« On a beaucoup de problèmes à résoudre »

L’anarchie qui régnait dans le vestiaire a-t-elle disparu, le Sporting forme-t-il à nouveau un bloc et Hugo Broos est-il le sauveur?

Hugo Broos ne les visait pas quand il a suggéré que certains avaient sans doute « trop bien profité de leurs vacances ». Filip De Wilde, âgé de 38 ans depuis le 5 juillet, est affûté. « Je ne vois pas pourquoi un gardien de but pourrait se permettre d’avoir une moins bonne condition physique », affirme-t-il. « Une bonne condition de base est la meilleure garantie contre les blessures. Elle est indispensable pour bien digérer la succession des entraînements ».

Quelle impression vous fait votre nouvel entraîneur?

Glen De Boeck : Positive, celle que j’ai toujours eue de lui: sa sérénité est contagieuse. Nous nous sommes entraînés très durement au début, mais c’est normal pendant une préparation. Je ne peux en dire davantage pour le moment.

De Wilde : Même s’il se cantonne encore dans une phase d’observation, il me fait bonne impression. Je pense qu’il va intervenir davantage au fur et à mesure. Ses méthodes d’entraînement sont en tout cas différentes de celles auxquelles nous étions habitués. Il y a plus, comment dire… d’automatismes, de combinaisons. Les entraînements sont plus longs que ceux d’Aimé Anthuenis. Surtout en stage: ils étaient longs mais nous avons eu beaucoup de temps de récupération. Le programme est parfait.

Le groupe est à peu près identique. Pourquoi ne connaîtrait-il pas les mêmes problèmes que la saison passée?

De Boeck : De quels problèmes parlez-vous?

Assez de talent mais peu de courage, de mentalité, de discipline, pas de groupe soudé, vous savez…

De Boeck : L’avenir nous l’apprendra. Revenez dans trois ou quatre semaines, peut-être?

De Wilde : Il y a du pain sur la planche pour effacer les problèmes de l’année dernière. J’espère que nous nous y attellerons.

De quoi parlez-vous?

De Wilde : De tous les points de vues: tactique, physique, et même mental. Mais nous avons un avantage: pour la première fois depuis des lustres, nous ne devons pas jouer de tours préliminaires, qu’il s’agisse de la Ligue des Champions ou de la Coupe UEFA, ce qui nous permet de réaliser une vraie préparation de six semaines. Je pense que nous aurons bien besoin de ce laps de temps.

Hugo Broos vient d’avoir sa première discussion. Après trois semaines d’observation, quelles sont ses conclusions?

De Wilde : Je ne pense pas que l’objectif soit d’en informer la presse. Il s’agissait d’une évaluation du groupe dans son ensemble, de ce qui doit être amélioré à l’avenir, de la manière de jouer, de la mentalité, etc. Il a expliqué ce qu’il attendait des joueurs. Qu’avant tout, ils s’entraînent bien, ce qui ne pouvait que les aider à jouer de bons matches ou à jouer plus longtemps à un bon niveau.

De Boeck : J’ai trouvé sa première discussion très positive, très convaincante, même très ouverte. Il nous a bien expliqué comment il voyait les choses et comment le groupe devait fonctionner.

Pourquoi?

De Boeck : Je n’ai pas à ébruiter ce qu’il nous a dit mais quand quelqu’un réalise une telle analyse après deux semaines et demie et qu’il y ajoute en plus ses propres idées… Si, en plus, ça correspond assez à ce que je pense, alors que je suis à Anderlecht depuis sept ans, je ne peux qu’être content.

éa répond aux manquements dont vous vous étiez plaint la saison dernière?

De Boeck : Entre autres.

De Wilde : Evidemment, le diagnostic ne constitue qu’un premier pas. L’étape suivante, c’est de remédier aux lacunes, d’améliorer la situation. La saison dernière, Aimé Anthuenis a relevé certaines choses, à plusieurs reprises, donc, il faut encore voir comment on va s’attaquer à ces aspects. « Broos estime qu’Anderlecht doit être une équipe dominante »

Hugo Broos veut jouer plus haut, a-t-il annoncé d’emblée, exercer plus de pression sur la balle et récupérer plus vite le ballon.

De Boeck : Il estime qu’Anderlecht doit être une équipe dominante, tout en respectant son adversaire, évidemment. Il veut qu’Anderlecht s’appuie sur ses propres forces. Pour cela, il faut être physiquement plus fort que son adversaire. C’est pour ça que nous nous entraînons si intensivement pour le moment.

De Wilde : Jouer plus haut est plus difficile. Parfois aussi plus risqué, si l’exécution n’est pas bonne. Nous devons travailler ce thème durant les trois prochaines semaines.

Selon Aimé Anthuenis, les problèmes du groupe la saison passée étaient dus à la disparition de joueurs dominants.

De Boeck : Je ne réagis pas aux déclarations des autres.

De Wilde : Sinon, on n’en finit plus.

De Boeck : Avant l’interview, nous avons d’ailleurs convenu de ne plus évoquer le passé. Y revenir n’a plus de sens. Nous entamons une nouvelle saison et seul l’avenir compte. Nous verrons ce qu’il nous apportera.

La saison passée vous a-t-elle appris quelque chose, sur le plan personnel?

De Wilde : Si ça continue comme ça, l’interview va être très courte (il rit).

Etes-vous toujours sûrs d’avoir bien agi?

De Boeck : Je persiste mais c’est tout ce que je veux bien dire. Pour le reste, c’est une affaire close. That’s it.

De Wilde : A certains moment, il faut assumer ses responsabilités et agir dans l’intérêt général. Ecoutez: ce qui est arrivé est arrivé, voilà. Nous ne sommes pas nés d’hier. éa n’est pas arrivé parce que nous trouvions ça chouette. éa me paraît clair. Mais le groupe a effectué un choix, à ce moment, et nous nous sommes ralliés à sa décision. Nous avons continué à travailler et je pense que durant les vacances, nous avons poursuivi sur notre lancée afin d’être prêts cette saison, en pensant qu’Aimé Anthuenis serait toujours notre entraîneur. Donc, il n’y a pas de problème. Aimé a toujours affirmé avoir tiré un trait sur cette affaire. Ce qui compte, c’est ce qui va se passer maintenant. Le reste appartient au passé.

Tout ne s’est-il pas déroulé de la meilleure façon possible pour tout le monde: Anthuenis à l’Union Belge et Broos à Anderlecht?

De Boeck : (il rit).

De Wilde : (il rit).

Nous essayons de faire notre boulot correctement…

De Wilde : Nous aussi (il éclate de rire).

De Boeck : Je n’ai vraiment plus envie de poursuivre cette interview (il rit).

De Wilde : Nous savons évidemment ce que vous cherchez quand vous demandez à réaliser une interview avec nous deux. Nous aurions pu dire: -Pas d’accord . Mais alors, peut-être ne ferions-nous pas notre boulot non plus. Disons que l’avenir nous apprendra si cette solution est bonne ou pas.

De Boeck : Tout le monde veut faire croire que l’affaire a été orchestrée mais je n’en sais rien. Il me semble qu’elle a suivi un cours logique. On a proposé le poste de sélectionneur à Aimé Anthuenis sur base de ce qu’il a réalisé durant ces cinq dernières années, à Genk comme à Anderlecht. On ne peut refuser pareille proposition car elle ne se représente pas souvent. Aimé Anthuenis le savait pertinemment bien. Alors, le club a tout tenté pour enrôler Hugo Broos. Connaissant son ambition, je pense qu’il était heureux de rejoindre Anderlecht. Tout ça me semble donc parfaitement logique.

Nous ne saurons jamais s’il était préférable d’avoir un nouvel entraîneur. Si Aimé Anthuenis avait entamé la saison ici, il aurait peut-être remis les points sur les « i » et entamé un nouveau chapitre avec le club. Nous ne le saurons jamais puisqu’il est sélectionneur. Ce ne sont que des supputations. »Chaque entraîneur a sa vision des choses et c’est stimulant pendant un certain temps » De Wilde : L’arrivée d’un nouvel entraîneur influence tous les joueurs, évidemment. Elle donne une impulsion, du moins à ceux qui sont normalement constitués. On veut faire ses preuves. Des joueurs qui étaient peut-être sur une voie de garage espèrent recevoir une nouvelle chance. Chaque entraîneur a sa vision des choses et c’est stimulant, pendant un certain temps. A long terme, les idées de chacun refont surface. De Boeck : Chaque début incite les gens à se montrer sous leur meilleur jour. L’avenir nous dira si ce groupe tiendra longtemps. De Wi lde : Les bons joueurs, dotés d’une certaine réputation, ne peuvent que tenter d’être des exemples pour les plus jeunes, pour chaque joueur. Si quelqu’un ne veut pas suivre, c’est son affaire. Nous n’y pouvons rien du tout.

Anderlecht est-il plus fort?

De Wilde : Le noyau est intact. Quelques jeunes l’ont rejoint, donc nous devrions être meilleurs que l’année dernière. Je ne pense pas que le club ait pour seule ambition de réitérer la saison écoulée. Zane est un avant solide, qui sait conserver le ballon. Il peut s’avérer un renfort. A condition de jouer dans le camp de l’adversaire car il n’est pas un spécialiste du contre: il manque de vitesse pour ce registre. Tihinen n’a encore joué aucun match, je ne puis donc le juger. Pour un garçon de son âge, Kolar laisse une bonne impression. Il a un excellent passing mais on ne peut attendre d’un garçon de 19 ans qu’il porte l’équipe sur ses épaules. Si nous évoluons en groupe, il sera évidemment plus facile à de tels jeunes de montrer leurs qualités.

Zane et Tihinen ont l’air d’avoir de la personnalité, non?

De Wilde : Oui…

De Boeck : Ils ont l’air chouettes.

De Wilde : Tihinen a l’air très professionnel, en tout cas, même avec son programme personnalisé. Il est déjà au boulot quand l’entraînement matinal commence et il travaille toujours quand nous rentrons. C’est déjà l’indice d’une bonne mentalité. Zane n’a pas raté d’entraînement. éa compte. C’était d’ailleurs en grande partie ce qui faisait notre force il y a deux et trois ans: la majorité de l’équipe de base était présente, chaque jour, à l’entraînement.

Les blessés doivent travailler, a déclaré Broos.

De Boeck : Je l’ai expérimenté: un blessé doit même travailler plus dur et plus longtemps que quelqu’un qui joue. Je trouve donc très positive cette remarque de l’entraîneur.

Car la saison passée…

De Boeck : Comme je l’ai dit, on n’en parle plus.

Anderlecht doit-il reprendre Alin Stoica?

De Boeck : Je préfère ne pas m’exprimer sur ce thème. Qu’Anderlecht s’en occupe.

De Wilde : On peut toujours avoir besoin d’un bon Stoica mais pas à n’importe quel prix. Il a connu trop peu de bons moments ces dernières années pour prétendre être un pion incontournable. Il est le bienvenu s’il devait revenir, pour une raison ou l’autre. « Aimé a toujours imposé sa volonté »

Quel souvenir conserverez-vous d’Aimé Anthuenis ?

De Wilde : Celui d’un homme droit,honnête et correct, agréable à fréquenter, aussi. Un homme ouvert à la communication, même s’il imposait généralement ses idées aux joueurs. Ce n’est pas un grand bavard, pas plus dans les discussions d’avant-match qu’en dehors. Quand il a quelque chose à dire, c’est généralement bref et fort.

De Boeck : Aimé est très ambitieux et il le restera. Je me souviens de son arrivée à Anderlecht et de la façon dont il a toujours imposé sa volonté -ce qui l’honore. La saison passée, à cause des circonstances, il n’a pas été évident de conserver la même ligne de conduite mais je pense que je garderai d’Aimé le souvenir d’un homme très motivé qui est constamment à la recherche d’un résultat.

Pourquoi pourrait-il être un bon sélectionneur?

De Wilde : Il estime très bien les possibilités d’un joueur. Il est réputé pour son flair. Il sait repêcher des joueurs qui étaient un peu sur une voie de garage et les ramener à la surface. C’est un atout de taille en équipe nationale.

De Boeck : Il peut devenir un bon sélectionneur parce que le scouting, la recherche de joueurs pour certaines positions, des choses dont il s’occupait déjà l’année dernière, tout cela fait maintenant partie de ses prérogatives principales. Il va aimer son travail et pourra tester ses idées dans les cinq ou six matches que l’équipe nationale doit préparer.

Vous a-t-on consultés quant au choix du nouvel entraîneur?

De Boeck : Non.

De Wilde : Je n’ai eu aucun contact à ce sujet.

Filip, vous êtes en fin de contrat. Est-ce votre dernière saison?

De Wilde : Je me sens trop bien pour arrêter mais je ne m’attends pas, à mon âge, à obtenir un nouveau contrat de cinq ans.

Glen, après ce qui s’est passé la saison dernière, avez-vous parfois pensé partir?

De Boeck : Non. En ce qui me concerne, durant la dernière phase de la saison, il n’y a eu aucun problème avec Aimé Anthuenis. Le club ne m’a pas non plus fait comprendre que les événements passés pourraient engendrer des problèmes. Je ne vois donc pas pourquoi j’aurais dû me départir de mon choix, qui est d’achever ma carrière à Anderlecht.

Christian Vandenabeele

« Tihinen est à l’entraînement avant qu’on arrive et est toujours occupé quand on part » (Filip De Wilde)

« Je préfère ne pas parler du cas Stoica. Que le club s’en occupe » (Glen De Boeck)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire