« On peut imiter le Lierse ! »

Avant le début des PO3, l’arrière gauche français de Charleroi explique pourquoi l’équipe est également capable d’effacer un passif de six mois.

Un président qui fait lui-même les changements, qui organise un stage de quatre jours en Espagne, l’arrivée d’un nouvel entraîneur inconnu, le retour de Mario Notaro sur le banc ( because diplômé) et la nomination de Luka Peruzovic comme conseiller… Voilà le décor planté dare-dare au Sporting de Charleroi pour préparer ses matches capitaux de PO3 contre Eupen. Le groupe regarde et se tait, tentant de se concentrer uniquement sur le sportif. Franck Signorino, arrivé en décembre à Charleroi, s’est confié à Sport/Foot Magazine à la veille du début de ce combat acharné qui durera cinq matches.

Comment s’est déroulé le stage et à quoi sert un stage pareil à la veille d’un déplacement déjà capital à Eupen ?

Franck Signorino : Très bien. On s’est régénéré. Ce stage avait pour but de quitter l’environnement pesant et lourd autour du Sporting. On nous pose sans cesse des questions sur l’entraîneur, le président, etc. Ce stage nous a permis de nous reconcentrer sur le terrain, de resserrer les liens, de partager autre chose.

Le premier stage en Espagne avait été critiqué par les joueurs…

Quand tu es footballeur, tu as un employeur et tu t’adaptes à ses décisions. La priorité, c’est de sauver Charleroi et si le club ou le président juge qu’un stage est utile pour sauver le club, tu le fais.

Quel fut le discours du nouveau staff ?

Il n’y a pas eu de grand discours. On a découvert que Mario Notaro et Zoltan Kovac partaient avec nous le jeudi et Mehdi Bayat nous les a présentés. Puis, on s’est mis directement au travail. Le président est arrivé avec Luka Peruzovic le lendemain mais là non plus, il n’y a pas eu de grand discours.

Dans quel état d’esprit abordez-vous les PO3 ?

On a pris un coup sur la tête car à trois minutes près, on peut jouer notre survie face au Cercle Bruges. Cependant, il n’y a pas de traumatisme dans le groupe. En décembre, on avait huit points de retard. Dans nos têtes, on savait qu’il y avait 60 % de chances de jouer ces PO3 et on y était donc préparé. Par contre, Eupen n’a jamais pensé à cette éventualité… Mentalement, on ne peut pas être moins bien qu’Eupen. Mieux, cela serait un peu prétentieux de l’affirmer car on a vécu pas mal de chamboulements avec ce changement d’entraîneur, cette histoire du Cercle…

Cette équipe est prête pour un possible marathon ?

De toute façon, on n’a pas le choix. Moi, je la sens prête. On sait que cela passe par 11 matches et si on n’y croit pas, autant arrêter tout de suite.

Le premier match sera capital…

Non, non. Si tu perds à Eupen, cela devient compliqué mais rien n’est irrémédiable. Eupen part avec trois points de plus mais pas avec une victoire de plus. Sur ces cinq rencontres, il suffit simplement de gagner un match de plus qu’eux.

Eupen est-il un adversaire plus abordable ou plus coriace que le Lierse ?

J’ai entendu beaucoup de choses là-dessus. Eupen était techniquement meilleur que le Lierse mais avec Kovacs, le Lierse avait d’autres arguments physiques. L’ambiance au Lierse est beaucoup plus chaude. De toute manière, quand tu es dernier, peux-tu choisir ?

Vous allez retrouver Albert Cartier que vous avez connu à Metz…

Oui, mais ce n’est pas lui qui m’a lancé. Je jouais en CFA lorsqu’il était entraîneur. On se disait bonjour quand on se croisait mais je ne faisais pas partie du groupe pro. C’est Gilbert Gress, son successeur, qui m’a lancé.

Avant Courtrai, l’ambiance était à l’optimisme et on parlait de 9 sur 9. Au final, vous n’avez pris qu’un point…

Peut-être qu’inconsciemment, on s’est relâché. Moi, je n’ai pas perçu cela comme un excès de confiance ou de la prétention. Après nos victoires contre Saint-Trond et Zulte, on ne s’est pas pris pour les rois du pétrole. Mais je pense que l’équipe n’était pas habituée à gérer une série positive.

Quelles différences percevez-vous entre l’équipe du premier tour et celle du deuxième ?

L’équipe du premier tour portait un lourd fardeau dont elle ne parvenait pas à se débarrasser. L’arrivée de nouveaux joueurs a boosté la concurrence. Dans l’état d’esprit, les joueurs se sont remobilisés. La preuve ? Le match contre le Germinal Beerschot. Les recrues ne pouvaient pas jouer et on a vu que tout le monde était concerné par notre sauvetage. Pas seulement les 13 recrues. Au niveau mental, on a vu qu’on avait les qualités requises et au niveau technique, avec des joueurs comme Losada, Ederson, Kaya ou Serwy, on a également ce qu’il faut.

Comment Charleroi se retrouve dernier alors ?

On part avec un passif de six mois.

Et vous pensez que c’est possible de se sauver sur une demi-saison ?

Tout est possible. Le Lierse se sauve alors qu’à la trêve, il n’avait pas tellement plus de points que nous. Eupen a lutté jusqu’au bout en commençant sa saison avec 1 point sur ses 10 premiers matches. Le système des play-offs nous permet encore d’y croire. L’avantage de cette formule est d’avoir son sort entre ses mains et de ne pas attendre les résultats des autres.

Qu’est-ce qu’il manque à cette équipe ?

Un peu plus de temps. On n’a eu que six jours en Turquie pour mettre en place cette équipe avant d’aborder des matches capitaux contre Malines et au Lierse.

Rien d’autre ?

