce n’est pas encore le cas ici car la presse francophone est relativement clémente et attache de l’importance à l’analyse sportive de la situation. De plus, la recherche d’indices concernant le nom du futur entraîneur prend du temps. Michel Preud’homme avoue avoir reçu une vingtaine de candidatures, dont celle d’ Halilodzic et de Manu Ferrera. Ce dernier a vu le Standard face au Lierse de son frère et n’hésite pas à s’affirmer candidat parce qu’il pense que, jusqu’en fin de saison au moins, les Rouches ont besoin d’un coach qui connaisse bien le football belge. De plus, cela permettrait au Standard d’économiser de l’argent. L’agent de Daniel Leclercq se serait informé pour savoir… qui il devait contacter au Standard. Enfin, la piste Troussier semble sans issue. Le Français (qui n’a pas été contacté par Preud’homme mais par un proche de Louis-Dreyfus) s’est renseigné sur le club mais n’a pas obtenu tous ses apaisements et examine très sérieusement une proposition de la fédération chinoise, où il peut gagner deux millions de dollars par an, soit de quoi faire vivre décemment 250 Chinois!

Mecrcredi: communication interne nulle

Onder Turaci est l’invité de 1, où il analyse le match de Ligue des Champions entre le Real Madrid et le RC Genk. Tiens, l’interdiction de parler à la presse ne s’applique pas à la télévision, alors? Contacté, le jeune défenseur d’origine turque tombe des nues: -Comment ça, on ne peut pas parler aux journalistes? C’est pour cela que mes collègues me regardent de travers. Je n’étais pas au courant. Lundi, je n’ai pas assisté à la réunion des supporters parce que je devais aller passer une radio du tibia. A mon retour, on ne m’a rien dit…

Voilà comment les arguments d’une équipe sont démontés. D’autant que, manifestement, Turaci n’est pas le seul à ne pas savoir. L’un ou l’autre étranger ne maniant pas encore bien le français n’a pas compris n’ont plus. Et le lendemain, certains accorderont même une interview à une télévision anglaise. Evidemment, quand il s’agit de se faire connaître dans l’un des rares pays qui soit encore en mesure d’entretenir de gros contrats…

Jeudi: et Eric Gerets?

A force de parler du futur entraîneur, on a un peu tendance à oublier le boulot accompli au jour le jour par Dominique d’Onofrio, dont on prétend à présent qu’il pourrait bien rester en poste jusqu’à la trève. Le temps pour le Standard de faire le point avec Eric Gerets, qui ne veut pas quitter Kaiserslautern aussi rapidement?

Assisté par Christian Piot, avec qui le courant passe manifestement très bien, Dominique d’Onofrio n’hésite pas, comme il l’avait déjà fait au Lierse, à prendre certaines décisions radicales: Walem devra à nouveau jouer en Réserves tandis que Van Meir reprendra sa place dans l’équipe au détriment d’un Afolabi jugé beaucoup trop nerveux. Ali Lukunku, qui n’aurait dû reprendre que progressivement cette semaine, a insisté pour se joindre au groupe dès le départ et jouera une mi-temps en Réserves afin de voir s’il peut monter au jeu en seconde période contre St-Trond.

Vendredi: pas de match à risques

C’est à huis clos que le Standard se prépare à affronter les Limbourgeois. On apprend toutefois que le poste de meneur de jeu sera confié à Moreira (qui souffre pourtant encore de la cheville) tandis que Goossens sera aligné en pointe, Vandooren glissant au poste d’arrière gauche et Dragutinovic avançant d’un cran. Cela doit notamment permettre à Aarst de bénéficier des centres qu’il affectionne particulièrement.

D’un point de vue sécuritaire, et malgré les événements de la semaine précédente, la partie face à St-Trond ne sera pas considérée comme match à risques. Raphaël Binot, responsable de la sécurité du club, a fait le point avec la police fédérale et l’a assurée du soutien de toute la tribune III, généralement la plus prompte à s’enflammer. Il est donc décidé de ne pas tenir compte de quelques rumeurs annonçant la présence de gens menaçant de tout casser en cas de défaite.

Samedi: Walem toujours écarté

Le match contre St-Trond se termine sur un score de 2-2 qui ne fait pas les affaires du Standard. D’autant que c’est Vandooren qui a inscrit contre son camp le but de l’égalisation trudonnaire, à quatre minutes de la fin après que lui-même et Söderström aient placé les Rouches au commandement.

