On ne nous arrêtera pas

Cette saison, les Citizens ne veulent rien moins que le titre. Deux ans après sa reprise par une société arabe d’investissement, le club se dit prêt. Faudra assumer…

Devenir le meilleur et le plus grand club de football du monde, telle est l’ambition avouée de Manchester City.  » Je pense vraiment que nous pouvons concrétiser cet objectif « , a commenté le directeur général, Garry Cook, pendant la tournée de City aux Etats-Unis.  » Aves nos possibilités actuelles, on ne peut plus nous arrêter. Nous entrons dans une ère nouvelle. Les supporters vont voir les meilleurs footballeurs du monde dans notre stade. Les propriétaires sont très ambitieux et nous ont clairement fait part de leurs dé-sidératas. « 

Manchester City est propriété du Cheick Mansour Bin Zayed al-Nahyan (40 ans) depuis l’été 2008. Cet homme, membre le plus proéminent de la société d’investissements Abu Dhabi United Group, a acquis le club pour 250 millions d’euros. Il a modifié les rapports de force au sein de la Premier League. Arsène Wenger a déjà qualifié d’obscènes et d’extraterrestres les méthodes de City. L’Alsacien visait surtout les salaires exorbitants qu’offre le club aux renforts potentiels. En janvier 2009, Kaká aurait pu signer un long contrat qui lui aurait rapporté un demi-million d’euros… par semaine. Certains joueurs auraient même reçu un chèque en blanc, style : complétez vous-même le montant.

Actuellement, Manchester City continue à claquer les millions. Il vient d’acquérir cinq joueurs. Yaya Touré arrive de Barcelone pour trente millions et touche un salaire hebdomadaire de 220.000 euros. L’Ivoirien est ainsi le mieux payé de la Premier League. Pour l’instant, il encaisse 100.000 euros de plus que Wayne Rooney à Manchester United. David Silva, transféré de Valence pour 30 millions, touche 190.000 euros par semaine. Roberto Mancini, le manager, a aussi embauché l’international allemand Jérôme Boateng pour 12 millions d’euros (Hamburger SV), le Serbe Aleksandar Kolarov (Lazio Rome) pour 22 millions et le talentueux et fantasque, Mario Balotelli pour 28 millions ! City, pas encore rassasié, vient d’acquérir l’international anglais, James Milner (Aston Villa), pour 22 millions d’euros plus Stephen Ireland dans la transaction dont le prix est estimé à 8 millions. Le club aura donc dépensé (jusqu’ici) environ 150 millions durant la seule campagne estivale. Ajoutez-y les 270 millions déjà déboursés et vous arrivez à une somme hallucinante.

L’argent n’est plus un problème, c’est très clair. On estime à seize milliards d’euros la fortune de Mansour, qui veut conquérir le monde grâce à son nouveau jouet. Pour les Cheikhs des Citizens, le football constitue le moyen idéal pour placer leur émirat sur la carte internationale. Depuis des années, Abu Dhabi et Dubaï se livrent une bataille sans merci. C’est ainsi que Dubaï est, avec la compagnie aérienne Emirates Airlines, un sponsor important d’Arsenal alors que Etihad Airways (Abu Dhabi) est co-sponsor de Chelsea et sponsor principal de Manchester City depuis mai 2009. Les deux émirats se livrent un duel dans tous les sports ou presque. Abu Dhabi a investi dans l’écurie Ferrari en F1, Dubaï a aménagé un circuit et organise des courses de F1. La fédération internationale de cricket est basée à Dubaï tandis qu’Abu Dhabi va accueillir le Mondial Twenty20, une forme de cricket, durant les prochaines années.

C’est le football qui offre le plus de publicité. En investissant à Manchester City, les Cheikhs tentent de se créer une image agréable. Plus grand est le club, meilleure est la renommée de ces messieurs. Cela n’a pas grand-chose à voir avec l’amour du football. Personne n’a encore aperçu Mansour à Manchester City.

La stratégie des transferts

Roberto Mancini a remplacé Mark Hughes en décembre 2009. L’Italien a été décevant durant ses six premiers mois à Manchester City, terminant juste en-deçà du top 4. L’entraîneur de 45 ans est néanmoins resté en poste et a obtenu carte blanche pour le marché des transferts et la formation de son propre staff technique, auquel il a adjoint David Platt et Attilio Lombardo, qu’il a connus durant sa carrière active à la Sampdoria.

On critique beaucoup les dépenses de Manchester City. Vous sentez-vous visé ?