Un peu de sérénité et de stabilité. Mais on s’adapte. On essaye de ne pas faire attention à tous les problèmes extra-sportifs. De toute façon, nouveau coach ou pas, nouvelle tactique ou pas, c’est nous qui sommes sur le terrain et qui sommes responsables de la situation actuelle. On doit donc se serrer les coudes.

Il ne manque pas un peu de poids offensif ?

Je ne dirais pas qu’on manque de qualité devant mais d’hommes. Qui peut-on mettre pour l’instant comme deuxième attaquant ? Avant de parler de qualités, il faut parler de solutions. Tu peux changer de tactique à partir du moment où tu as les hommes et des profils différents qui te le permettent. A-t-on la possibilité de changer ? Non. C’est donc un faux débat.

 » En aucun cas, le groupe a montré qu’il se désolidarisait de Laszlö « 

Comment le groupe a-t-il ressenti le changement d’entraîneur ?

Il n’y a pas de bon moment pour changer d’entraîneur. Le groupe n’était pas du tout contre Czaba Laszlö. On adhérait à son discours, à sa tactique et à sa façon de voir les choses.

On a évoqué un manque de communication…

Non. De l’intérieur, je n’ai rien vu. L’entraîneur arrivait à parfaitement se faire comprendre. Vous avez vu le nombre de nationalités dans le vestiaire ? Si on avait choisi un entraîneur belge ou francophone, il aurait quand même dû s’exprimer en anglais pour la moitié de l’équipe.

Le timing de son licenciement est quand même bizarre…

Quand aurait-il fallu le virer ? Avant la trêve ? Peut-on dire cela quand on voit qu’on a quand même fait 10 sur 12 avec lui après la trêve.

Vous avez été surpris par ce limogeage ?

On ne le sentait pas venir mais on est quand même sensible à ce qui s’écrit dans la presse. Forcément, quand tu regardes Studio 1 après Courtrai ou le Standard, tu ne peux pas te dire étonné. Mais en aucun cas, le groupe a montré qu’il se désolidarisait de son entraîneur. Il n’y a pas eu de scission, ni de clash entre joueurs et lui.

La tactique face à Courtrai et au Standard ne l’a pas servi ?

Encore une fois, il y a eu un faux débat en stigmatisant le choix de Kumedor comme latéral droit. Certes, ce n’est pas son poste et il a été débordé plusieurs fois mais il ne faut pas oublier que ces débordements sont suivis de centres et que sur ceux-ci, on n’est pas au marquage. On ne peut pas imputer ces trois buts au simple fait que Kumedor occupait le poste de latéral droit. Je pense que l’entraîneur a cherché le meilleur pour ce poste, en sachant que Fabris et Martos étaient blessés.

La deuxième critique portait sur le choix de Franquart comme médian gauche…

Je suis assez proche de Peter et il ne vit pas bien le fait que des critiques s’ajoutent à ses pépins physiques. Il ne faut pas oublier qu’il sortait d’une blessure ! Mentalement, il est dans une situation compliquée car il n’a pas pu s’inscrire dans une certaine continuité en 2011. Cependant, à Courtrai, il n’est pas plus fautif que les autres.

 » Moi, mon job, c’est de jouer. Pas de commenter « 

Venons-en au match à Westerlo : aviez-vous déjà vu un président donner des consignes en plein match ?

Je n’ai pas entendu ce qui s’est dit. Mais j’ai vu le président courir vers le délégué. Le reste ne nous concerne plus. A Getafe, j’ai connu de telles situations. Rien ne m’étonne. A Metz, ça arrivait que le directeur technique soit sur le banc. A Lyon, le président donne son avis.

Le groupe ne perçoit pas cela comme une manière de saper l’autorité d’un coach ?

Dans tous les clubs, le président a son mot à dire. Moi, je suis joueur. Je ne peux pas me permettre d’émettre une opinion en sachant que je n’ai pas toutes les informations. Moi, mon job, c’est de jouer. Pas de commenter. Au final, c’est beaucoup de remue-ménage pour pas grand-chose.

Vous avez déjà connu la lutte contre la relégation à Nantes ?

Oui. Il y avait beaucoup de problèmes extra-sportifs. On avait eu trois entraîneurs, un envahissement de terrain. Je connais donc ce genre de situations. Cette expérience à Charleroi est dure sur le plan sportif mais elle est régénératrice. Aujourd’hui, je sais faire la part des choses, ce qui n’était pas le cas lorsque j’étais à Nantes où je m’étais trop égaré dans les problèmes extra-sportifs. Ici, j’arrive à me concentrer sur mes performances.

Et comment jugez-vous vos prestations ?

Je cherchais du temps de jeu et j’en ai trouvé. Je voulais retrouver mes sensations. Je me sens bien sur le terrain. Et je pense avoir fait des performances sportives honorables. C’est la première fois aussi qu’on m’a pris pour jouer le rôle du grand frère. J’essaye d’apporter de la stabilité par mon comportement. J’essaye de m’investir au quotidien et de ne rien lâcher sur le terrain.

Quel est votre objectif après Charleroi ?

Poursuivre ma carrière. Je suis à la recherche d’un projet sportif intéressant. Que ce soit à Charleroi ou ailleurs. Mais je n’y pense pas encore. On n’est qu’au mois de mars et je finis toujours ce que j’ai commencé avant de penser à autre chose.

Vous ne pensez donc pas encore à votre reconversion ?

Ah, là, par contre, on m’a reproché d’avoir pensé à l’après-football avant même d’avoir commencé ma carrière car j’ai continué mes études (un DTU technique de commercialisation).

PAR STÉPHANE VANDE VELDE – PHOTOS: REPORTERS /DE WILDE

 » Mentalement, on ne peut pas être moins bien qu’Eupen. « 

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