« On peut y aller »

Entretien-vérité avec un des membres de la défense (souvent critiquée) de Genk.

Bien qu’il joue depuis deux ans à Genk, il n’a guère été sous les feux de la rampe. Akram Roumani n’est pas un beau parleur. Il n’aime pas se mettre en évidence, mais une chose est certaine: Genk possède un arrière gauche de talent.

Akram Roumani : Je suis heureux ici. Je suis sous contrat jusqu’en 2004 mais je souhaite prolonger. Je pense que je resterai jusqu’en 2006. Genk est un club idéal pour moi.

En début de championnat, vous avez eu des problèmes de concentration: certains ont joué comme si Genk allait reconduire son titre les doigts dans le nez.

C’est exact. Nous avons commencé la saison comme si nous étions déjà champions alors que nos adversaires nous attendaient de pied ferme. Ce relâchement est du passé. Nous ne nous imaginons plus que nous sommes les meilleurs. Nous sommes plus concentrés.

Vous étiez parmi ceux dont on a fustigé la nonchalance et le manque de concentration, non?

Presque tous les joueurs étaient concernés.

Le système vidéo de Genk permet toutefois des analyses individuelles.

Quand vous n’avez pas livré un bon match, l’entraîneur vous le montre sur la vidéo. On ne peut rien dire face aux images. Je vous donne un exemple. Comme je suis cool, ça ne me fait rien du tout. A Mouscron, j’ai commis une faute inutile qui est à l’origine du premier but. Mpenza reçoit un long ballon, je me lance vers lui et le but suit. J’ai compris que mieux valait attendre et le laisser prendre le ballon: il n’en aurait rien fait, de toute façon. Dans les dernières minutes, nous avons perdu notre concentration et encaissé deux autres buts. Il est très important de faire attention jusqu’au bout mais ça vaut pour tout le monde. »Moins mitrailler Moumou »

Cette saison, on a souvent montré du doigt la défense, qui encaisse trop de buts.

Nous jouons bien, mais si nous menons 3-0, nous nous relâchons. Ce n’est pas dramatique. C’est aussi lié aux problèmes de communication entre Didier Zokora et Seyfo. Ils n’ont pas encore d’automatismes mais ils ne peuvent que se bonifier.

La relance n’est pas soignée, surtout quand vous êtes sous pression, parce que le compartiment offensif ne parvient pas à conserver le ballon.

C’est exact. Nous balançons trop souvent le ballon n’importe comment. Contre Lokeren et le Sparta Prague, nous avons eu le même problème: nous ne conservons pas suffisamment le ballon pour jouer. Nous reculons et nous laissons l’adversaire venir. C’est comme ça qu’on encaisse des buts. Sans oublier le manque de concentration en fin de match. Mais nous travaillons tout cela à l’entraînement et ça va s’améliorer. Nous aurons alors une bonne défense.

Au Maroc, vous avez joué en 3-5-2. Etes-vous moins à l’aise en 4-4-2 ?

Au contraire. En Espoirs, j’ai joué en 3-5-2, mais je me sens mieux dans un 4-4-2. Je défends davantage, et quand j’attaque, je peux me consacrer davantage à mon action.

C’est nécessaire, au vu de votre style de jeu car si les flancs ne sont pas dans le match, comme à Prague, vous mettez l’équipe en difficulté.

En attaquant, nous permettons à l’équipe de conserver le ballon et nous prenons moins de buts. C’est pour ça que nous essayons de défendre très haut et de moins mitrailler Moumou Dagano de longs ballons, comme nous l’avons encore fait à Prague. Heureusement, nous avons quand même réussi à nous qualifier pour la Ligue des Champions.

Quelle est l’importance de cette épreuve pour vous?

La Ligue des Champions est synonyme de matches face à des équipes prestigieuses. Nous devons être fiers de pouvoir jouer contre des footballeurs comme Zidane, Roberto Carlos, Figo… Mais il ne faut pas non plus se braquer que sur la Ligue des Champions. Nous devons penser en priorité au championnat, car c’est grâce à cette épreuve que nous pouvons être européens. Donc, nous devons signer une bonne saison et essayer de terminer parmi les trois premiers pour participer au bal des champions la saison prochaine aussi.

Ce sera plus difficile cette saison car Bruges et Anderlecht se sont renforcés.

Maintenant, les équipes se préparent bien à nous affronter. Mais nous devrions terminer parmi le trio de tête.

Bruges et Anderlecht ne vont pas craquer une nouvelle fois.

Ils ont bien commencé mais nous allons nous montrer aussi.

Quelle influence peut avoir la Ligue des Champions sur le championnat? Une victoire ou une défaite peuvent-elles vous donner des ailes ou les couper? En d’autres mots, l’équipe est-elle forte mentalement?

Nous ne nous laisserons pas déstabiliser. L’entraîneur discute beaucoup avec nous. Jouer contre de grands clubs est positif pour le club et pour les joueurs. Nous devons vivre match par match et bien jouer chaque rencontre. »Pas international? Pas grave! »

La succession des matches ne va-t-elle pas être lourde à digérer? En plus de la Ligue des Champions et du championnat belge, beaucoup d’entre vous sont internationaux et confrontés à des déplacements fatigants. A Prague, Dagano est passé à côté de son match et il a parlé de ce problème à l’occasion du match contre le GBA, alors qu’il revenait d’Afrique.

Je ne pense pas que nous aurons trop de difficultés. La Ligue des Champions représente un tout autre niveau, mais en championnat, nous sommes bien armés. L’un ou l’autre aura un moment pénible, parfois, mais le noyau est bon.

Le Maroc ne vous a pas sélectionné contre le Gabon.

J’ai d’abord été dans l’équipe olympique puis j’ai joué en équipe A mais sans être titulaire. Ce n’est pas un problème: je le deviendrai. J’ai livré de grands matches au Mali en Coupe d’Afrique. Je ne sais pas pourquoi le sélectionneur ne m’a pas repris la dernière fois. Il a changé. Coelho, le Portugais qui nous a dirigés au Mali, a été limogé. Il est provisoirement remplacé par un ancien gardien qui est en fait adjoint mais le Maroc recherche un entraîneur en chef. Peu de joueurs professionnels ont été sélectionnés contre le Gabon. Je serai du prochain match mais je ne m’occupe pas de l’équipe nationale pour le moment. C’est Genk qui m’intéresse. Même si je suis convoqué, je ne pense pas que j’accepterai car nous avons trop de matches ici. Toutes les semaines, les journaux marocains parlent des joueurs qui évoluent à l’étranger et certaines rencontres de Ligue des Champions sont retransmises.

Dans quelle mesure l’intérêt de votre pays vous motive-t-il?

Beaucoup. Si je fais un grand match contre le Real, je serai une vedette au Maroc. Nous sommes quatre internationaux à évoluer en Ligue des Champions. C’est quelque chose de bien. Tout le monde sera fier de moi. Pour connaître son niveau réel, il faut affronter de grandes équipes. En évoluant à un autre niveau, à un rythme plus élevé, on progresse.

Raoul De Groote

« Chaque fois que je reviens du Maroc, j’ai des kilos en trop »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire