Numéro spécial anniversaire Chapitre 2 – Les étapes – 1986

cifo : déjà la polémique

On est à cinq mois d’une Coupe du Monde historique pour les Diables Rouges. On est aussi, comme chaque année, dans l’attente de la divulgation du nouveau Soulier d’Or. Le point avec le lauréat précédent, un certain Enzo Scifo, élu à 18 ans.

Le Scif est d’accord : cette courte, intense et un peu folle période de son adolescence, on pourrait la fractionner en deux parties : avant et après le Soulier d’Or. Une première tranche euphorique et sans soucis malgré quelques premières déceptions sur la pelouse (France-Belgique 5-0 à Nantes, Real Madrid-Anderlecht 6-1) et une deuxième tranche beaucoup plus dure au cours de laquelle, souvent critiqué, Enzo perdit confiance.

 » Après mon Soulier d’Or, j’ai eu très vite cette impression qu’on attendait un peu trop de moi. Il me semble qu’on me demande toujours plus qu’aux autres. Lorsque je joue simplement au même niveau, ce n’est pas assez. La presse, surtout, m’a fait très mal. Et je ne parle que des journaux francophones, parce que les autres, je ne les lis pas. Ce que j’ai lu ces derniers mois m’a souvent sapé le moral. On perdait ? La faute à Scifo. Invisible Scifo, trop lent Scifo « .

-Sport Magazine N° 28, janvier 1986, Henry Guldemont

Une journée avec Sanchez

Deux mois avant la Coupe du Monde mexicaine, une journée à Madrid avec le goleador mexicain du Real : Hugo Sanchez.

Universitaire et dentiste diplômé, Hugo Sanchez parle l’anglais comme beaucoup de ses compatriotes d’un certain niveau. (…) Quand il marque un but, il lui arrive de faire trois ou quatre cabrioles comme au cirque. Ancien gymnaste, il explique :  » Le but, c’est le moment de grâce dans un match. Je ne sais pas ce qui se passe en moi à ce moment. J’éclate, je fais des bonds « .

Il m’explique ça pendant qu’on roule dans sa Mercedes rouge 190 E sur les boulevards madrilènes vers le stade Santiago Bernabeu. (…) A chaque feu rouge, Sanchez passe un peigne à très longues dents dans ses abondantes bouclettes. Il soignait son look pour une séance de tournage d’un petit film publicitaire.

-Sport Magazine N° 31, avril 1986, Henry Guldemont

La vie à Toluca

C’est le Mundial. Visite dans la résidence des Diables Rouges.

Au Mexique, c’est connu, on est très riche ou très pauvre. L’hôtel Del Rey, avec patio, gazon arrosé en permanence, piscine, tennis couvert et chambres en fine boiserie, est posé comme un bijou sur un quartier très aride et socialement sous-développé. Des ruelles en terre, des bosses et des creux, des maisons certainement insalubres, et des Mexicains qui peinent.

Pour les retrouver plus joyeux, il faut aller jusqu’au marché indien. Ce serait une excursion à organiser pour nos joueurs, mais le tourisme n’est plus à la mode depuis très longtemps dans les équipes de football. L’hôtel Del Rey est un endroit pour faire la siesta, ce que Jan Ceulemans et cie n’ont pas manqué de faire entre deux séances d’entraînement.

L’hôtel Del Rey est surveillé, devant, derrière et sur les toits, par une quarantaine de policiers et de militaires, riot gun en bandoulière. Deux ou trois voitures de la policia tournent dans le coin. Plus du personnel non officiel à chaque carrefour des allées de l’hôtel. Il faut se faire à cette ambiance.

Comme depuis le Championnat d’Europe 80, en Italie, la délégation belge a son propre service de protection, loué à la firme Securitas. Les quatre agents tournent en souplesse dans l’hôtel en training.

L’équipe irakienne, adversaire des Diables Rouges, est inabordable. Elle se méfie de tout, et le service d’ordre craint une éventuelle tentative d’attentat des terroristes iraniens.

-Sport Magazine N° 33, juin 1986, Henry Guldemont

Mexico : olé, olé, olé

Jan Ceulemans, le capitaine des Diables, revient sur la formidable campagne mexicaine, et notamment sur le match d’anthologie entre la Belgique et l’URSS (4-3).

 » J’ai été surpris que nous étions finalement les meilleurs dans les prolongations. L’équipe venait tout juste d’être renouvelée contre le Paraguay, avec les retours de Grün et de Renquin, et l’introduction de Veyt et de Vervoort. Cela n’avait pas mal donné du tout pour les Paraguayens. Mais de là à battre les Russes… Nous y avons pourtant réussi et c’est là que j’ai senti qu’une nouvelle équipe de qualité venait peut-être de se manifester « .

-Sport Magazine N° 34, juillet 1986, Henry Guldemont

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