On ne rigole plus !

Pour ses débuts à Charleroi, l’ancien international a dû gérer une situation extraordinaire : trois exclusions.

Il est resté stoïque, les bras croisés, debout, malgré la révolution qui était en train de couver au stade du Pays de Charleroi. Stéphane Demol ne s’est pas laissé emporter par les événements.  » Que voulais-tu ? Que je prenne aussi une rouge ? », lâcha-t-il après le match. Pour son premier match officiel à Charleroi, sur une pelouse parfaite (il fallait le souligner !), il n’a pas été gâté. Trois cartons rouges, des gestes à la limite de la correction et une défaite par le plus petit écart (1-2) face à un des ténors de la compétition.

Demol repart avec des certitudes mais a vu naître des problèmes qu’il ne soupçonnait pas.  » Pourquoi les joueurs ont-ils fait preuve de tant d’agressivité « , expliquait-il.  » Après une belle préparation, cela m’a frappé. Après une série de rencontres amicales, on rentrait dans les matches sérieux. Je les avais prévenus mais certains ont perdu les pédales.  » Un mélange de retenue et de rigueur composait son discours.  » Les trois phases qui amènent les exclusions ? Il faut voir les images mais il n’y a pas d’excuses pour de tels comportements. Même si l’arbitre s’est trompé, ce n’est pas une raison. Le public était présent, la plupart des joueurs étaient au rendez-vous mais d’autres nous ont laissé tomber. C’est dommage et il va falloir régler cela en interne. C’est mon boulot de sanctionner s’il convient de le faire. « 

Demol ne laissera rien passer. Pas question de se satisfaire d’une prestation, qui au vu des événements, a rassuré certains. Surtout après un été où le Sporting avait été délesté de ses forces vives. Pour le coach, le premier examen gardera donc un goût amer.  » Je n’avais pas l’impression de passer mon premier examen. Il y a de l’excitation car j’aime bien ce que je fais et que je veux montrer que je sais bien le faire. Mais ce n’était pas un examen ! « 

Pourtant, son équipe a montré de bonnes phases. Charleroi a toujours su se sublimer contre les grandes formations. Et cela s’est une nouvelle fois vérifié, même si la prestation générale fut gâchée par  » la stupidité de certains. Le but n’était pas d’être rassuré après le premier match : je sais que le championnat ne s’arrête pas là. Nous possédons une équipe de mi-tableau qui, si elle travaille bien et ne fait pas de bêtises comme aujourd’hui, peut regarder vers le haut et la sixième place. Mais notre premier pas est un faux pas. « 

Deux jours avant le match, il résumait son style en disant :  » Je demande du respect de mes joueurs mais je les respecte aussi. Celui qui ne me respecte pas, c’est fini. Il ne reçoit pas de deuxième chance. « 

Contre Bruges, on l’a senti blessé par certains. Et quand on lui demanda des précisions sur les renforts, il ne lâcha pas le morceau.  » Si vous avez vu qu’untel ou untel n’était pas bon, vous n’avez qu’à l’écrire. Moi, je ne tombe pas dans ce travers. Si j’ai quelque chose à dire à un joueur, j’irai lui dire en face.  » La défaite contre Bruges rompt donc la sérénité qui habitait le groupe. Les murs risquent de trembler cette semaine. Avec Demol pour siffler la fin de la récréation. Et ce malgré la bonne tenue des Zèbres :  » Je retiens évidemment du positif. Bruges a changé son dispositif pour venir à Charleroi. J’avais vu cinq fois les Blauw en Zwart et à chaque reprise, ils avaient évolué en 4-3-3. Là, ils ont opté pour le 4-4-2. On ne le savait pas et il a fallu replacer Grégory Christ à droite. Et quand on a évolué à 11, je trouve qu’on a rivalisé avec Bruges. Parfois, on était même meilleur.  »

 » On a essayé de changer l’ambiance « 

Demol se voit confronté à un nouvel obstacle. Lui qui est arrivé dans un beau panier de crabes, prenant un job que personne ne voulait : John Collins était parti éc£uré par les conditions de travail. Tout le groupe souhaitait se barrer, quitter un navire en perdition. L’été a donc servi à panser les plaies. Grâce, notamment, à Stéphane Demol. Il a d’abord dû faire face à des terrains d’entraînement sans herbe. Cela l’a contraint notamment à improviser et à passer quelques jours au centre sportif du Bertransart à Nalinnes.