Le Standard méritait-il mieux? Contre un St-Trond agressif mais qui n’a pas développé son football de contre-attaque habituel (beaucoup de mauvaises relances), il a en tout cas pris la plupart du temps le jeu à son compte, a bénéficié des meilleures occasions et a fait preuve d’un bel esprit de corps lorsqu’il fut mené 0-1 puis lorsqu’il s’est retrouvé à dix.

Mais les Liégeois encaissent encore beaucoup trop facilement. Le premier but résulte d’une contre-attaque après une phase litigieuse dans le rectangle adverse mais personne n’a songé à fermer la porte dans l’entrejeu puis Eric Van Meir a mal contrôlé le ballon et l’a remis dans la foulée de Van Geel. Le deuxième but est encore plus stupide puisque personne n’a songé à se placer devant le ballon pour empêcher Boffin de jouer rapidement un coup-franc vers Mitrovic dont le centre-tir fut malencontreusement dévié dans son propre but par Vandooren. Une astuce que l’on apprend chez les Minimes!

Autre aspect inquiétant: le noyau du Standard ne fait que se rétrécir. Les problèmes du flanc droit sont loin d’être résolus, d’autant que Turaci souffre toujours du tibia et a dû céder sa place à Mutavdzic, Enakarhire reculant d’un cran. Du coup, toutes les actions dangereuses menées par les Liégeois sont venues de la gauche. D’autre part, certains joueurs n’évoluent pas à leur niveau normal: Aarst n’est manifestement pas encore prêt, Goossens n’a pas saisi la chance qui lui était rendue d’évoluer en pointe, Van Meir ne rayonne pas de confiance, l’entrée au jeu d’ El Yamani n’a rien apporté et Walem est manifestement sur une voie de garage. Il a d’ailleurs quitté le stade peu après le coup de sifflet final. Les dirigeants du Standard n’excluent pas la possibilité de l’un ou l’autre transfert en janvier.

Mais il y a également des satisfactions comme le retour de Moreira, la prestation autoritaire d’ Okpara et l’affirmation de Söderström, formidable travailleur entre les lignes et auteur d’un but. « Il y a longtemps qu’on n’a plus eu un joueur de ce niveau au Standard », fait remarquer Dominique d’Onofrio.

Coup de chapeau également au comportement des supporters qui, même lorsque leur équipe fut menée 0-1, ont tenu parole et continué à la soutenir.

Dimanche : Moreira à l’hôpital

La direction, de son côté, envisage de récuser Eric Blareau. La veille, l’arbitre louviérois a brillé par son incohérence, notamment en excluant Okpara pour un tackle certes violent mais pas du tout dans l’axe du but. Peu avant, Kalisa n’avait écopé que d’un carton jaune pour avoir tacklé de la même façon juste devant le rectangle. Les Liégeois s’estiment également grugés d’un penalty.

« Je suis rentré en Belgique depuis un peu plus d’un an et demi mais je peux déjà citer quelques exemples de fois où cet arbitre nous a porté préjudice », dit Michel Preud’homme. « Je ne veux pas lui imputer la seule responsabilité du match nul mais nous avons dû nous réorganiser en fonction de l’exclusion de Godwin qui, de plus, sera bientôt suspendu ».

Le directeur sportif liégeois regrettait surtout que son équipe ait laissé filer une victoire qui paraissait acquise. « Un succès nous aurait permis de quitter cette dernière place avant un déplacement difficile à Lokeren ». Craint-il le syndrome de la lutte pour le maintien pendant toute la saison? « On ne sait jamais, nous devons être prudents, ne pas prendre ces choses-là à la légère ».

Danny Boffin, pour sa part, vole au secours du Standard, dont il avoue qu’il fut supporter lorsqu’il était gamin. « Cette équipe a déjà montré un meilleur visage qu’au cours des dernières semaines. Il faut dire aussi qu’elle n’a pas beaucoup de chance. J’ai notamment vu le match contre Anderlecht: les Rouches méritaient la victoire mais sont rentrés bredouilles. Cela aurait pu changer pas mal de choses car le calendrier ne lui était pas favorable non plus. Puis, il y a eu la blessure de Lukunku, un gars qui peut changer le cours d’un match. J’étais d’ailleurs content qu’il ne monte pas plus tôt au jeu contre nous ».

Nouveau coup dur pour le standard: Moreira, qui se plaignait de douleurs intestinales, est hospitalisé d’urgence au CHU de Liège où il doit rester 24 heures en observation.

Patrice Sintzen

« Les Rouches n’ont pas beaucoup de chance cette saison » (Danny Boffin)

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