Numéro spécial anniversaire – Chapitre 2 – Les étapes 1992

La passion selon Saint-Jacques

A la faveur de la publication de ses Mémoires ( » L’Equipée Belle « ), le patron du quotidien sportif français L’Equipe, Jacques Goddet, 86 ans, revient sur les grands moments de sa carrière et sur ceux qui ont fait le sport au 20e siècle.

Jacques Goddet :  » Pour moi, dans les confins de ma conscience, le champion du siècle, c’était, ce sera et restera Jesse Owens. C’est-à-dire l’athlète sublimé par sa rencontre avec l’Histoire. Les performances continueront à s’améliorer, l’espèce produira de nouveaux phénomènes. Mais la quadruple victoire de la Flèche noire perforant les événements de 1936, à Berlin même, c’est une circonstance qui fera partie de la légende des nouveaux millénaires  » (…)

 » J’ai vénéré le football, je l’adore encore. Mais c’est un enfant malade du sport. Je souhaite très vivement que les plus grands médecins se réunissent dare-dare à son chevet. Les structures, la compétition et les enjeux se portent bien (…) mais c’est le jeu et tout son développement actuel qui m’inquiètent (…) Il est devenu tout à fait stérile. Les scores ne cessent de s’appauvrir. Il faudrait changer certaines règles pour redonner au football toutes ces caractéristiques qui sont superbes « .

 » Il y a deux noms exceptionnels dans l’histoire du cyclisme : Eddy Merckx et Fausto Coppi. Ils sont tous deux au-dessus du lot (…) Peut-être parce que j’étais plus jeune à l’époque de Coppi, Fausto m’a plus marqué qu’Eddy. Il me semblait plus exceptionnel du point de vue de sa morphologie. Eddy était un athlète superbe, Fausto était un être étrange, surnaturel, beau avant tout sur son vélo avec ses longues jambes, haut perché sur sa selle. Eddy Merckx était normal dans sa plénitude « .

-Sport 90 N° 5, 5 février, Pierre Bilic

Standard-Waterschei, 10 ans après

Le 8 mai 1982, trois jours avant de jouer la finale de la Coupe des Coupes au Camp Nou, contre le FC Barcelone (2-1 pour les Espagnols) le Standard s’apprête à conquérir le septième écusson national de son histoire face à Waterschei. Les Limbourgeois étaient d’accord, en échange d’une petite récompense financière, de ménager les tibias liégeois dans une rencontre qu’ils n’avaient pas les moyens de remporter. Deux ans après, le pot aux roses est découvert et les joueurs punis. Une décennie plus tard, il n’y a plus qu’un seul survivant de  » l’affaire  » à Sclessin.

Gilbert Bodart :  » Ce fut la chance de ma vie. Je suis un sportif et je ne me réjouirai jamais du malheur des autres. J’aurais préféré que mon éclosion se déroule autrement et ça restera un de mes grands regrets. Une tache dans mon palmarès car je possédais l’ambition de m’imposer autrement. La vie est ainsi faite et je n’y peux rien. Michel Preud’homme fut propulsé en équipe fanion à la suite de la blessure de Christian Piot. Cette fois, c’est moi qui ai profité de ses déboires. Comme quoi le malheur des uns fait toujours le bonheur des autres « .

-Sport 90 N° 18, 6 mai, Pierre Bilic

Crise à Anderlecht

Le 26 septembre, à l’occasion de la 8e journée de championnat, Anderlecht est défait 2-5 sur son terrain par Waregem. En 20 années de présidence, jamais Constant Vanden Stock n’avait connu pareille humiliation et il ne se fait pas faute de le dire à ses joueurs. Pour Luka Peruzovic, qui vient d’enfiler le paletot de coach au RSCA, cela commence déjà à sentir le roussi. Quelques semaines plus tard, le Croate est emporté dans la tourmente alors que le Sporting est nanti d’une avance de cinq points sur ses poursuivants au classement.

Marc Degryse :  » Inutile de se voiler la face : nous ne tournons pas rond depuis le début de la saison. Celui qui prétend le contraire est tout simplement aveugle. Le football que nous dispensons ne recueille guère mes faveurs et, de surcroît, je suis quelque peu choqué par certaines critiques ou insinuations que des coéquipiers ont proférées à mon égard par voie de presse. Il m’étonne aussi que ni la direction ni l’entraîneur n’aient jugé bon devoir intervenir à ce propos. Tout le monde adopte visiblement la politique de l’autruche « .

Luka Peruzovic :  » Les déclarations de Degryse ne m’ont pas surpris. Quand un joueur se sent poussé dans ses derniers retranchements, il a souvent l’habitude de tout déballer dans les journaux. En Belgique, du moins. Marc a dit dans la presse qu’il n’était pas facile d’avoir une conversation franche avec moi. Mais il ne l’a jamais sollicitée. Pourtant, ma porte est toujours ouverte « .

-Foot Magazine N° 10, 7 octobre, Bruno Govers

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