« ON NE PEUT PAS VENDRE SON AME POUR QUELQUES DENIERS »

Georges Heylens analyse l’actualité du football belge.

Anderlecht exige une réduction de l’élite à 14 équipes pour la saison 2003-2004.

Il est clair que 14 clubs en D1, c’est beaucoup dans le contexte actuel du football belge. Mais évitons de précipiter les événements et étudions calmement toutes les données. Eliminons, dans un premier temps, deux clubs. Cela me paraîtrait plus sage. Comment éliminer les clubs excédentaires? Le critère économique devrait être davantage pris en considération. Le classement sportif et la licence, c’est très bien, mais il faut voir plus loin. Les clubs devraient être en mesure de garantir leur viabilité pour la saison suivante également. Que ce soit par de l’argent disponible en caisse ou par des garanties bancaires. Les Pays-Bas ont eu le mérite de trancher dans le vif à une époque où Johan Cruyff éblouissait les foules par ses exploits sur le terrain, mais où le football national était malade. Aujourd’hui, il n’y a plus que deux divisions de Betaald Voetbal (football rémunéré). Le reste est amateur. Ayons la lucidité de reconnaître que le football belge n’a actuellement plus les moyens d’entretenir autant d’équipes professionnelles et fixons peut-être des plafonds salariaux: autant pour les joueurs internationaux, autant pour les joueurs nationaux et autant pour les jeunes promesses. Cela permettrait d’assainir la situation.

Autre idée émise: le Sporting envisage de s’appeler à l’avenir RSCA Brussels.

Cela permettrait peut-être d’obtenir quelques subsides de la région bruxelloise, mais que fait-on des traditions historiques? Le supporter s’identifie à un nom, à un stade, à des couleurs. Le maillot du Real Madrid ou de l’Ajax Amsterdam est identifiable entre tous depuis la nuit des temps. Celui d’Anderlecht doit être mauve et blanc. Pas jaune ou bleu ciel. Cela, aujourd’hui, on semble l’avoir compris. J’espère que l’on a aussi compris que le Sporting est chez lui au stade Constant Vanden Stock. Pas sur le plateau du Heysel ou ailleurs. Le jour où le club quittera le Parc Astrid, il perdra son âme. Il en ira de même le jour où il ne s’appellera plus Anderlecht.

De l’autre côté de la chaussée de Ninove, cela ne s’arrange pas: le RWDM n’a pas apuré ses dettes fédérales et risque, purement et simplement, la radiation.

Ce serait regrettable pour le football bruxellois, mais cela fait 15 ans que ce club bat le beurre. Pourtant, d’importants entrepreneurs se sont succédés à sa tête. Ces gens ont-ils été bien encadrés et bien conseillés? C’est la question que je me pose. Depuis 15 ans, on a souvent posé une emplâtre sur une jambe de bois. Il y avait autrefois le Racing de Bruxelles, le White Star et le Daring. Aujourd’hui, de ces trois clubs, il ne reste plus rien. L’Union St-Gilloise a failli autrefois se lancer dans la folie des grandeurs à l’époque de Ghislain Bayet, mais a compris à temps que cette politique la conduirait tout droit vers le gouffre. Aujourd’hui, l’Union est un club sain. Qui milite en D3, certes, mais si ses moyens ne lui permettent pas de viser plus haut, pourquoi essayer?

Les choses sérieuses commencent pour les clubs belges sur la scène européenne. Peut-on imaginer avoir deux représentants en Ligue des Champions, cette saison?

Je ne le pense pas. Avec tout le respect que je dois à Bruges et à Genk, je n’ai pas l’impression que ces deux clubs aient les reins assez solides pour rééditer les performances récentes d’Anderlecht.

Si Bruges passe l’écueil du Dinamo Bucarest, celui de Donetzk ne paraît pas infranchissable.

Reste à voir dans quel état d’esprit Bruges l’abordera. Un petit incident à déjà opposé Gert Verheyen à son entraîneur. L’ex-international, qui incarne tout de même la philosophie brugeoise, a eu l’intelligence de clore les débats en remettant son brassard de capitaine. Il faudra maintenant avoir la volonté de franchir ces deux tours préliminaires. Si les Flandriens font preuve d’audace, ils peuvent y arriver. S’ils restent dans le contexte belgicain, où l’on s’estime déjà satisfait lorsqu’on a « bien résisté », ils échoueront comme d’autres avant eux.

Genk, qui n’était pas tête de série, a évité le pire en héritant du Sparta Prague.

C’est vrai, mais méfions-nous du football tchèque. Il a bien réussi aux Diables Rouges, récemment, mais au niveau des clubs, c’est une autre paire de manches. Depuis des années, le Sparta Prague est bien présent sur la scène européenne. C’est une équipe solide qui compte de nombreux internationaux en ses rangs. Genk a réalisé une superbe saison avec Sef Vergoossen, mais il lui faudra maintenant confirmer.

Daniel Devos

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