Numéro spécial anniversaire Chapitre 2 – Les étapes 1989

e courage de Sljivo

Deux ans et demi plus tôt, le fantastique milieu de terrain du FC Liégeois avait été victime d’un terrible accident de voiture. Sport 90 lui a rendu visite pour un témoignage émouvant sur sa nouvelle vie.

 » Quand j’ouvre mon journal le lundi matin, j’ai toujours la tête qui tourne en découvrant que la route est un véritable champ de bataille où meurent tant de jeunes gens. Effrayant « .

 » Que s’est-il passé le 17 décembre 86, alors que je rentrais chez moi ? J’ai perdu le contrôle de ma voiture sur l’autoroute, mais personne ne pourra jamais expliquer les causes exactes de cet accident. J’étais, je crois, un très bon pilote. Quand je jouais à Cologne, je me déplaçais quotidiennement avec ma voiture entre Liège et l’Allemagne. C’est vrai, je le faisais en général à grande vitesse, mais cela n’a pas de rapport avec mon accident. A vrai dire, je ne me souviens de rien de très précis. Quand je me suis réveillé, j’ai vite vu que la situation était dramatiquement compliquée. J’étais incapable de bouger le moindre membre. On craignait pour ma vie. Je me suis accroché en pensant à mes deux filles. Je ne voulais pas les laisser seules. J’entendais vivre, être à leurs côtés « .

 » J’ai failli devenir fou à l’hôpital. On n’imagine pas à quel point un homme peut souffrir. Mais, alors que j’étais condamné à la paralysie totale, je vois désormais le bout du tunnel avec précision. Certains ont entendu parler de mes progrès. Ils me demandent de leur rendre visite, de leur expliquer mon combat « .

 » J’ai discuté avec quelques blessés de la route à Liège. Je veux leur communiquer mon enthousiasme. Un homme qui y croit, c’est un homme qui a des atouts importants pour combattre le mal. Je me suis rendu chez André Malherbe, alors qu’il était encore hospitalisé à Namur. Lui aussi se bat de façon remarquable « .

-Sport 90 N° 21, 24 mai 1989, Pierre Bilic

Raimundo à Bordeaux

Un reportage avec Raymond Goethals, c’était la garantie de recueillir des anecdotes savoureuses. Cette saison-là, le Magicien était l’entraîneur des Girondins de Bordeaux.

Enzo Scifo est un des problèmes dont Goethals dut s’occuper pendant quelque temps à Bordeaux. Le magicien est un peu triste quand il parle du talentueux Belgo-Sicilien.

 » Enzo a été victime de son éducation et la responsabilité en incombe aussi bien à son père qu’à Anderlecht. Le père Scifo a indisposé les gens en arrivant ici en Mercedes 500, alors qu’eux osent à peine sortir avec une grosse Peugeot ou en Renault. Le président Couécou et moi-même roulons en Opel. Mais bon, le garçon n’y peut rien, car il est brave « .

Quand on demande à Goethals ce qu’il pourra espérer quand il aura terminé ses deux ans de contrat à Bordeaux, il lance les bras au ciel.  » Vivrons-nous encore ? J’ai déjà 68 ans « . (…)  » Il y a peu, Constant Vanden Stock m’a téléphoné pour que je l’aide à obtenir quelques coffrets de vin. Je l’ai averti que le Margaux et le Mouton Rotschild lui coûteraient au moins 250 francs français la bouteille. Il m’a répondu : – Goethals, si c’est vrai, j’achète tout le château ! Il s’agissait de vin de 1989 qui serait seulement livré en 1991 et qui ne pourrait être bu que beaucoup plus tard. Je lui ai répondu que nous serions tous les deux morts à ce moment, mais il m’a encore répondu : – Goethals, ne commence pas, hein ! Et il m’a parlé d’autre chose.

-Sport 90 N° 46, 15 novembre 1989, Mick Michels

Scifo à Auxerre

Si Raymond Goethals est à Bordeaux, Enzo Scifo, lui, est à Auxerre. Où il trouve en Guy Roux un entraîneur qui le marquera à vie.

La critique du duo Couécou-Goethals est la seule note discordante sur Scifo dans le foot français. Pour le reste, que des compliments très appuyés sur ses performances avec Auxerre. Pure logique, puisque le club bourguignon n’avait jamais franchi, jusqu’à présent, un seul tour européen. Et le voici en quarts de finale, avec Enzo comme deuxième buteur UEFA.

 » Quand je suis arrivé, le club était sur le point d’être éliminé sur une défaite contre Dinamo Zagreb, mais on est allé gagner 1-3 là-bas. Je dois énormément à Auxerre et à Guy Roux. Ils m’ont redonné confiance après ces années difficiles à l’Inter et à Bordeaux. Guy Roux me considère un peu comme son poulain. Au début, en m’engageant pour deux ans, il m’a dit qu’à Auxerre je redeviendrais tellement bon que le club ne pourrait pas me garder. Cela s’appelle stimuler un joueur « .

-Sport 90 N° 51, 20 décembre 1989, Henry Guldemont

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