» ON DOIT AVANT TOUT RESTER IMPRÉVISIBLES « 

Lokeren reste sur une saison fantastique : la Coupe, les PO1, la qualification européenne. Il a conservé son noyau et son coach, lequel entame une saison 2014-15 pleine de défis.

Peter Maes (50 ans) travaille généralement par cycles de quatre ans : quatre à Geel, quatre à Malines et quatre à Lokeren… Eh non, le Limbourgeois entame sa cinquième saison à Daknam.  » Dire qu’on affirme que mon style de coaching limite ma date de péremption « , sourit Maes. Toutefois, il ne se repose pas sur ses lauriers : une saison éprouvante s’annonce.

1 Maintenir le groupe concentré

On dit qu’il faut changer l’équipe ou l’entraîneur tous les deux ans. Pas à Lokeren. Le noyau est identique depuis quatre ans. Les joueurs ont semblé moins affûtés pendant la préparation. Lokeren a été lent et brouillon dans son match de gala contre Novi Sad, le premier test sérieux. Pourtant, l’entraîneur ne s’est pas départi de son calme.

 » Il était trop tôt pour m’énerver. Nous avons bien travaillé et le niveau des entraînements était plus élevé que celui des matches. C’est l’avantage de travailler ensemble depuis longtemps : je sais quand le groupe a besoin d’être mis sous pression. Je sais aussi comment le préparer. Donc, je ne me tracasse pas.  »

Maes n’ignore pas le danger qui le guette.  » Je remarque que le groupe a moins envie de faire ses preuves. Je n’accepte pas de vivre dans le passé. Certains doivent encore avoir un déclic.  »

L’entraîneur songe à ceux qui intéressent d’autres clubs : Alexander Scholz, Hamdi Harbaoui, Hans Vanaken.  » Il leur est plus difficile de rester tous concentrés. Financièrement, il n’est pas difficile de les conserver mais mentalement, c’est une autre paire de manches. J’ai du travail.  » Il est quand même logique qu’ils veuillent franchir un cap supplémentaire puisque Lokeren a atteint son plafond ?

 » Il sera difficile d’obtenir de meilleurs résultats mais nous pouvons relever la qualité de notre jeu. Je veux surtout plus de rendement. Nous ne pouvons pas considérer le championnat comme un échauffement pour les play-offs, comme les vrais ténors. Je sais que mes joueurs pensent que ça va couler de source mais c’est faux. Je le leur rappelle constamment.  »

2 Conserver Hans Vanaken

Avec onze buts et dix assists, Hans Vanaken a été la révélation de la défunte saison. Le conserver est crucial pour la stratégie de Maes.  » Dans tous mes clubs, j’ai opté pour un vrai meneur de jeu. A Lokeren, ça a été Ivan Leko puis Vanaken. Aucun autre ne possède ses qualités. Donc, je veux le conserver le plus longtemps possible, tout en sachant qu’un jour, il nous quittera.

Compte tenu de l’aisance avec laquelle il s’est adapté au niveau de la D1, il franchira facilement le cap suivant mais il doit gagner en maturité et en puissance. Il doit oser diriger une équipe.  »

Auteur de buts à la pelle l’été dernier, Vanaken n’a pas encore trouvé le chemin des filets pendant la préparation.  » Il considère qu’il s’agit de sa préparation alors qu’il y a un an, il voulait se montrer. Il doit se méfier car il peut être difficile de se reconcentrer quand les choses sérieuses commencent.  »

3 Surprendre l’adversaire

Une équipe inchangée est plus prévisible. Tout le monde sait comment Maes place ses pions. Il joue avec deux médians défensifs, Overmeire et Persoons, derrière un trio en ligne et Harbaoui en pointe. Maes :  » Je n’aime pas changer de système. Une équipe a besoin de clarté. Regardez le Mondial : les équipes à succès s’appuyaient sur une bonne organisation, au départ de laquelle elles essayaient d’être créatives. J’ai constaté que le six et le huit étaient devenus encore plus cruciaux dans la construction. Ce sont eux les vrais meneurs de jeu. En plus, il est bon d’avoir une hiérarchie. Il ne faut pas que les joueurs s’entretuent pour leur place.  »

L’Entraîneur de l’Année veut anticiper sa prévisibilité.  » Nous avons beaucoup évolué en quatre ans : la première ligne dispose de plus de liberté et varie plus son jeu. Mes joueurs peuvent permuter plus souvent. Nous avons aussi travaillé la manière d’affronter certains types de pressing.  »

4 Prouver aux ténors qu’ils ont tort

Maes a été associé cet été à la plupart des grands clubs. Il reconnaît qu’il y a un an, il a entamé la saison avec l’idée que ce serait sa dernière à Daknam.  » C’était du 50-50, selon moi.  »

Pourquoi entame-t-il sa cinquième saison à Lokeren ? Maes :  » Le président voulait continuer à travailler avec moi et il m’a offert des garanties : l’infrastructure, l’équipe, Lokeren veut s’implanter dans le subtop. Des clubs étaient intéressés tout en ayant d’autres options. Or, pour moi, la conviction est essentielle et notre président a été très persuasif. Pour le reste, je prête le moins d’attention possible à ce qui se passe autour de ma personne et ce n’est pas un manque d’ambition.

Je suis déjà content que mon club ne doive pas vendre des joueurs pour assurer sa survie. Le jour où je sentirai qu’il n’a plus d’ambition, je m’en irai. Notre président a investi dans le stade grâce à ce que nous avons réussi pendant quatre ans. Notre nouvelle tribune va rendre leur fierté aux supporters car ce match contre Pilzen dans un stade Roi Baudouin vide, il y a deux ans, ça faisait mal.  »

5 Faire éclore les jeunes

La hiérarchie de Lokeren est établie. Il n’est donc pas facile pour les jeunes de se montrer, même si Jore Trompet et Alexander Corryn ont déjà tâté du football professionnel par moments, ces dernières saisons.  » Nous avons lancé Derrick Tshimanga, Laurens De Bock et Nill De Pauw « , rectifie Maes.  » Mais depuis lors, nous sommes devenus une équipe du top six et la barre est plus élevée. Il faut donc voir si nos équipes d’âge recèlent des talents purs et des joueurs que je peux utiliser directement. Je n’en sais encore rien. Preben De Man, par exemple, n’a que 17 ans. L’intensité des entraînements avec le noyau A le fatigue et entraîne des blessures.

Trompet ne manque pas de possibilités mais il fait trop figure de gendre idéal. Je le secoue depuis longtemps dans l’espoir de le décoincer. Une location pourrait constituer une option mais ce ne sera pas évident s’il veut rester en D1. C’est pareil pour Corryn. Il a déjà disputé de très bons matches pour nous, il est arrivé tôt dans le noyau A mais la saison passée, il a quelque peu piétiné. Il est possible que l’arrivée de Denis Odoi ait eu un impact sur son moral. J’espère en tout cas qu’il va émerger à nouveau cette saison.  »

PAR MATTHIAS STOCKMANS

 » Jore Trompet fait encore trop figure de gendre idéal. Il faut le décoincer.  »

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