Objectif 2006

Bruno Govers

Le prochain Mondial sera-t-il enfin le bon pour le médian du RSCA ?

Le 18 janvier dernier, à l’Antwerp, Walter Baseggio (25 ans) atteignait le cap des 200 matches de D1. Plus tôt dans la saison, le 25 novembre 2003 pour être tout à fait précis, le demi anderlechtois célébrait face à l’Olympique Lyonnais sa 50e rencontre européenne pour ses couleurs. C’est dire qu’il a déjà bien mérité de son club à un stade aussi précoce de sa carrière.

Mais Walt n’excipe pas des mêmes chiffres flatteurs sous la vareuse de l’équipe nationale. A l’occasion de la joute amicale entre la Mannschaft et les Diables Rouges, ce soir, à Cologne, le Clabecquois devrait normalement honorer sa 23e cap. C’est très peu en regard de son compagnon d’âge Emile Mpenza qui, lui, en sera à cette occasion à sa 44e participation au sein de notre formation représentative.

Walter Baseggio : Un total de 200 parties en l’espace de huit années professionnelles, voilà qui équivaut à une moyenne de 25 par saison. Et même davantage, vu qu’au cours de mes deux premières campagnes sous la direction du coach Johan Boskamp, j’avais été réserviste plus souvent qu’à mon tour au Parc Astrid. De même, 50 confrontations sur la scène européenne, dans un laps de temps similaire, représentent un average de six et des poussières. Voire plus, pour des raisons identiques. Si, à la lueur de ces données, j’ai manifestement été verni avec le Sporting, en revanche, la poisse s’est souvent abattue sur moi en sélection. Pour cause de blessure, j’ai ainsi été privé de participation à la phase finale de l’EURO 2000 ainsi qu’à la Coupe du Monde 2002 au Japon et en Corée. Emile Mpenza, avec sa musculature de pur-sang, a sans doute loupé un plus grand nombre de rendez-vous que moi, tant en compétition nationale que sur la scène européenne. Mais il a toujours bénéficié d’un généreux coup de pouce du destin en étant chaque fois fit and well lors des apothéoses des grands tournois. C’est ce qui explique pourquoi, par rapport à moi, il compte près du double de présences chez les Diables Rouges.

Où en seriez-vous aujourd’hui si vous aviez pu participer à ces deux événements majeurs ?

Je ne prétends pas que je jouerais chez un ténor du football italien, aujourd’hui. Mais mon épanouissement aurait probablement subi un coup d’accélérateur. Quand je vois la manière dont j’ai étoffé mon registre grâce à mes apparitions en Ligue des Champions ces dernières années, je me dis que je serais plus fort encore si j’avais eu l’opportunité, comme d’autres, de me mesurer aux meilleurs footballeurs turcs ou brésiliens, pour ne citer que ces deux exemples. Ce n’est que dans un contexte pareil qu’un joueur, quel qu’il soit, est susceptible d’élever le niveau de son jeu. Si j’ai acquis une autre dimension au fil des ans, c’est grâce à des matches contre le Real Madrid, Manchester United, ainsi que les grands du Calcio que sont la Lazio et l’AS Roma, entre autres. Cette saison, ce n’est sûrement pas un hasard non plus si mes meilleurs matches, je les ai livrés en Ligue des Champions contre le Celtic Glasgow et l’Olympique Lyonnais. En raison du pressing de l’adversaire, je suis toujours obligé d’agir vite dans ces circonstances. Et je me suis déjà souvent surpris à jouer mieux en un temps qu’en deux touches de balle, comme il en va fréquemment en championnat. Si cela ne tenait qu’à moi, j’aimerais rencontrer un caïd chaque semaine.

Philippe Clement : le complément idéal

Est-ce que nous nous trompons en affirmant que sous la livrée des Diables Rouges, vous n’avez pas encore reproduit les mêmes prestations étincelantes qu’avec Anderlecht en Ligue des Champions ?

Je le concède mais j’ai des circonstances atténuantes à faire valoir. Tout d’abord, la tâche est différente selon que l’on affronte le Celtic Glasgow et l’Olympique Lyonnais ou la Bulgarie et la Croatie. D’un côté, on a affaire à des équipes qui jouent crânement leur chance, convaincues qu’elles sont capables de grappiller une partie de l’enjeu face à une formation anderlechtoise qui, au moment du tirage au sort, faisait partie de la quatrième et dernière urne, ne l’oublions pas. Autrement dit, celle des équipes les moins huppées. Dans ces conditions, malgré l’intensité des échanges, il y a des espaces. Et c’est tout profit pour quelqu’un comme moi, qui tire sa force de sa capacité à alerter un partenaire au prix d’un service long. Chez les Diables Rouges, c’est différent. A ce niveau, l’opposition brigue le plus souvent un seul et maigre petit point et verrouille absolument tout derrière. Il n’est alors jamais très simple de trouver la parade. De plus, contrairement à ce qui se passe au Sporting, où Yves Vanderhaeghe et Besnik Hasi se sont relayés à mes côtés ces dernières années, j’ai été associé à bon nombre de joueurs en sélection : non seulement Yves Vanderhaeghe mais également Marc Wilmots, Johan Walem, Timmy Simons, Gaby Mudingayi et, à présent, Philippe Clement. Ces nombreux changements n’ont pas toujours contribué à une assise idéale. Mais il y a sans conteste un mieux depuis qu’Aimé Anthuenis, a choisi de titulariser Timmy dans l’arrière-garde, tout en plaçant Clement à mes côtés. Phil, je le sens bien. On se complète à merveille, dans la mesure où il est plus physique que moi, alors que ma technique est plus affûtée que la sienne.

Votre compteur personnel indique invariablement une dizaine de buts ces dernières années au RSCA. Avec l’équipe belge, vous n’en avez inscrit qu’un seul jusqu’ici : contre Saint-Marin lors d’un succès historique dans les chiffres : 10-1. A quoi attribuez-vous cette faible production ?

A Anderlecht, j’ai toujours occupé une position plus avancée que celui qui m’épaule, que ce soit Vanderhaeghe ou Hasi. En sélection, par contre, j’évolue sur la même ligne que Clement et il nous incombe de rester dans notre zone. Dès lors, les impulsions offensives et les incursions dans les lignes ennemies sont beaucoup plus limitées, pour moi. En réalité, l’approvisionnement chez les Diables Rouges est l’affaire des flancs ou de Thomas Buffel, qui évolue régulièrement en léger décrochage de l’homme de pointe. Somme toute, il n’y a que quand Anderlecht joue en 3-5-2, avec Pär Zetterberg ou Oleg Iachtchouk en soutien d’attaque, que je joue au RSCA de la même manière qu’en sélection. Car à ce moment-là, j’opère vraiment au côté de Hasi.

Patrick Vieira : la classe et la casse

Quels souvenirs avez-vous gardés de votre dernière sélection contre la France ?

Lors de cette rencontre, j’ai pu mesurer la différence entre la Belgique, 16e au classement de la FIFA et notre adversaire qui, lui, se situe aux premières loges. Chaque fois que l’équipe de France a passé la surmultipliée, nous avons eu mal. En revanche, lors de nos propres initiatives, nous nous sommes cassé les dents sur les Tricolores. Personnellement, j’ai été fortement impressionné par le comportement de Patrick Vieira, qui évoluait sur la même portion de terrain que moi. Le médian d’Arsenal respire la grande classe balle au pied. Mais quand le besoin s’en fait sentir, il n’hésite jamais à mettre le pied. Dans ce cas, c’est la grande casse (il rit). Mes jambes en savent quelque chose car il m’a matraqué à plusieurs reprises. Ce qui m’a sidéré, non seulement chez lui mes aussi chez ses partenaires, c’est justement cette brutalité alliée à une technique extraordinaire. Dans ce match-là, j’ai appris dix fois plus qu’à l’occasion de Belgique-Estonie, croyez-moi. Et il ne devrait pas en aller autrement ce mercredi contre cet autre adversaire de premier ordre qu’est l’Allemagne.

Qu’attendez-vous de cette rencontre ?

J’espère qu’elle constituera un avant-goût de ce qui nous attendra dans deux ans en Coupe du Monde. Pour avoir toujours été sevré de phases finales jusqu’ici, tant en ce qui concerne l’EURO que le Mondial, je rêve évidemment de répondre enfin présent à un rendez-vous majeur avec les Diables Rouges en 2006. Ce ne sera pas une mince affaire car l’Espagne est indiscutablement favorite dans notre poule qualificative. Mais nous ne devons sûrement pas craindre les autres équipes. Je ne suis pas mécontent du tout que dans l’optique de ces qualifications, l’Union Belge ait opté pour des sparring-partners de choix avec la France, l’Allemagne et, bientôt, la Turquie. Après avoir rencontré Vieira sur ma route, tout porte à croire que je retrouverai cette fois Michael Ballack, à qui j’avais donné la réplique lors du double affrontement contre le Bayern Munich en Ligue des Champions cette saison. A l’époque, le stratège des Bavarois cherchait encore la bonne forme. Depuis lors, il est cependant monté en puissance. Tant mieux car j’aime me frotter aux meilleurs. A 25 ans, je suis évidemment encore loin d’avoir atteint mon sommet.

Bruno Govers

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