« On a ri de nous. Ça fait mal »

A 30 ans, de retour du Calcio, il aurait préféré vivre un meilleur championnat.

Johan Walem avait quitté le noyau des Diables Rouges pour prendre part à ce match au Kiel que le « top » de Sclessin ne prépara pas de façon professionnelle.

« Quand un club a les joues rouges, tout le monde est dans ses petits souliers », dit Johan Walem.

La rumeur a parfois affirmé que le lutin d’Ecaussines n’était pas totalement épanoui dans son jeu et sa vie au quotidien à Sclessin. Lui qui n’élève pas souvent la voix, précise, cette fois avec force, que ce n’est pas exact. Mais il attendait probablement plus de cette première saison au Standard. Son ambition ne lui permet pas de se satisfaire des restes des repas des ténors de la saison.

« Le Standard s’est loupé »

Quelles sont les premières conclusions de cette saison au Standard?

Johan Walem: Le bilan est facile à dresser puisque nos avons eu six bons mois puis la suite du programme avec des hauts et des bas. Tout n’est pas noir ou blanc, il y a eu trop de teintes très grises dans nos matches face aux petites équipes. Or, comme il y a plus de formations moyennes que de géants, cela aura a un impact considérable sur la récolte de fin de saison. Le plus dur, c’est peut-être de briller quand cela devrait aller de soi. Là, on a d’autant plus de regrets à avoir que les perspectives étaient belles à la fin décembre. Le Standard s’est loupé mais, paradoxalement, il faudra tout retenir pour la saison prochaine: le bon et le mauvais.

Le bon, n’était-ce pas une ligne médiane à trois très complémentaire en début de saison?

Oui, c’était pas mal même si nous n’avons pas toujours dompté le jeu durant 90 minutes. Dès le départ, on a senti que Michel Preud’homme voulait du mordant, de la vitesse et un gros pressing haut où les attaquants sont les premiers défenseurs en cas de pertes de balle. Par rapport à l’Italie, où tout est aussi à très haute valeur tactique, la différence était grande pour moi. Le but de l’entraîneur est de jouer haut et vite alors que la manoeuvre est un peu plus patiente en Italie. Venant du Calcio et d’Anderlecht avant cela, je me suis adapté à des tendances plus Bundesliga, si je puis dire. Liège n’est pas loin de l’Allemagne et cela peut expliquer que ce style a toujours plu ici.

Pourquoi cet arrêt?

Une crise de confiance qui a secoué tout le groupe. Une certaine fragilité sur le plan mental qui a coûté cher. Contre Genk, on a marié nos atouts en posant le jeu tout en mettant le paquet dans la bataille athlétique. Genk n’a pas résisté. Bon, il y a eu des problèmes, des gros et des petits: c’était l’avalanche… Des conneries, parfois, et à la longue, cela concerne tout le monde. On a rigolé du Standard; donc, on a rigolé de moi même si je n’étais pas concerné par l’affaire du poids des joueurs. Cela fait mal.

Le « machin » du GBA n’arrange rien après des tas de pépins. Mais, même si c’est assez important, cela n’explique pas tout: le groupe n’a pas été capable d’être régulier, c’est ce que je retiens.

On n’explique pas ce phénomène par un seul joueur. Les problèmes de Didier Ernst ont un peu perturbé la ligne médiane mais un groupe comme le nôtre doit pouvoir se passer de moi, de Didier, d’Harald, d’Ali ou de n’importe qui. Il faut bien le dire, il y a eu des glissements avec l’apparition momentanée ou plus d’Okpara ou d’Enakharire dans la ligne médiane. Je me suis retrouvé à droite mais cela ne me dérange pas.

« Une puissance folle et incontrôlée »

Tout cela est douloureux, quand même?

Oui, c’est sûr. Mais c’est un club volcan et ça ne date pas d’aujourd’hui. Un détail, une polémique et tout pète, la lave coule et emporte tout sur son passage. C’est à la fois le charme, la force et la faiblesse de ce club incroyablement populaire. Il y a une puisssance folle au Standard mais il faut la canaliser pour que tout soit d’abord positif. L’attente d’un nouveau titre est longue et cela peut expliquer des énervements. C’est tout ou rien, on ne sait jamais quoi avec le Standard et cela me marquait déjà quand je jouais encore à Anderlecht. Personne ne pouvait dire à l’avance ce qui nous attendait à Liège.

Comment être plus régulier?

