Olivier Werner

1 La presse flamande te considère comme un des cinq meilleurs transferts de l’été, tu as éliminé Charleroi presque tout seul en quarts de la Coupe : pourquoi as-tu dû attendre presque 30 ans pour arriver à ton meilleur niveau ?

Je n’ai pas eu non plus le parcours le plus chanceux. J’ai joué dans des clubs difficiles. Le Brussels, Eupen, Mons, ce n’était pas toujours simple. Et ça n’aide pas non plus pour être bien perçu. Là-bas, j’ai souvent évolué avec le couteau sur la gorge, la pression du maintien était très forte. Aujourd’hui, je me bats à nouveau pour le sauvetage avec le Cercle mais c’est différent, on sent que c’est un club habitué à gérer sereinement une situation pareille. On ne panique pas. Indépendamment de tout cela, je pense effectivement que mon niveau de jeu est aujourd’hui plus élevé. Toutes les claques que j’ai prises, ça m’a fait progresser. J’ai une maturité que je n’avais pas avant de venir ici.

2 Un stade de Mons à trois quarts vide ou un stade du Cercle où il n’y a personne : qu’est-ce qui est le plus excitant ?

Ce n’est pas comparable. A Mons, il y a un stade, ou plutôt un demi-stade qui n’est agréable pour personne. Ni pour les spectateurs, ni pour les joueurs. Et j’y jouais devant 3.000, voire 4.000 personnes quand l’adversaire attirait du monde. Au Cercle, c’est plus que le double. On peut avoir l’impression qu’il y a très peu de monde mais c’est dû à la taille du bâtiment. Si on mettait nos 7.000 ou 8.000 supporters à Malines, par exemple, il y aurait de l’ambiance.

3 Il y a un an, Anderlecht a pensé à toi quand Proto était blessé. En décembre, on a parlé de toi au Club Bruges parce que Ryan devait partir à la Coupe d’Asie. Ça te flatte, ou alors ça te frustre que les bonnes équipes ne s’intéressent à toi que quand leur titulaire est out ?

C’est flatteur. Je suis réaliste, aussi : quand on a un Proto ou un Ryan, on n’a pas besoin d’un autre numéro 1. Il y a eu des contacts dans les deux cas, c’était concret, mais je n’en suis pas encore là, je privilégie toujours le sportif avant le financier. Je suis dans mes meilleures années, je veux jouer.

4 Ton avis dans le débat actuel sur les gardiens, sur les cas Neuer et Proto ? C’est carrément impossible pour un gardien de gagner un prix comme le Ballon d’Or ou le Soulier d’Or ? Vous êtes des incompris ?

Oui. Pour les deux trophées, il y avait du très lourd dans les joueurs de champ. Mais si je prends le cas de Neuer, c’est incompréhensible qu’il n’ait pas reçu le Ballon d’Or. Il était le meilleur, et de loin. Les gens continuent à regarder en priorité les passeurs et les buteurs, comme si les gardiens étaient effectivement condamnés à ne pas recevoir des récompenses pareilles. Il y a un côté injuste.

5 Quand le Club s’écrase comme il l’a fait à Courtrai, qu’est-ce qu’on commande pour faire la fête dans la salle des joueurs du Cercle ? Du champagne ou des bières locales ?

On n’a rien commandé parce qu’on n’est pas sauvés ! Mais c’est clair que la rivalité est étonnante pour un joueur qui débarque. Par exemple, un gars du Cercle n’a pas intérêt à débarquer à l’entraînement avec des chaussures bleues. Mais ça reste bon enfant. Entre les joueurs, il n’y a aucune tension. C’est plutôt entre les supporters et les dirigeants que ça chauffe parfois. Les derbies sont très gais à vivre. Ceux de la demi-finale de la Coupe, on y a goûté, mais en pensant plus au championnat, qui est notre priorité. On était déjà très contents d’être arrivés aussi loin. Et on avait conscience qu’on jouait contre une machine. Si le Club n’est pas champion cette saison, ce sera un échec.

Olivier Werner (29 ans) est le gardien du Cercle depuis cette saison après être passé comme pro au Standard, à Mons, à Virton, à Malines, au Brussels, à Eupen et de nouveau à Mons.

PAR PIERRE DANVOYE

Olivier Werner –  » Au Brussels, à Eupen, à Mons, j’ai souvent joué avec le couteau sur la gorge. Au Cercle, il y a aussi la pression du maintien mais on sent que le club est habitué à gérer. « 

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