 » J’ai vu débarquer Raymond Mommens tout gêné de me demander si le Sporting ne pouvait pas utiliser la grande pelouse derrière les terrains de tennis. J’ai fixé mes conditions et ils ont pu venir « , nous expliquait le directeur du centre sportif, Luc Decors qui a accueilli le Sporting gratis pro-deo. Puis, ce fut direction Tubize et le centre national pour les quinze derniers jours de préparation.

Demol a ensuite géré le mal-être d’un noyau plombé par quelques crises d’ego. Opération réussie. En ne mettant aucun joueur sur le côté, Demol a instauré un climat sain de travail.  » Je n’ai pas d’équipe type. Je savais qui allait jouer dimanche mais il s’agissait simplement des 11 joueurs que je pensais être les plus aptes physiquement et psychologiquement à commencer contre Bruges. « 

Le style navigue entre rigolade et rigueur.  » Bon, aujourd’hui, on a bien rigolé. Ok. Demain, on va bosser « , lâcha Demol deux jours avant le match contre Bruges. Pour lui, pas question de relâcher la pression. Pendant six semaines, il a supprimé les amendes avant de les réintroduire lors de la dernière semaine. A la fin de la séance, il suffisait parfois que deux survêtements traînent pour qu’il envoie Michel Dewolf, l’entraîneur adjoint, rattraper les fautifs.

 » On a essayé de changer l’ambiance et pour le moment, cela marche. Cela passe par une approche assez libre mais en même temps assez stricte. Je suis fier d’avoir 26 joueurs concentrés sur leur métier. Cela ne va peut-être pas durer car je vais faire 15 déçus lorsque je devrai choisir le onze de départ. Mais ça, c’est une autre partie du métier. Avant le championnat, tout était rose. « 

 » Nous sommes plus forts que la saison passée « 

Il a dû également gérer les mouvements qui ont chamboulé son groupe. Des piliers sont partis, comme Fabien Camus et Bertrand Laquait. Sans compter Christophe Grégoire que Demol n’a pas connu puisqu’il était parti avant la reprise des entraînements. Les renforts sont arrivés au compte-gouttes. Demol n’a pas cessé de rappeler qu’il lui fallait des renforts mais il a toujours dit qu’il faisait confiance aux dirigeants pour bien équilibrer le noyau.  » Je savais que Laquait, Camus et Torben Joneleit allaient partir. Je n’ai donc pas eu de problèmes avec cela. Et je sais aussi qu’un ou deux dossiers sont en cours. Mais comme on m’a promis que tous les départs seraient compensés par une arrivée, je ne m’en fais pas.  »

A deux jours de la venue de Bruges, il adoptait une mine rassurée.  » Vous ne croyez quand même pas que je vais vous dire que je ne suis pas satisfait de la politique des transferts à deux jours de la reprise, non ? », affirmait-il.  » Nous sommes plus forts que la saison passée. A tous les points de vue. Comme je n’étais pas là la saison passée, je le pense « , continua-il avec ironie.  » On a 26 joueurs et ils sont tous les 26 prêts pour le début de saison. Cela ne donne aucune garantie mais les matches amicaux ont bien marché. On est donc confiant. « 

Demol est comme cela. A savoir pousser une gueulante quand il le faut, mais à savoir éviter de remettre de l’huile sur le feu quand c’est nécessaire. Pour lui, tout début de championnat doit rimer avec sérénité. Pas question de lancer une quelconque polémique. Pas assez d’expérience ?  » C’est une mauvaise impression.  » Trop de jeunes dans son noyau ?  » Jeune ne rime ni avec bon ni avec mauvais. On va donner la chance aux jeunes et on verra.  » Avec quel style de jeu ?  » Le jeu pour gagner.  » Ne manquait-il pas un adversaire de calibre lors de la préparation ?  » Non.  » C’était calculé de ne rencontrer que des divisions inférieures ?  » C’est autre chose. Le programme était déjà planifié avant mon arrivée. « 

Même son discours d’après-match était destiné à mettre les joueurs face à leurs responsabilités. Cela tranche avec les prédécesseurs de l’ancien entraîneur malinois, qui avaient tous tendance à protéger leur groupe.  » Je vais remettre les points sur les i en semaine.  » Pour ceux qui n’ont pas encore compris…

par stéphane vande velde

« Notre premier pas est un faux pas. »

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