Olivier Guillou

1. Tu t’appelles Guillou et tu travailles avec des jeunes, donc tu t’exposes forcément à des comparaisons avec ton oncle Jean-Marc. Ce n’est pas parfois pesant ?

C’est plus facile de s’appeler Guillou que Landru (ndlr, célèbre tueur en séries français), non ? (Il rigole). C’est plus facile d’être lié à une personne dont les compétences sont reconnues qu’à un type qui fait la une des faits divers. Qu’on nous associe souvent, quoi de plus normal ? On bosse ensemble depuis 1989. On a commencé en créant une société qui faisait de l’analyse de matches, on a notamment été sollicités par Arsène Wenger qui était à Monaco. Mon oncle est ensuite parti en Côte-d’Ivoire pour y ouvrir une académie et je l’y ai rejoint. Après ça, j’ai travaillé avec lui à Madagascar, en Algérie, en France puis en Belgique, à l’académie de Tongerlo.

2. Il fallait être un peu fou pour accepter de reprendre le Lierse deux jours avant un match contre le Standard, au milieu de supporters déchaînés, avec des joueurs mécontents d’avoir été envoyés dans le noyau B, une presse très négative et un président qui était à nouveau le grand absent dans cette crise.

(Il rigole encore). Pour être entraîneur de foot, il faut déjà être un peu tête brûlée au départ. Si tu reprends une équipe malade, c’est compliqué. Si tu prends une équipe du haut du tableau, c’est délicat aussi parce qu’on te demande de faire des gros résultats. C’était peut-être suicidaire d’accepter un club qui restait sur un bilan pareil mais je ne pouvais pas faire pire. Le président a décidé de faire confiance à des jeunes de l’académie, c’était donc logique de désigner un entraîneur de cette académie.

3. Comment fait-on pour expliquer à un ancien champion du monde qu’il n’est pas assez bon pour jouer dans la moins bonne équipe du championnat de Belgique ?

Ouais… Sur les derniers matches, je n’ai pas l’impression que le Lierse soit la moins bonne équipe… Et pour ce qui est de Capdevila, on a ici un gars intelligent, qui prend du recul. Un joueur obtus dirait que son palmarès lui donne le droit d’être titulaire. Il n’est pas comme ça. Il voit qu’on a des jeunes qui ont des qualités, il comprend que c’est difficile d’enchaîner des matches à son âge et il joue parfaitement son rôle de tuteur du vestiaire.

4. Le Lierse a battu deux fois le Cercle en phase classique. Pour vous, c’est le meilleur adversaire possible en PO3 ?

Ça peut nous donner un avantage psychologique. On a aussi des certitudes sur la qualité de notre jeu. Autre chose qui parle pour nous : je n’ose pas m’imaginer dans la tête des joueurs du Cercle après leur défaite dramatique contre Malines, ça a dû être vraiment terrible de tout perdre en cinq minutes. A côté de ça, ils ont des atouts. Ils partent quand même avec trois points d’avance et s’il y a cinq matches, ils en joueront trois chez eux. Je vois aussi qu’ils ont changé d’entraîneur. Dennis van Wijk n’a pas assisté au traumatisme contre Malines, il n’est pas dans la déception mais arrive avec son euphorie, il va peut-être remettre les têtes à l’endroit. Tout ça mis ensemble, je dirais que c’est du 50/50.

5. Il y a parfois près de 10 joueurs formés à l’académie sur la feuille de match. Rien que pour ça, le Lierse mérite de rester en D1 ?

On ne mérite de se maintenir que si on joue bien au foot et si on se montre plus fort que ses adversaires. Choisir des jeunes formés ici, c’est un choix, on pourrait l’encourager. Mais des clubs qui ont une politique complètement différente ont aussi leurs mérites. Chacun fait comme il le sent, personne ne triche.

Olivier Guillou (51 ans) a fait l’essentiel de sa carrière d’entraîneur aux côtés de son oncle Jean-Marc, notamment dans ses académies en Côte-d’Ivoire, à Madagascar et en Algérie. Il travaillait dans l’académie belge (à Tongerlo) qui a un accord avec le Lierse quand ce club l’a nommé T1 à la fin du mois de janvier.

PAR PIERRE DANVOYE

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