» On n’a plus d’excuses « 

Depuis son retour à la compétition, et même s’il manque encore de rythme, le meneur de jeu français dicte le ton.

Après une année de galère, Frank Berrier a renoué avec la compétition et un statut de titulaire. Pour ne pas précipiter son retour, il est ménagé à chaque rencontre, sortant à l’heure de jeu. Pourtant, en quatre matches, il est devenu la plaque tournante d’un Standard de plus en plus dépendant de lui.

Comment expliquez-vous votre difficulté à revenir en pleine possession de vos moyens après votre déchirure des ligaments survenue en avril 2010 ?

Franck Berrier : Quand j’étais sur le terrain, je pensais que tout allait bien mais comme j’avais connu une fonte musculaire, je ressentais toujours des douleurs dans le tendon et le cartilage du genou. En janvier, j’ai repris et j’étais remis mais l’entraîneur ne m’a pas fait confiance. Par après, j’aurais pu m’entraîner à fond mais on préférait ne pas prendre de risques. C’est pour cette raison que le préparateur physique m’a fait commencer la préparation avec un programme individuel. Toujours à cause de cette fonte musculaire qui ne s’est certainement pas résorbée lors des vacances. Même si pendant celles-ci, j’ai couru, cela ne remplace pas les entraînements ou les soins. A la rentrée, il y avait toujours sept centimètres de différence entre les deux cuisses.

Votre objectif est d’être à 100 % pour quand ?

Je monte en puissance au fur et à mesure des matches. Le coach me fait confiance mais il ne veut pas prendre de risques. Avant chaque rencontre, il me prévient du temps de jeu que j’aurai et même si, comme au Beerschot, j’aurais voulu disputer toute la rencontre, je comprends parfaitement les précautions prises. Je suis dans un rôle où je dois beaucoup travailler et après une heure de jeu, l’entraîneur se rend compte que je n’apporte plus autant qu’en début de match. D’ici un mois maximum, j’aurai disputé 90 minutes et ce sera parti !

Vous pensez toujours à cette blessure ?

Je vis avec. Il y a toujours des petites gênes. Mais quand je m’entraîne ou que je suis sur le terrain, je n’y pense plus. Il n’y a que le matin quand je me lève que je ressens toujours une petite douleur.

Vous avez craint ne jamais revenir à votre niveau de Zulte ?

Non, je n’ai jamais douté. Je suis quelqu’un de positif. S’il avait fallu encore un an pour me remettre, je l’aurais pris, sans rechigner. La seule chose qui m’ennuie, c’est que je veux prouver ce que je vaux aux supporters et aux dirigeants du Standard car je me sens redevable.

Compreniez-vous qu’on vous préfère Axel Witsel et Steven Defour la saison passée ?

C’est sûr qu’on ne pouvait pas me comparer avec Axel Witsel qui fut l’homme fort du championnat. Mais on aurait pu m’utiliser un peu plus. Cependant, l’équipe gagnait et on ne change pas une équipe qui gagne. Les résultats donnaient raison à l’entraîneur puisqu’on a terminé deuxième et qu’on a remporté la Coupe.

Est-ce que vous avez pensé ne pas avoir le niveau pour le Standard ?

Non, je ne me suis jamais posé la question. Je savais que j’aurais ma place une fois mes douleurs au genou disparues. Si j’ai signé ici, c’est que je sais que j’ai les qualités pour y réussir.

Vos premières prestations vous érigent déjà comme le sauveur du Standard…

Les gens me connaissent par rapport aux qualités montrées à Zulte et ces qualités ne disparaissent pas du jour au lendemain. Mais sauveur est peut-être un grand mot. Je suis là pour apporter un petit plus à l’équipe et pour être l’élément déclencheur des offensives.

Après le départ de Witsel, Defour et Carcela, on vous perçoit comme le dernier technicien…

Les supporters essayent de se raccrocher à ceux qui restent…

 » L’atmosphère est plus sereine que l’année passée « 

Vous évoluez dans un rôle d’électron libre, non ?

Oui, je suis derrière l’attaquant. C’est à moi de calmer le jeu. Je peux faire ce que je veux au milieu de terrain, tant que le travail défensif est fait. En perte de balle, je dois me repositionner près d’un des deux médians défensifs mais en possession, je suis assez libre. J’ai appris à connaître Yoni Buyens qui me cherche dès qu’il a le ballon. Il a une grande intelligence de jeu et on se parle beaucoup sur le terrain. Et puis, il ne faut pas oublier Karim Belhocine. Il ne paie pas de mine sur un terrain mais c’est un guerrier, qui court jusqu’au bout.

Il y a clairement un Standard avec et un sans Berrier ?

Pour l’instant, on joue pourtant toujours avec le même schéma. Un 4-3-3.

Selon que vous soyez sur la pelouse ou pas, on ne voit pas le même style de jeu…

C’est pour cette raison que le Standard a notamment recruté Nacho Gonzalez. Pour avoir deux joueurs comparables. Pour le moment, celui qui me remplace, n’a pas la même mission, ni le même profil que moi. C’est pour cette raison que cela joue différemment.

Sans vous, on voit encore trop de longs ballons, non ?

Par rapport à nos qualités et à ce que l’entraîneur demande, on balance trop de longs ballons vers l’avant, c’est clair. Il faut qu’on arrive à enchaîner des passes pour que l’adversaire se fatigue, quitte à balancer de longs ballons en fin de match si on doit aller chercher un résultat. Il faut pour cela qu’on change nos mentalités et nos habitudes. Utiliser de longs ballons, c’est tomber dans la facilité et éviter de prendre des risques.

L’atmosphère a-t-elle changé dans le groupe ?

Oui, c’est plus cool. L’atmosphère est plus sereine. On retrouve davantage une ambiance de copains-amis. Cela rigole toujours dans le vestiaire. Il y a beaucoup de plaisir et tout le monde est concerné. C’est le coach qui amène cela.

C’est dû à tous les départs ?

Finalement, tout cela, c’est un mal pour un bien. Il y a eu un tournant dans le club. Des joueurs sont partis mais cela a renforcé les liens à l’intérieur du groupe.

Cela signifie qu’il y avait une tension dans le groupe ?

Non, les bruits de transfert n’altéraient pas l’ambiance. Je ne sais pas comment expliquer cela. L’année passée, il y avait aussi une bonne atmosphère, sinon on n’aurait pas pu réussir les résultats des PO1. Mais cette année, on sent une ambiance bon enfant. Les joueurs sont plus proches les uns des autres et il y a un meilleur relationnel avec le staff. Même les supporters ont l’air moins nerveux que l’année passée. Ils semblent avoir compris le message de la direction qui veut construire un nouveau club.

Il était temps que certains partent ?

C’est bien que le mercato soit terminé. Pour le bien du club, des supporters et du groupe, on était content de voir arriver le 1er septembre et de se dire que tout était réglé. Maintenant, on commence vraiment notre saison.

Avec toutes les rumeurs, comment le groupe a fait pour conserver cette ambiance ?

C’est le mérite de l’entraîneur. Il est ouvert. On peut parler avec lui. Moi j’aime bien savoir pourquoi je ne joue pas, ce que je dois faire sur le terrain. Et personnellement, je n’avais pas cette relation avec Dominique D’Onofrio. Sans doute aussi parce que j’ai vécu une drôle de saison.

Vous connaissiez José Riga avant qu’il ne signe ?

Non mais quand on l’a nommé, je me suis renseigné et tout le monde me disait qu’il privilégiait le relationnel et qu’il était proche de ses joueurs. Cela s’est confirmé. Lors de son arrivée, il nous a expliqué ce qu’il voulait mettre en place, qu’il désirait jouer au ballon. C’est une personne très posée. En nous parlant, il nous a donné confiance. Un entraîneur comme cela, si on est confronté à des turbulences, on aura naturellement envie de le protéger puisque lui défend et écoute sans cesse ses joueurs.

 » L’équipe a moins de talent individuel mais est plus collective « 

Depuis le dernier titre, on parle de reconstruction. Or, les PO1 avaient montré qu’on avait rebâti une équipe. Ce n’est pas déprimant de tout recommencer à zéro ?

Je sais que tous les ans les supporters entendent la même rengaine. Là, une page s’est tournée et c’est notre boulot de montrer que cette reconstruction va réussir. On parle d’année de transition mais c’est à nous de faire en sorte que cette année se limite à six mois. Cependant, pour revenir à votre question, on peut comprendre que Witsel et Defour aient envie d’évoluer à Benfica ou à Porto. Il vaut mieux qu’ils partent dans un autre club que de rester ici et être déçu.

Est-ce que le Standard tient la route ?

Oui, je trouve. L’équipe possède d’autres qualités que celles de l’année passée. Le coach veut jouer au ballon et avec le recrutement effectué, on va dans ce sens-là. Et d’ici un ou deux mois, on verra le vrai visage du Standard. S’il y a peut-être moins de qualité individuelle, le collectif est plus fort. Cette année, le Standard s’exprimera à travers son collectif. On n’attendra plus un exploit individuel de Mehdi Carcela ou de Witsel.

Est-ce que votre mission consistait à limiter la casse au mois d’août ?

Oui et on l’a bien fait puisqu’on a fait un bon début de saison et qu’on s’est qualifié pour les poules de l’Europa League. Désormais, on n’a plus d’excuses. On reste le Standard et on doit faire partie de ces play-offs, ainsi que jouer la qualification en Europa League.

La Ligue des Champions n’est-elle pas un échec ?

Il faut être réaliste. Si on avait passé Zürich, on se serait retrouvé contre le Bayern. Cela aurait constitué un beau match de gala, on n’aurait rien eu à perdre. Il faut être lucide : la Ligue des Champions, ce n’était pas pour nous, cette saison. Il vaut mieux faire un beau parcours en Europa League qu’être ridicule en Ligue des Champions.

Vous parlez de play-offs mais pas de lutte pour le titre. Est-ce que cela signifie que vous considérez Bruges et Anderlecht plus forts ?

On a perdu pas mal de joueurs. Il faut donc que la mayonnaise prenne et on ne sait pas combien de temps cela va demander. Tout dépendra de cela.

Ne vous manque-t-il pas un peu plus de réalisme devant le but ?

Si, si. Il ne nous manque pas un tueur, juste un attaquant qui arrive à enchaîner. Cela peut être Mbaye Leye qui n’a pas mis 15 buts à Zulte Waregem pour rien. Avec la confiance, cela peut monter vite. Même chose pour Aloys Nong. Et Cyriac va revenir !

Connaissiez-vous votre compatriote William Vainqueur ?

Oui car je suis un boulimique de foot à la télévision. Vainqueur est un bagarreur, un joueur polyvalent qui peut évoluer médian défensif ou central.

PAR STÉPHANE VANDE VELDE

 » On était content de voir arriver le 1er septembre. Maintenant, notre saison commence. « 

 » En cas de turbulences, on aura envie de protéger José Riga puisque lui défend et écoute sans cesse ses joueurs. « 

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