« On avait des gros cous mais on nous appréciait »

Koeman : Sur le terrain, en finale contre l’Ajax, nous avons bluffé mais sinon, nous étions devenus quasi de paisibles Belges. Les Néerlandais avaient déjà la réputation d’avoir le gros cou mais je pense que tout le monde nous appréciait. Mais sur le terrain, tout est permis. Emmy, mon épouse, a appris à boire de la bière chez vous. Elle ne buvait pas la première fois quelle est entrée dans la cantine mais on lui a mis une Jupiler en mains. J’aimais aussi la façon dont on nous abordait: – Auriez-vous un peu de temps pour bavarder? Fantastique.

Rutjes : Quand tu prestes, tu as le droit de parler. Auparavant, on avait enrôlé de pseudo-vedettes qui n’ont pas toujours répondu aux attentes.

Den Boer : La culture belge était encore fort calme. Alors, quand nous en venions aux mains… Je me souviens d’un match contre l’Excelsior. Nous avons eu une bagarre incroyable, Graeme et moi.

Rutjes : Nous nous sommes battus et quelques mois plus tard, nous nous retrouvions dans le même vestiaire.

Den Boer : Le groupe était suffisamment mûr pour accepter rapidement ceux qui lui apportaient un plus, même s’ils parlaient beaucoup.

Koeman : Au début, certains ont dû se faire à ce type de coaching.

Rutjes : Nous sommes rudes, trop directs, peut-être, mais nos intentions sont bonnes. Après le match, c’est fini. Koen Sanders: lors du premier entraînement, il m’a suivi de trop près et je l’ai descendu mais sous la douche, après, j’ai plaisanté avec lui. Il n’a pas compris mon humour et a ramené sa grogne à la maison.

Den Boer : J’ai entraîné trois ans en Provinciale. J’obligeais les joueurs à se diriger sur le terrain mais quand l’un d’eux disait quelque chose vertement, après-coup, ils ne prenaient plus un verre ensemble.

Rutjes : Ohana ne s’y est pas fait non plus.

Koeman : Je le rencontrais souvent en dehors du football. Quand il arrivait à l’entraînement, il donnait l’impression de dormir et sans doute venait-il de sortir de son lit. Aad a eu des problèmes avec lui car il ne parvenait pas à le cerner. Mais quand on apprenait à le connaître… Son amie était restée en Israël, il était seul dans un appartement. Ce n’était pas évident.

Rutjes : On venait d’enrôler Martens et Cluytens, ainsi que Boeckstaens. Quand nous nous entraînions au petit Malinwa, ils buvaient des bières à midi alors que nous, braves Hollandais, nous nous contentions de café. Une fois, j’ai été le quatrième étranger, contre Molenbeek. Quand nous perdions, il y avait une discussion et ceux qui n’avaient pas joué devaient sortir. Un jour, j’ai passé trois quarts d’heure assis dans la neige, contre un poteau… Puis l’équipe est sortie et j’ai pu m’entraîner. J’ai pris une de ces crampes. Je me suis demandé ce que je foutais ici.

Den Boer : Marc Wilmots est arrivé après cette victoire européenne. Un grand et solide garçon. A l’entraînement, il a foncé sur Preud’homme. Lors de la phase suivante, celui-ci lui a rendu la pareille. Il ne s’est plus jamais approché de Preud’homme.

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