Roberto Mancini : Non, il faut dépenser beaucoup pour gagner des prix. On ne peut progresser sans investir. Manchester United, Chelsea, Liverpool, Arsenal et Tottenham n’ont rien fait d’autre dans le passé. Nous en sommes à cette phase.

Comment expliquez-vous les commentaires ?

Ils sont induits par la peur. Pour l’instant, nous sommes les seuls à être en mesure d’acheter de véritables renforts. Le pouvoir change de mains. Ces dix dernières années, quatre clubs se sont partagé le titre. Maintenant, ils sont cinq et peut-être six avec Tottenham.

Le top 4 est l’exigence minimale. Quelques résultats décevants peuvent induire votre renvoi. N’êtes-vous pas soumis à une pression terrible ?

Je ne connais pas la pression. J’ai entraîné l’Inter quatre ans et j’ai été footballeur professionnel pendant onze ans. Jamais je n’ai ressenti de pression. Le football est ma vie. J’espère encore travailler au moins quinze ans comme manager et rafler le plus grand nombre possible de trophées. La saison dernière, nous avons loupé la quatrième place lors de l’ultime journée. Nous ne pouvons plus être satisfaits si nous ne gagnons rien. Nous visons le titre.

Manchester City en est-il déjà capable ?

J’y crois. Après un Mondial, les grands clubs sont généralement plus faibles. Si nous ne perdons pas trop de points en début de championnat, nous lutterons pour le titre. Cela dépend de la rapidité de l’intégration des nouveaux. A l’Inter, j’avais peu d’argent à dépenser, je devais faire avec les joueurs déjà présents. En deux ans, j’ai formé une équipe homogène qui a remporté le titre. C’est également possible à Manchester City.

Certains transferts n’ont pas encore de nom dans le football européen. Est-ce une stratégie délibérée ?

Nous avons essayé d’enrôler de jeunes joueurs prometteurs. David Silva, Jérôme Boateng et Aleksandar Kolarov n’ont pas encore atteint leur plafond et Yaya Touré a acquis une expérience précieuse à Barcelone, où il s’est habitué à remporter des trophées. Nous avons formé une équipe capable de connaître le succès. Les jeunes forment la base de la dynastie que nous voulons former.

Est-ce pour cela que vous vouliez Mario Balotelli ?

Mario est un des quatre attaquants qui figuraient sur ma liste. J’ai été le premier à lui faire confiance et à le lancer à l’Inter. Mario a deux qualités qui nous conviennent : son talent et son âge.

Il a aussi la réputation d’avoir sale caractère…

Je pense que son talent l’a parfois fait dévier du droit chemin. Il s’est senti plus fort qu’il n’était et il s’est heurté à son entourage. Je le connais bien et je sais qu’il n’est pas un mauvais garçon.

40 à 50 % plus cher quand c’est City

Vous intéressez-vous encore à Edin Dzeko, du VfL Wolfsburg ?

Oui, à un prix juste. Le surestime-t-on ? Non, Zlatan Ibrahimovic avait environ le même âge quand il a quitté l’Ajax pour la Juventus et il a réussi. Dzeko est prêt pour un grand club.

A un prix juste, soulignez-vous.

Quand City se manifeste, les prix augmentent de 40 à 50 %, les clubs partent du principe que nous allons quand même acheter le footballeur en question. Les négociations durent donc plus longtemps que nous ne le souhaiterions, parfois.

Robinho reviendra-t-il dans le noyau ?

Cela dépend de lui. Il a besoin d’être heureux pour bien jouer. Sa location à Santos prend fin. Je suis prêt à lui offrir une nouvelle chance.

C’était différent il y a quelques mois.

En janvier, je lui ai demandé s’il voulait rester et il a répondu que non, il voulait retourner au Brésil afin de se préparer pour le Mondial. Il est parti. Il est peut-être animé d’autres sentiments aujourd’hui.

La saison passée, David Moyes, le manager d’Everton, vous a fait sortir de vos gonds, ce qui a donné lieu à une belle empoignade devant les caméras…

Cela ne m’arrivera plus jamais. J’en ai tiré les leçons et en plus, je me sens de mieux en mieux dans le football anglais. Je n’ai pas de problème avec Moyes. C’est un des meilleurs managers de la Premier League. Je pense que sans son début difficile la saison passée, Everton aurait figuré parmi les quatre premiers.

par süleyman öztürk (ESM)

On estime à seize milliards d’euros la fortune de Mansour.

On sent le souffle de City.

(Alex Ferguson)

Balotellli: 28.000.000 euro

Silva: 22.000.000 euro

Toureyaya: 30.000.000 euro

kolarov: 22.000.000 euro

boateng: 12.000.000 euro

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