Ça s’apprend en restant toujours calmes. En janvier, on parlait du titre. Trop tôt et on n’a pas su gérer nos émotions. J’étais enthousiaste lors de mon arrivée. J’ai été déçu car nous sommes passés à côté de la montre en or. Cela se lit sur mon visage mais cela ne veut pas dire que je ne suis pas heureux au Standard. Il serait anormal de ne pas être amer du tout après une telle saison. Maintenant, je veux la terminer dignement.

Ça vaut la peine?

Il serait anormal d’être premier en décembre et huitième à la fin de ce championnat. Si c’était le cas, le groupe n’aurait vraiment aucun sujet de fierté. Il n’est pas du tout question de lever le pied. Tout se prépare toujours en foot: en terminant bien le championnat, on songe déjà à l’autre. Je ne veux pas passer de désillusion en désillusion. Ce sont les coupures qui sont dangereuses. La trêve hivernale nous a été fatale car la motivation baissa d’un cran. C’était arrivé? Non, ce n’est jamais dans la poche. J’ai un contrat de quatre ans. Je veux au moins un titre.

« Nous avons posé des problèmes à Preud’homme »

Le changement de cap du coach vous a-t-il un peu étonné?

Il a vécu des moments très durs, comme tous les joueurs, mais il reste, même dans une autre fonction. Il croit donc que c’est possible. Si ce n’était pas le cas, il aurait peut-être quitté le navire liégeois. J’y vois le premier signe d’une stabilité qui, quand elle sera quotidienne, ne pourra qu’être gagnante. Au début, Michel Preud’homme avait une approche chaleureuse avec tout le groupe. Il y a eu des moments difficiles et, à la fin, nous lui avons posé des problèmes par notre instabilité mentale et cela l’a marqué. Entraîneur, c’est parfois une vie de chien car il en prend plein la gueule dès que cela tourne de travers. Le coach était apprécié et beaucoup estiment qu’il a opté trop vite pour une réorientation dans le club. Il y a tout pour réussir au Standard…

Tout sauf le calme?

Oui.

Quelles sont les différences entre le Standard et Anderlecht?

On n’y voit pas les choses de la même manière. La capitale est plus froide. L’émotion y est moins à fleur de peau. Anderlecht est installé dans ces certitudes depuis pas mal de décennies. La direction n’a pas changé depuis longtemps et ce calme dans la gestion paye. Le train fonce et personne ne peut le faire dérailler. C’est la même politique et ils ne pensent qu’à une chose: la victoire. Anderlecht visait la Ligue des Champions et la Coupe de l’UEFA est une défaite. Pour nous, une participation à la Coupe de l’UEFA aurait été magnifique. La différence se résume à cet exemple.

Mais le Standard s’est restructuré…

Oui, mais il faut du temps avant que tout cela ne soit en place. Bruges a aussi la même direction depuis des années. La nôtre s’installe. Mais c’est d’autant plus difficile que ce club a un énorme rayonnement. C’est fou, le Standard est une religion à Liège. J’aimerais voir ce stade quand le Standard sera champion: ce sera assez dantesque et ce sera alors l’entrée dans une période plus sereine et performante.

Il n’oubliera pas le RWDM

Vous aviez été acheté par Anderlecht pour le prix d’une… facture d’électricité, non?

Le RWDM n’avait plus de sous pour payer une note à Electrabel, je crois. J’avais 14 ans et Molenbeek était déjà dans la dèche. J’ai appris en fin de saison, après un tournoi, que je devais signer à Anderlecht. Je ne m’y attendais pas.

C’était un problème?

Oui. Même si le rêve de tous les jeunes joueurs des clubs bruxellois est de porter un jour le maillot mauve, c’était dur. C’était en quelque sorte, la fin de mon enfance. Je quittais mes copains et un club que j’aimais bien pour entrer danns une nouvelle vie. Anderlecht était le rival. Au niveau des jeunes de mon époque, le derby, c’était leur Ligue des Champions à eux. Je ne connais plus personne au RWDM mais quand je joue contre ce club, je sais que des spectateurs se souviennent de mon passage chez les jeunes. J’y ai fait partie des Boskamp’s boys. Freddy Luyckx nous entraînait parfois. Nous en avons reparlé récemment. Je n’oublie pas tout ce que j’y ai vécu. Pour les jeunes, la fin d’un tel club serait tout simplement une cata.

Pierre Bilic, ,

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